UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Chronologie des évènements

Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)

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Début du XIXème siecle

Pour l’heure, la Champagne est avant tout un pays de vins rouges tranquilles, dont quelques grands crus ont conservé une bonne notoriété : Bouzy, Ambonnay, Verzenay, Verzy, Aï, etc.

D’après la Topographie de tous les vignobles connus d’André Jullien, « les vignobles du département de la Marne sont les seuls qui fournissent ce vin fameux ». Encore serait-il plus juste de dire que ce sont ceux situés dans la vallée de la Marne et sur la Côte de l’Île-de-France.

On commence par faire appel à des crus de la périphérie du département, dans les régions de Vitry-le-François et de Sézanne. Puis, on achète dans le reste de la Champagne, dans la Haute-Marne, dans l’Aisne et surtout dans l’Aube.

Dans beaucoup de vignobles de France, à l’époque, la vigne a le même aspect qu’aujourd’hui, caractérisé par des rangées régulières de ceps, palissés ou non. Mais cette « vigne en lignes » ne se trouve en Champagne qu’aux environs de Sézanne, dans l’arrondissement de Vitry-le-François et dans le Nord de celui de Reims.

Dans le reste de la province, la « vigne en foule » présente avec ses ceps en désordre une apparence très particulière, déroutante pour qui est accoutumé aux vignobles dont les lignes sont tirées au cordeau. En réalité, pour établir la vigne en foule, on plante en rangs réguliers espacés de 0,80 m à 1 m, puis on pratique ensuite deux opérations qui vont détruire petit à petit cette belle ordonnance : le « provignage » et l’ « assiselage ».

Lorsque provignage et assiselage ont été pratiqués pendant plusieurs années, le vignoble est partout en foule et porte jusqu’à 50.000 pieds à l’hectare.

Voici la physionomie la plus vraisemblable de l’ampélographie champenoise du XIXème siècle, telle qu’elle ressort des ouvrages des spécialistes de l’époque :

- en ce qui concerne les raisins blancs de qualité, on trouve des variétés du pinot blanc des grands crus de Bourgogne, l’ancien morillon blanc. Ce sont, dans la Marne, les « petit blanc », « blanc doré », « gros blanc », « épinette » (ou « épinette blanche ») et « beaunois » ; dans l’Aisne le « bon blanc » et le « bargeois » ; dans l’Aube l’ « arboisier » et le «  beaunois ».

Il existe localement, dans toute l’étendue de la Champagne, quelques autres bons cépages blancs, tels que dans la région de Venteuil le « petit meslier », dans la Marne, le « chasselas dur », connu aussi comme « chasselas blanc » ou « Bar-sur-Aube ». Dans l’Aube, ce dernier est parfois appelé à tort « muscat blanc » ; il voisine aves le « françois blanc » et surtout l’ « arbanne » ou « arbane », « raisin blanc donnant de jolis vins secs et mousseux » aux dires du Dr Jules Guyot. Ce cépage déjà présent au XVIème siècle dans l’Aube, existe aussi au XIXème siècle dans la région d’Épernay et dans l’Aisne sous le nom de « vert blanc ».

- pour les vins blancs de seconde qualité, on utilise principalement le « gros plant », les diverses variétés de « gouais blanc » ou « marmot », le « gamay » ou « gamet blanc », le «  plant verdilasse », le « Languedoc blanc » ; dans l’Aube le « peurion », encore appelé «  pleurichon », « milleron », « Troyen blanc ».

- dans le domaine des raisins noirs, le grand cépage est sans conteste le « pinot noir, l’ancien « morillon noir », appelé parfois « noirien » et, dans l’Aisne, « bon noir ». C’est lui qui forme le fond des « grands crus » de noirs. Analogue à celui de Bourgogne, le pinot noir est présent en Champagne en plusieurs variétés, que l’on peut pour la plupart d’entre elles faire entrer dans deux catégories, les «  plants dorés », donnant les meilleurs vins, et les plants gris ».

Dans le groupe des plants dorés figure le « petit plant doré », le plus renommé, appelé aussi « petit plant doré d’Aÿ », «  qui charge peu mais donne le vin le plus fin » et dont il existe près d’Épernay une variété appelée « demi-plant noir » ; on rencontre également, surtout dans la Montagne de Reims, le « rouge doré ». L’un et l’autre sont progressivement remplacés par d’autres variétés plus productives, mais toujours d’excellente qualité, le « gros plant doré noir d’Aÿ », puis le « vert doré ».

Au nombre des plants gris, il faut citer le « petit plant gris », qui donne des vins légers et parfumés, et le « gros plant gris », plus productif et moins fin ; il faut se garder de les confondre avec le pinot gris, dont il sera parlé plus loin.

Il existe localement des pinots noirs ne rentrant dans aucune des deux catégories précitées. C’est le cas du « plant d’Ecueil », du « plant de Trépail », et surtout du « plant de Vertus », qui s’est propagé dans la Montagne de Reims à la fin du siècle précédent. Les vignobles de l’Aube, pour leurs raisins noirs, sont toujours fidèles aux divers pinots de Bourgogne, dont les plus renommés s’appellent localement « pinot noir fin », « pineau rouge », et « pineau franc » ou « gamery ».

On ne trouve plus guère de « pinot gris vrai », le « fromenteau » des siècles passés, sauf dans l’Aube, où il s’appelle le « fromenté violet » ou « fromenté rose ». Alors qu’il se répand en Alsace sous l’appellation régionale « tokay », les négociants champenois s’en désintéressent, préférant pour leurs assemblages des raisins ou tout noirs ou tout blancs, et on peut regretter la quasi-disparition de cet excellent cépage qui avait tant fait pour le renom des vins de la Champagne.

- les raisins noirs utilisés pour les vins ordinaires proviennent de plants plus ou moins grossiers, dont la gamme est extrêmement large. On y trouve notamment le « teinturier », encore appelé « noiraut » ou «  Alicante », utilisé pour renforcer la couleur des vins rouges, l’ « enfumé noir », le «  chasselas rouge », connu aussi sous le nom de « muscat rouge », le « gouais noir », le « gamay » ou « gamet ». Dans l’Aube, on rencontre le « François noir », le « Troyen noir », le « bachet », le « beaunoir » et le «  samoreau ». Dans cette multitude, deux cépages noirs méritent cependant d’être traités à part car, tout en n’étant pas de premier ordre, ils donnent des raisins utilisés pour faire du vin de Champagne, ce sont le « meunier » et le « gouais ».

Le meunier est connu de longue date en Champagne, c’est l’ancien « morillon taconné ». il se propagera tout au long du XIXème siècle, en raison de sa rusticité et de sa bonne productivité, et ira jusqu’au supplanter les Pinots noirs dans certains bons crus de la Marne et à couvrir les trois quarts des vignobles de l’Aisne.

Le gouais, le blanc comme le noir, est merveilleusement robuste et prolifique, mais sa qualité est déplorable. Au début du siècle, André Jullien note dans sa Topographie de tous les vignobles connus qu’en Champagne «  les vignerons plantent du gouais blanc, qu’ils nomment marmot, et dont ils n’emploient ordinairement le fruit qu’à la fabrication des vins destinés à leur propre consommation : ceux surtout qui cultivent des cantons en réputation ne vendent jamais le produit de ces raisins, pour ne pas compromettre l’honneur de leur cru ». Il n’en est malheureusement plus ainsi dans la seconde partie du siècle. On se met à commercialiser le vin de gouais, qui fait même l’objet de transactions frauduleuses et risque donc de se retrouver dans les assmblages utilisés pour faire du vin mousseux de Champagne. L’invasion du phylloxera va donner un nouvel essor à son encépagement, car le vigneron pense qu’il sera plus résistant au dangereux insecte...

Comme au siècle précédent, mais dans une plus large mesure, le rendement varie en fonction du choix des cépages, d’une part, des apports de terres et d’engrais, d’autre part.

La vigne produit bon an, mal an, 10 hl/ha pour les vins de qualité, 20 hl/ha pour les vins ordinaires.

Dans la première moitié du siècle, le vigneron fait généralement le vin et le cède ensuite aux négociants.

Les pressoirs sont pour la plupart, comme au XVIIIème siècle, du type « étiquet », ronds ou carrés, d’une contenance de 4.000 kg de raisins ; on les appelle « pressoirs verticaux ».

La maison Moët & Chandon dispose d’un grand livre de comptes in-folio où l’on retrouve parmi les clients célèbres, Bonaparte, Premier consul, Madame Mère, Joséphine, etc.

Deux nouvelles catégories d’intermédiaires se développent : les commis-voyageurs, qui prospectent les marchés, et les agents, qui y représentent une Maison de Champagne.

Voici la plaisante description qu’en donne Adolphe Ricard dans Les Français peints par eux-mêmes : « Le Champenois commis-voyageur pour les vins du cru n’a rien de commun avec les moeurs à la houzarde des courtiers bourguignons de Bercy. Il dîne chez Véfour. Il a horreur de l’intempérance. Il ne parle de son article que modérément, et il le débite pour l’ordinaire dans les salons, dans les promenades, au foyer de l’Opéra, après une conversation dans laquelle il a mis finement sur le tapis les vertus du vin de Champagne mousseux ; il termine toujours l’entretien en disant d’un air innocent : « Je vous en adresserai une caisse ; mais, de grâce, ne vous croyez engagé à rien quand vous l’aurez reçue. » En parlant ainsi, il boutonne ses gants blancs, ou il joue avec son lorgnon ; puis laissant là le vin d’Aï, il vous parle des chevaux de Lord Seymour, ou des eaux minérales de Bagnères ».

Histoire des Vins de Champagne
Révolution

1760 - 1792

Claude-Louis-Nicolas Moët succède à son père à la tête de la maison Moët. Il y poursuit l’œuvre entreprise, fortifie les ventes de ses vins vers les marchés belge et allemand, les élargit vers l’Espagne, la Pologne et la Russie et prend l’initiative novatrice d’envoyer des échantillons un peu partout de l’autre côté de la Manche, ce qui prouve son esprit pratique, son ouverture commerciale et déjà un certain sens de la promotion.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1750 - 1760

Les expéditions de vins de Champagne de la maison Moët oscillent entre 19.000 et 69.000 bouteilles par an.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1746

La maison Moët expédie à elle seule 50.000 bouteilles de vins de Champagne : un record.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières