UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Histoire du champagne

Le marché français

En 1983, avec un marché de près de 110 millions de bouteilles1, en provenance du Négoce et du Vignoble respectivement pour 51,9 % et 48,1 %, la France se taillait la part du lion dans la consommation du champagne puisqu’elle absorbait 70% des expéditions. Cela représentait un peu plus de deux bouteilles par habitant et par an, bébés compris, mais il est vrai que beaucoup de champagne est bu lors des baptêmes comme d’ailleurs à l’occasion de toute fête familiale : d’après une enquête ETMAR de 1975, 79 % des personnes interrogées jugaient le champagne indispensable au baptême (pour le mariage et la communion les chiffres étaient respectivement 87 % et 75 %). On peut trouver cette proportion faible à côté de celle de la consommation de la bière... 46 litres ! Mais il est plus intéressant de se rappeler qu’en 1880 le Français buvait moins de un dixième de bouteille de champagne par an, ce qui montre bien le chemin parcouru en cent ans.
Comme on l’a vu, les expéditions sur le marché français ont presque quadruplé en vingt ans. Ce beau résultat est dû aux efforts commerciaux des Champenois mais aussi, et principalement, à la progression du niveau de vie des Français. En voyant s’accroître leurs moyens, beaucoup d’entre eux ont eu le sentiment d’accéder à un statut plus élevé dont fait partie l’habitude de boire de temps en temps du champagne. Le champ des consommateurs s’en est trouvé élargi en âges et en positions sociales. Les tranches des 20 à 24 ans ont progressé de 7 % entre 1967 et 1975. Dans le même temps, les ouvriers ont gagné près de 10 % et les agriculteurs, autrefois en retard, 42 %, ce qui les a rapprochés nettement des ouvriers, dont 76 % semblent être des buveurs de champagne, au moins occasionnels2.
Les consommateurs se répartissent comme suit en fonction de l’importance de leurs achats (chiffres de 1975). Un groupe, celui des gros consommateurs se procurant plus de 20 bouteilles par an, rassemble 18,9 % des buveurs et s’attribue à lui seul 58,4 % du marché ; son niveau social est élevé dans l’ensemble, mais on y trouve des employés et des ouvriers. Ce sont tous des inconditionnels du champagne. A l’opposé, il existe un groupe de consommateurs accidentels, avec 21,2 % des buveurs, dont les achats sont quasi nuls car ils prennent généralement le champagne à titre d’invités. Entre ces deux groupes on trouve 59,9 % de consommateurs moyens ou occasionnels, achetant un maximum annuel de six bouteilles ; ce troisième groupe est composé surtout d’employés, d’ouvriers et -d’inactifs. La moitié des consommateurs achètent leur champagne pour le mettre en réserve afin de l’avoir disponible en cas de besoin, et c’est une tendance qui se développe car dans les armées soixante moins de 40 % agissaient ainsi. A cette évolution correspond une propension à acheter le champagne par cartons plutôt que bouteille par bouteille.