UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Vendanges, de 2001 à nos jours

2008 - Des raisins attendus de tous

La vendange est le point d’arrivée de l’année viticole. Elle mène à son terme une année d’efforts, de craintes, d’espoirs. 2008 en est une parfaite illustration : une météo globalement incertaine et fraîche pendant la campagne puis le retour providentiel du soleil à la vendange.

Retour sur l’année viticole.

Scepticisme à la floraison


La montre 2008 prévue par les modèles Decliq en 2007 était annoncée belle. Au printemps, c’est néanmoins une légère déception qui prévaut. Prévue aux alentours de 16 grappes/m2, la sortie de grappes apparaît moyenne pour les cépages chardonnay et pinot noir (12,5 grappes/m2). Mais rien d’inquiétant en fait, car chacun sait que la floraison reste déterminante. En revanche, pour le meunier (9,5 grappes/m2), la situation est bien loin d’être enthousiasmante. Elle est largement en deçà de la prévision (16 grappes/m2). Difficile de trouver une explication.

L’automne a été frais et sec et l’hiver plutôt doux, avec un régime de précipitations à la hausse à l’approche du printemps. Mais pas d’accident climatique notoire à relever. Peut-être, tout simplement, le besoin de « souffler » (...)

Le printemps humide voit « filer » quelques épaules. Heureusement, la situation sanitaire, tendue au niveau du mildiou, est globalement sous contrôle. Mais des températures momentanément glaciales en juin, alors que les secteurs précoces ont débuté la floraison, sèment le trouble. On redoute alors les accidents de coulure et millerandage. Les estimations de poids de grappes sont prudentes, surtout de la part des vignerons qui voient souvent les meuniers à un « petit » 100 g et les grappes de chardonnay « bien claires ». Début juillet, l’estimation moyenne, du Pôle Technique & Environnement du CIVC fixe le poids de grappe à 135 g. Elle suscite souvent de l’incrédulité. Des sols bien pourvus en eau et des températures favorables sur la deuxième quinzaine de juin, au moment de la nouaison, militent cependant en faveur d’un bon grossissement à venir. La seule incertitude majeure est en fait l’intensité de la coulure et du millerandage.

Des estimations convergentes vers 14 000 kg/ha

Début juillet, le chiffre de 14 300 kg/ha issu des capteurs à pollen, confronté aux comptages et estimations de poids de grappes, amène le Pôle Technique & Environnent du CIVC à proposer le rendement potentiel de 14 000 kg/ha pour la Champagne. Quelques semaines plus tard, fin juillet, l’estimation de la première tournée de l’AVC situe le rendement à 13 073 kg/ha. Les comptages du réseau de suivi de la maturation, débutés en deuxième quinzaine du mois d’août, et le suivi des poids de grappes orientent cette estimation à la hausse. La deuxième tournée de l’AVC, début septembre progresse en effet légèrement, à 13 444 kg/ha.

Puis, à la mi-septembre, (...) les résultats, collectés sur le terrain, montrent que les rendements enregistrés sont proches des estimations, voire en légère hausse. Il faut en fait attendre les derniers jours de cueillette pour constater que les rendements des plus belles vignes compensent ceux des moins productives, souvent les plus âgées.

(...) Au bilan, le volume prévu devrait bien être au rendez-vous... Et la montre 2009 s’annonce flatteuse. Les estimations des modèles Decliq indiquent 16,5 grappes/m2 pour le chardonnay, 15 pour le pinot noir et 15 pour le meunier.

La bonne qualité de l’aoûtement des bois et la bonne fertilité en grappillons des entre-cœurs confortent cette tendance pour 2009.

Le profil analytique des raisins au cours de la maturation 2008

Après quelques années atypiques, soit par leur volume de récolte, soit par leur précocité, 2008 revient dans la norme champenoise, et la période de maturation s’est déroulée de façon assez classique, de mi-août à mi-septembre. Cela n’a pas empêché, comme chaque année, les interrogations au vignoble et les inquiétudes légitimes quand on sait que la climatologie de fin de parcours peut toujours compromettre la récolte.
Les précipitations ont favorisé le grossissement des grappes sans pénaliser l’accumulation des sucres et le retour du soleil à la vendange a permis de récolter des raisins autour de 10 % vol. d’alcool potentiel.

Evolution du réseau Matu

Certaines parcelles du réseau ont été renouvelées suite à des arrachages, d’autres ont été ajoutées dans des secteurs jusqu’à présent peu représentés. Ainsi, pour la campagne 2008 le réseau était constitué de 474 parcelles, reparties sur 194 communes et prélevées deux fois par semaine par 281 vignerons. Les 474 parcelles se composent de 24 % de chardonnay, 43 % de pinot noir et 33 % de meunier, soit à peu de choses près l’encépagement de l’AOC champagne.

Chaque année, c’est la date moyenne de pleine floraison qui permet d’envisager une date probable de début de vendange. En effet, le nombre de jours qui sépare la pleine fleur de la vendange oscille entre 80 et 100, avec une moyenne de 94 jours sur les 10 dernières années. D’après nos réseaux d’observateurs, la date retenue pour la pleine fleur est le 15 juin, ce qui nous amène théoriquement au 17 septembre pour la vendange. Traditionnellement, le suivi de la maturation se fait sur le mois qui précède la cueillette. La plupart des préleveurs du réseau étaient donc fidèles au poste le lundi 18 août.

A cette date, les meuniers, peu chargés cette année, sont déjà à 5,7 % vol. dans l’Aisne, les chardonnays sont en retrait, à 3,8 % vol. ce qui est assez classique. Les pinots en revanche affichent dès le départ une situation très contrastée entre la Marne et l’Aube avec environ 1 degré d’alcool potentiel de différence entre les deux régions. Cet écart, qui se confirme au fil des prélèvements, s’explique par une floraison légèrement plus tardive, une charge en raisin un peu plus généreuse, mais surtout du fait d’abondantes précipitations estivales dans le Barrois. L’eau, bien présente jusqu’à la veille des vendanges, favorise le grossissement des baies, mais en contre partie opère une dilution des sucres qui se traduit par un ralentissement de la progression du degré d’alcool potentiel, mais pas nécessairement de la dynamique de maturation proprement dite !

Afin de mieux apprécier la dynamique de maturation on peut également s’intéresser à la charge en sucres, c’est à dire à son accumulation dans les grappes en quantité et non pas à sa concentration. Compte tenu des données dont nous disposons grâce aux prélèvements du réseau matu, on peut définir un indice de charge en sucres qui est le produit de la concentration en sucre du moût et du poids moyen de la grappe. Comme pour le degré, on peut représenter sous forme d’histogrammes l’évolution hebdomadaire de cet indice. Au-delà les comportements divergent.

Le chardonnay conserve une dynamique de progression importante jusqu’à la fin du suivi à la mi-septembre. Le pinot noir marque le pas dès la première semaine de septembre, mais progresse de façon constante et satisfaisante sur la seconde semaine de septembre. Enfin, le meunier évolue encore bien jusqu’au 8 septembre, mais semble avoir atteint un palier la semaine suivante. Cette analyse confirme ce que l’on observe sur le terrain, où en règle générale chardonnays et pinots se tiennent mieux que les meuniers et méritent, lorsque l’état sanitaire le permet, de ne pas être cueillis avec trop d’empressement.

Comme chaque année, 32 parcelles du réseau sont suivies par le CIVC, et des analyses approfondies sont réalisées afin de dégager les premières tendances qualitatives de l’année. Les deux paramètres remarquables sont, comme en 2007, l’acidité et la teneur en azote.

Après la grisaille de début septembre, les vendanges se sont déroulées dans l’ensemble sous le soleil du 15 septembre au 10 octobre. Le retour providentiel du beau temps a permis de retarder les vendanges de quelques jours dans les secteurs où la maturation était plus lente. Globalement, temps sec et fraîcheur ont permis de rentrer des raisins mûrs et très sains.

Le Vigneron Champenois - N° 10 - Novembre 2008

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