UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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René Héron De Villefosse

Littérature du vin et de la table (1977)

LE VIN DE PARIS

Le 6 novembre 1793, Philippe d’Orléans, prisonnier à la Conciergerie, avant d’être appelé à comparaître devant le fatal tribunal révolutionnaire, reçoit un panier de champagne, apporté par le concierge Lebeau : « Voici, Monsieur Lebeau, le meilleur vin qu’il soit possible de boire. Vous me ferez le plaisir d’en goûter. [...] » Il remplit deux fois le verre du concierge et finit la bouteille en s’exclamant : « Que c’est bon ! » Il ignorait qu’il buvait pour la dernière fois de sa vie !


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Est-il vrai qu’en pleine Révolution, chez Méot, on pouvait se faire masser par des dames expertes dans une baignoire remplie de champagne ?


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On admira la charmante estampe de Gavarni qui se nomme "Au Grand Seize". Il s’agit du cabinet particulier le plus célèbre du Café Anglais, sur les boulevards. C’est un tableau vivant où à demi ivres morts se distinguent plusieurs figurants autour et sur la table, par terre aussi ; femmes échevelées et en pantalon, amants barbus ou non, dans le même état d’ébriété. Hommage au moteur essentiel qui a facilement conduit les acteurs : le champagne, symbolisé par les flûtes encore en mains ou renversées. Il témoigne de l’instant d’euphorie qu’il sait offrir, mieux que la drogue, à ceux qui le prient d’accorder les bienfaits de son pouvoir magique.

Si l’on préfère la verdure, [...] il faut pousser jusque chez Le Doyen, aux ChampsElysées. [...] C’est là que se terminent les duels du Bois de Boulogne. On entend le patron s’écrier : « Monsieur Alexandre Dumas s’est placé à cette même place lors de son dernier duel : un beau duel celuilà, messieurs, [...] il s’est bu six bouteilles de champagne. »

Sans vider des magnums dans les pianos [...], comme on l’attribue à Edouard Pailleron, je me sens moi-même légèrement gris d’avoir longtemps écouté sauter les bouchons et raconté qu’un certain Welby Jourdan était mort à 94 ans, après avoir bu quarante mille bouteilles.

Lorsque Sacha Guitry tournait son "Napoléon", [...] il avait, dans sa voiture, un petit frigidaire et buvait son champagne préféré.

1977
Le Vin de Champagne
Ouvrage collectif