UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Alexandre Dumas (père)

Littérature générale (1836)

KEAN
OU
DÉSORDRE ET GÉNIE
Drame

Kean—Donne-moi quelque chose à boire en attendant.
Peter—De l’ale, du porter ?
Kean—Me prens-tu pour un Flammand, drôle ?... Du vin de Champagne ! [...]
John—[...] (S’approchant de Kean d’un air goguenard). Il paraît qu’il n’y avait pas trop de glace du côté du pôle, beau baleinier. [...] Et que nous convertissons l’huile en vin de Champagne.
(Kean verse du vin dans son verre.)
John (prenant le verre)—Avez-vous demandé le meilleur, au moins ? (Il avale le champagne et repose le verre sur la table.)
Ils se battent à coup de poing. Kean a le dessus.
Le Constable—Voulez-vous me permettre de vous offrir mes compliments, monsieur le marin ?
Kean—Voulez-vous me permettre de vous offrir un verre de vin de Champagne, monsieur le constable ?

1836

UNE FILLE DU RÉGENT

Le régent coupa les fils d’une bouteille de vin de Champagne, et le bruit, que fit le bouchon en sautant, réveilla les dormeuses. [...]

— Voyons, la Souris, dit le régent, est-ce que tu ne le reconnais pas, ce vin ? [...]

— En effet, monseigneur, reprit la Souris après avoir vidé son verre, ce vin me rappelle certain vin que je n’avais encore bu...

— Qu’au Palais-Royal ?

— Ma foi, oui.

1845

JOSEPH BALSAMO

Louis XV arrive chez madame Du Barry.

— Sire, dit la comtesse, en présentant au roi une carafe de vin de Champagne glacé (invention tout à fait nouvelle à cette époque), voici justement une eau puisée au fleuve Léthé.

1850

LA FEMME AU COLLIER DE VELOURS

Alexandre Dumas met fictivement en scène Arsène, danseuse de l’Opéra, amie de Danton, et l’Allemand Hoffmann, l’auteur des célèbres Contes. Ce dernier, amoureux d’Arsène, la rencontre inopinément en 1793, alors qu’elle erre dans la rue, pâle et l’air fantomatique, après, dit-elle, s’être enfuie de la cellule où elle avait été incarcérée après l’arrestation de Danton. Elle porte au cou un collier de velours fermé d’une agrafe de diamants, et il l’invite à souper dans une luxueuse chambre d’hôtel.
Il se mit à table, se versa et but deux ou trois verres de champagne coup sur coup. Alors il lui sembla qu’une légère coloration montait aux yeux d’Arsène. Il lui versa à son tour, et à son tour elle but. [...] A mesure qu’il buvait, à ses yeux du moins, Arsène s’animait, seulement, quand à son tour Arsène vidait son verre, quelques gouttes rosées roulaient sur la partie inférieure du collier de velours sur la poitrine de la danseuse. Hoffmann regardait sans comprendre, puis, sentant quelque chose de terrible et de mystérieux là-dessous, il combattit ses frissons intérieurs en multipliant les tostes qu’il portait aux beaux yeux, à la belle bouche, aux belles mains de la danseuse.
Elle lui faisait raison, buvant autant que lui, et paraissant s’animer, non pas du vin qu’elle buvait, mais du vin que buvait Hoffmann.
Après avoir vidé une seconde bouteille, ils passent la nuit ensemble et le matin Hoffmann s’aperçoit qu’Arsène est morte. Cherchant du secours, il trouve et ramène le docteur de l’Opéra qui ne s’en étonne pas et répond à son interrogation désespérée.
« Je dis que notre pauvre Arsène, arrêtée hier à huit heures du matin, a été jugée hier à deux heures de l’après-midi, et a été exécutée hier à quatre heures du soir. [...] »
Alors le médecin étendit le bras, pressa le petit ressort en diamant qui servait d’agrafe au collier de velours, et tira le velours à lui.
Hoffmann poussa un cri terrible. Cessant d’être maintenue par le seul lien qui la rattachait aux épaules, la tête de la suppliciée roula du lit à terre et ne s’arrêta qu’au soulier d’Hoffmann. [...] Le jeune homme fit un bond en arrière et se précipita dans les escaliers en hurlant : « Je suis fou ! ... Oh ! j’aurais dû me douter de quelque chose, quand j’ai vu le vin de Champagne suinter sous le collier ! »

1849
Les Mille et un fantômes

MES MÉMOIRES
DU PASSÉ POUR SERVIR AU TEMPS PRÉSENT

Durant les Trois Glorieuses de 1830, auxquelles a participé Alexandre Dumas.
Le maréchal Maison ne buvait jamais que du vin de Champagne, il versa coup sur coup trois ou quatre verres (on buvait dans des espèces de vidrecomes) à l’aide de camp du général Pajol qui, l’estomac vide, les nerfs excités par sa campagne de La Fère, le front brûlé par six jours consécutifs de soleil, se sentait repris d’une ardeur toute nouvelle.
Au banquet républicain des « Vendanges de Bourgogne », au début de 1831.
Les choses marchèrent assez convenablement pendant les deux tiers du dîner, mais, aux détonations des bouteilles de vin de Champagne qui commençaient à simuler une fusillade assez bien nourrie, les esprits s’exaltèrent. [.] Au milieu des toasts officiels, se glissèrent peu à peu des toasts particulièrement illicites.
Le 30 mars 1833, les préparatifs d’un grand bal costumé donné par Alexandre Dumas pour le mardi-gras.
À sept heures, Chevet arrivait avec un saumon de cinquante livres, un chevreuil rôti tout entier, et dressé sur un plat d’argent qui semblait emprunté au dressoir de Gargantua, un pâté gigantesque, et le tout à l’avenant. Trois cents bouteilles de bordeaux chauffaient, trois cents bouteilles de bourgogne rafraîchissaient, cinq cents bouteilles de champagne se glaçaient.

1852 - 1855

LES MOHICANS DE PARIS

Toute la société, qui se composait de cinq ou six blanchisseuses de Vanves, et de trois ou quatre jardinières de Meudon accompagnées de leurs amoureux, répéta en chœur :

— À boire ! à boire !

— Silence ! dit Ludovic ; l’appartement est à moi : c’est donc à moi d’en faire les honneurs. Garçon, six bouteilles de vin de Champagne pour moi !

— Et six pour moi, garçon ! dit Pétrus. [...]
Le garçon rentra avec les douze bouteilles de vin de Champagne.

— Le bouquet, le voilà ! dit-il en faisant sauter le bouchon de deux bouteilles dont il avait coupé le fil de fer dans l’escalier. [...]

— Au bout d’une heure, les douze bouteilles étaient bues, plus douze autres que la société, pour ne pas être en reste, avait fait venir à son tour.

1855

LES COURSES D’EPSOM

Il s’agissait de dîner.
Tout le monde s’y mit : panier au pain, panier aux viandes, panier au poisson, panier aux légumes, panier au vin, panier à la glace tout fut éventré en une seconde.
En une autre seconde, les pâtés furent ouverts, les poulet démembrés, les jambons émincés, les homards écaillés.
Un premier bouchon de champagne sauta en l’air, et un bruit qui ressemblait à la mousquetade d’une armée faisant feu à volonté se fit entendre autour du champ de courses.
Rien ne donnerait une idée de ces trente mille personnes, hommes, femmes et enfants, mettant au pillage trois mille voitures, au bruit de soixante mille bouchons sautant.

1857
Causeries