UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Johann Wolfgang von Goethe

Littérature générale (1804)

CONFESSION GÉNÉRALE

- Que la noble assemblée écoute aujourd’hui ma remontrance. [...] Oui, nous avons, osons le dire, souvent songé en veillant ; nous n’avons pas vidé hardiment le verre, quand le vin écumait, souvent l’heure du berger, l’heure fugitive, souvent le volage baiser de lèvres chéries, furent par nous négligés. [...]
Si tu veux donner l’absolution à tes fidèles, tu nous verras, dociles à tes avis, travailler sans relâche à nous corriger de nos faiblesses, et, en toutes choses bonnes et belles, vivre résolument, rire gaiement de tous les philistins du monde, non pas effleurer seulement ce vin aux perles écumantes, non pas coqueter avec de légères oeillades, mais nous attacher constamment à des lèvres chéries.

Agenda de l’année 1804

Traduit de l’allemand.

FAUST
Drame
(Première partie)

Une société de joyeux compagnons à la Taverne d Auerbach à Leipzig.
FROSCH - Bon ! S’il me faut choisir, je suis pour le vin du Rhin : la patrie dispense les meilleurs dons. [...]
MÉPHISTOPHÉLÈS (à Brander) - Et vous ?
BRANDER - Je veux du vin de Champagne, et qu’il soit bien mousseux. On ne peut toujours éviter l’étranger ; les bonnes choses sont souvent loin de nous : un véritable Allemand ne peut souffrir les Français, mais il boit leurs vins volontiers.

1808

Traduit de l’allemand.

LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE DE WILHELM MEISTER

Wilhelm est chez sa maîtresse, la jeune actrice Marianne.
Ils furent éveillés de leurs doux songes par un grand bruit qui se fit à la rue. Marianne appela la vieille, qui, toujours occupée selon sa coutume, ajustait convenablement, pour la pièce prochaine, les costumes changeants de la garde-robe théâtrale. C’était, dit Barbara, une société de joyeux compagnons, qui sortait en tumulte de la "Cave italienne", où ils n’avaient pas épargné le champagne, en mangeant des huîtres fraîchement arrivées.
Wilhelm voyage avec une compagnie théâtrale et s’éprend d’une des actrices, Philine.
Les rapports du baron avec les comédiens avaient éprouvé des phases diverses depuis leur séjour au château. Au commencement, les choses se passèrent à leur satisfaction mutuelle ; [...] il se montrait libéral et [...] il achetait des petits cadeaux pour les actrices, il savait aussi faire servir d’extra aux acteurs mainte bouteille de champagne. [...]
Un de leurs plus grands défauts était une excessive friandise, et même, si l’on veut, une insupportable gloutonnerie, en quoi elles ne ressemblaient nullement à Philine, qui empruntait un nouveau charme à ce qu’elle vivait de l’air, pour ainsi dire, mangeait fort peu, et sablait seulement, avec une grâce parfaite, l’écume d’un verre de champagne.
Wilhelm retrouve la vieille Barbara, qui lui annonce la mort de Marianne, qu’il avait quittée à la suite d’un tragique malentendu.
Il était plus de minuit lorsqu’il se fit quelque bruit à la porte entr’ouverte, et la vieille entra, un panier à la main.
« Il faut, lui dit-elle, que je vous fasse l’histoire de nos malheurs. [...] Voyez ! de même qu’en cette heureuse soirée, j’apportai une bouteille de champagne, que je plaçai les trois verres sur la table, et que vous commençâtes à nous tromper et à nous endormir avec vos agréables contes d’enfance, je vais vous éclairer et vous réveiller aujourd’hui avec de tristes vérités. »
Wilhelm ne savait que dire, quand il vit la vieille faire sauter le bouchon et remplir les trois verres.
« Buvez, s’écria-t-elle, après avoir vidé tout d’un trait son verre écumant, buvez avant que l’esprit s’évapore. Ce troisième verre, versé à la mémoire de l’infortunée Marianne, laissons-le sans emploi ; laissons tomber la mousse. Comme ses lèvres étaient vermeilles, lorsqu’elle buvait à votre santé ! Hélas ! et maintenant, pâles et glacées pour jamais !...

-  Sibylle ! furie ! s’écria Wilhelm, en se levant et frappant du poing sur la table, quel mauvais esprit te possède et te presse ? [...] S’il faut que ton insatiable intempérance fasse une orgie d’un repas funèbre, alors bois et parle.

1821

Traduit de l’allemand.