UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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J.-L. Gonzalle

Littérature générale (1860)

LE VIN DE CHAMPAGNE

CHANT TROISIÈME
Tout passe !

O Vin de mon pays. si ma muse te chante, C’est que, fier d’être né sous ton ciel champenois, J’aime à poétiser ta mousse pétillante Qui déride le front même du plus sournois ! Arrière la mélancolie... Champagne, avec toi tout est beau, Ton aimable et douce folie Fait même rire un buveur d’eau.
Amis ! quel doux parfum s’exhale de mon verre ! Si vous vivez encore, ô déesses et dieux, Joyeux et bons viveurs de l’Olympe d’Homère, O convives divins, descendez de vos cieux, Accourez tous à notre table ; Notre Champagne est tolérant, Car il ferait trinquer le Diable Même avec l’auteur du Coran.

CHANT QUATRIÈME

Origine du vin mousseux
Mais dix siècles plus tard, le moine Pérignon Inventait le Champagne et lui donnait son nom 1. Du couvent d’Hautvillers ce vin fut la richesse. C’est là que Pérignon a passé sa jeunesse. Le voyez-vous pensif, haletant, l’oeil hagard, Penché sur un tonneau qu’il couve du regard, Etudiant du vin les lois et les caprices, Sources de tant de biens, causes de tant de vices, Et, fou comme Archimède, en joyeux indiscret, S’écrier tout-à-coup : « J’ai trouvé le secret ! » « Le secret » ? oui, bon Moine, et ce fruit de tes veilles Est mis par nos gourmets au nombre des merveilles.

CHANT SEPTIÈME

Le Champagne
Champagne... ô sublime merveille ! Bruyant comme la foudre, aussi prompt que l’éclair, Tu fuis les flancs de la bouteille, Lorsque libre et joyeux le bouchon saute en l’air.
O prodige ! voyez ces gerbes écumeuses, Qui semblent au bouchon dresser un piédestal, Et ces folles lueurs, et ces bulles gazeuses, Qui frémissent d’amour au fond de ce cristal.
Comme il est gai, comme il mousse et pétille ! Quel vin... quand on le voit jaillir, On est ému comme la jeune fille Qu’un doux baiser fait tressaillir !
Il laisse un doux parfum sur la lèvre qu’il mouille, Sa mousse réjouit l’esprit le plus rêveur, Et, comme un papillon, chatouille Le nez délicat du buveur.
Comme sa mousse ondule et retombe en spirale, Qu’il est limpide et gracieux ! Le doux arôme qu’il exhale
Semble, sylphe léger, s’envoler vers les cieux !
O Champagne... Evohé ! coule à flots dans nos verres La vie est à vingt ans si riche de beaux jours ! Francs et Gaulois, comme nos pères Buvons... Amis, versez toujours !

1860

1. Première évocation poétique de la légende de Dom Pérignon (voir à ce sujet p. 11).

1. Poète champenois.