UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Charles Monselet

Littérature générale (1888)


POLICHINELLE AU RESTAURANT
Il a conduit Pomponnette
Chez Vachette
Dans le cabinet vingt-deux,

Et là, même avant la bisque, iI se risque
A lui déclarer ses feux.
Elle demeure accoudée,
Obsédée,
Résolue à résister
Inexorable et charmante dans sa mante,
Qu’elle ne veut pas quitter.
Un troisième personnage
A la nage
Dans un seau d’argent orné,
Se soulève sur la hanche,
Tête blanche,
Cou de glace environné.
C’est le champagne ; il susurre « Chose sûre !
Quand mon bouchon partira,
Tout à l’heure, cette belle Si rebelle
Mollement s’apaisera. »
« Bientôt tu verras, te dis-je,
Ce prodige
Cesse d’invoquer l’enfer ;
Ton courroux est trop facile Imbécile,
Arrache mon fil de fer ! »
« Car je suis maître Champagne
Qu’accompagne
Le délire aux cent couplets,
Je dompte les plus sévères.
A moi, verres,
Coupes, flûtes et cornets ! »
XV
Ainsi dit le vin superbe.
Moins acerbe,
La femme se sent capter,
C’est une cause que gagne le Champagne  ;
Son bouchon vient de sauter !
GASTRONOMIE
Polichinelle aime le champagne
Polichinelle et Arlequin, personnages les plus Célèbres de la Commedia dell’Arte grands amateurs de champagne.
Grand secret de Polichinelle :
il adore le champagne !

Est-ce Clémentine ? Est-ce Estelle Qui sur mon épaule s’endort, Laissant pendre un bout de dentelle Dans le champagne aux perles d’or ? Mon oeil, sous le mouvant corsage, Entrevoit la neige des monts. La plus folle, c’est la plus sage... C’est la nuit où l’on aime, - aimons !
LETTRES GOURMANDES
A madame d’A..., à Paris
Madame,

1870 Le Parfait Vigneron

1874 Récits de table


Paris, le 6 février
Polichinelle enfant

Je me plais à croire que vous ignorez absolument ce que c’est qu’un "déjeuner à tout casser".

Eh bien ! c’est le déjeuner que je viens de faire. Un déjeuner de garçons. [...] Ce déjeuner n’était qu’au champagne, [...) le vin des garçons !

Quelques recommandations sur la façon de soigner le vin de Champagne. Pour lui conserver sa mousse et sa qualité, il est indispensable de tenir les bouteilles dans une cave fraîche, et couchées. [...] Couchées - parce que, dans toute autre position, le bouchon se dessèche, perd de son élasticité et laisse fuir une partie du gaz.

C’est d’après les mêmes principes que, pour être bu dans de bonnes conditions, le champagne veut être "frappé", c’est-à-dire refroidi à la glace, ou, à défaut de glace, n’être remonté de la cave que juste au moment de paraître sur la table.
1877

MES SOUVENIRS LITTÉRAIRES

Xavier Aubryet m’emmena passer plusieurs jours à la campagne de son père, à Pierry en Champagne. Le prétexte était une collaboration dramatique, qui, d’ailleurs, n’a que médiocrement abouti. [...]

M. Aubryet nous fit faire un dîner recherché, arrosé d’un champagne délicieux, « non mis dans le commerce », ajouta-t-il malicieusement. Il paraît que le « non mis dans le commerce » est le suprême éloge des Champenois. Comme c’est agréable pour les autres vins qui sont dans le commerce ! [...]

MM. Aubryet père et fils reçurent de Madame Veuve Clicquot, la célèbre commerçante en vins de Champagne, une invitation à l’un de ces grands dîners annuels qu’elle donnait dans son château de Boursault. [...]

Par un despotisme très concevable, Madame Clicquot n’admettait que "ses" champagnes à sa table. « L’Etat, c’est moi ! » disait Louis XIV. Et Madame Clicquot disait à son tour : « Le vin, c’est moi ! ». Il n’y avait pas une goutte de vin rouge sur la nappe. C’était à prendre ou à laisser ; et comme c’était à prendre ! Dire que j’avais cru connaître le vin de Champagne jusqu’à présent ! Je fus bien délicieusement trompé, ce jour-là. [...]

Je savourais le vin le plus décoratif qui soit au monde : j’étais décoratif moi-même, j’avais vingt-cinq ans, une santé de fer, une gaieté d’or... Heureux temps !
s.d.
AOÛT

Sautez, bouchons ! La noble compagnie d’un site ombreux a fait élection. C’est le moment de la collation. La mousse est tendre et la table est garnie Un fort pâté qui semble un bastion ; Un cantaloup, - c’est un trait de génie ? De fruits exquis une collection ; Et le clicquot comme pyrotechnie, Sautez, bouchons !
1888
Edmond MORIN - Les Mois gastronomiques