UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Léon Tolstoï

Littérature générale (1865)

GUERRE ET PAIX

A Moscou, le Club Anglais reçoit le prince Bagration au cours d’un dîner organisé par son doyen, le comte Ilia Andréevitch Rostov.

Au second plat, l’énorme sterlet, [...) les laquais commencèrent à faire sauter les bouchons et à verser le champagne. Après le poisson qui produisit une certaine impression, le comte Ilia Andréevitch échangea un regard avec les autres organisateurs. « Il y aura beaucoup de toasts, il est temps de commencer ! » chuchota-t-il et, la coupe à la main, il se leva. Tous se turent et attendirent ce qu’il dirait.

- A la santé de l’empereur ! cria-t-il et au même instant ses bons yeux se voilèrent de larmes de joie et d’enthousiasme. L’orchestre joua « Que le tonnerre et la victoire éclate » . Tous se levèrent en criant : « hourra ! » et Bagration cria « hourra ! » de la même voix qu’au champ de bataille de Schöngraben La voix exaltée du jeune Rostov s’entendait parmi les trois cents autres voix. II pleurait presque. « La santé de l’empereur, hourra ! » criait-il. Ayant vidé sa coupe d’un seul trait, il la jeta par terre. Quelquesuns suivirent son exemple. Les cris se firent longuement entendre.

Lorsqu’ils cessèrent, les laquais ramassèrent les débris de verre et tout le monde se rassit en souriant d’avoir tant crié.

On porte un toast à la santé du prince puis un choeur chante une can ta te.

Lorsque le choeur eut fini, de nouveaux toasts se succédèrent ; le comte Illia Andréevitch était de plus en plus ému, on cassait de plus en plus de verres et on criait de plus en plus. On but à la santé [...] de l’organisateur du dîner, le comte Ilia Andréevitch. A ce toast le comte sortit son mouchoir et, y cachant son visage, pleura pour de bon.

Traduit du russe.
1865-1867

MES MÉMOIRES

Encore enfant Tolstoï est invité à dîner et attire l’attention d’un jeune homme qui vient s’asseoir à sa table.

A la fin du souper, quand le maître d’hôtel vint avec sa bouteille de vin de Champagne entourée d’une serviette, le jeune homme insista pourqu’il me versât une flûte pleine, qu’il me força à boire d’un trait. Je bus et aussitôt je sentis une douce chaleur envahir tout mon corps, des élans de bonté à l’adresse de mon bienfaiteur et d’irrésistibles envies de rire pour la moindre chose.

188 7

Traduit du russe.

À LA HUSSARDE

Dans la ville de K.. vient d’avoir lieu d’élection des représentants de la noblesse.

L’ispravnik nouvellement élu et toute sa bande, nobles et cavaliers, écoutaient depuis longtemps les tziganes et buvaient au nouveau cabaret, quand le comte, enveloppé d’une pelisse de drap bleu, qui avait appartenu au feu mari d’Anna Fédorovna, rejoignit la compagnie. [...]

L’ispravnik, étendu par terre aux pieds d’une vieille, était dans un état d’abrutissement indescriptible, il agita ses jambes et cria

< Du champagne !... le comte est arrivé !... Eh bien ! du champagne !... Je voudrais un Bain de champagne pour m’y plonger... Messieurs les gentilshommes, j’aime la société des gens bien nés... Stiochka, chante la Dovogenka ». [...]

Au milieu de la danse, le cabaretier vint prier ses hôtes de se retirer, car il était plus de deux heures du matin.

Le comte saisit le cabaretier par le cou et lui intima l’ordre de danser avec lui la plasovaïa. Celui-ci refusa. Tourbine alors saisit une bouteille de champagne et, retournant le malheureux bonhomme la tête en bas et les pieds en l’air, ordonna qu’on le maintînt ainsi ; puis à la risée générale, il vida lentement la bouteille sur l’hôtelier.

1898
Traduit du russe.
JOURNAL INTIME
Le jour de ses fiançailles, en 1862
17 septembre - Fiancé, cadeaux, champagne.
1926
OEuvre posthume
Traduit du russe.