UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Noël Barber

Littérature générale (1981)

TANAMERA

A Singapour. Jack Dexter, `grand-papa Jack’ ; inaugure sa nouvelle demeure.

Le repas organisé par grand-papa Jack devait être prodigieux car le journaliste du "Straits Times" [...] écrivit

« Au lieu du buffet léger auquel on pouvait raisonnablement s’attendre, le souper comportait du potage, du poisson, du rôti de boeuf, [...1. Pour arroser ces mets succulents, le champagne coulait à flots, des serviteurs se tenant prêts à remplir votre verre. [...1 »

Le souper fini, [...] « les serveurs continuaient inlassablement à circuler avec des coupes, et M. Dexter demanda à la fanfare militaire [...] de faire résonner un roulement de tambours. Une bouteille de champagne à la main [...], il se courba pour ramasser une poignée de terre. II la laissa lentement glisser entre ses doigts et s’écria

- En malais, cette terre rouge s’appelle « tana merah », et j’estime qu’aucun nom ne convient mieux à ce qui sera, je l’espère, le foyer non seulement de notre famille mais des générations à venir. » [...]

Grand-papa Jack fit éclater la bouteille de champagne en la lançant contre l’un des piliers du portique. La fanfare entama le « God save the King » et c’est ainsi qu’eut lieu l’inauguration de Tanamera.

Traduit de l’anglais.
1981

THE WEEPING AND THE LAUGHTER Entre les deux guerres, à Paris. Nicolas, le narrateur, est emmené au bar du Ritz par son père, le prince Korolev, Russe émigré. « Le Laurent-Perrier habituel, Monsieur ? » Père opina, dit « Bonsoir, Frank, » et s’assit sur un siège de coin. Quelqu’un apporta des verres, un seau à glace et ouvrit habilement le champagne, sans le moindre bruit. Olga, la soeur du prince, va ouvrir sa maison de couture. « Aujourd’hui, dit-elle un matin, c’est pour moi un grand jour. Je commence à choisir mon état-major. » Nous étions à la maison en train de prendre le petit déjeuner, et Père, qui se levait toujours plus tôt que nous, nous rejoignit de mauvaise humeur, en robe de chambre. Nous avons sorti des demi-bouteilles de son Laurent Perrier. - Nous n’en avons pas assez, monsieur, cria Lilla. - Bon, prenez quelques bouteilles, cria Père, furieux de ne pas avoir été réveillé au champagne de manière convenable. N’avons-nous aucun champagne dans la maison ? - Si, prince. Elle sortit rapidement pour chercher une bouteille fraîche d’une autre marque disponible. - Bien, grogna Père quand elle fut sur la table. Je vais en boire jusqu’à ce qu’arrive le nouvel approvisionnement. J’en boirai la moitié. - Vous garderez le reste pour demain matin ? demandai-je timidement. - Ne soyez pas idiot, cria Père. Vous ne croyez tout de même pas que je vais boire des bouteilles à moitié pleines d’un champagne plat ? Jetez la deuxième moitié aussitôt après le petit déjeuner, ou buvez-la vous-même. Compris ? Depuis un départ mouvementé de Russie, le prince était sans nouvelles de Rudi, le frère de Nicolas. Or celui-ci vient de trouver la trace du disparu.

Nous bûmes à la santé de Rudi. [...] Père but le champagne comme si cela avait été de la vodka, s’assit en regardant son verre vide pendant une bonne minute [...1 et se mit à pleurer.

En 1945, à Paris. le narrateur est avec Hemingway dans un restaurant russe.

Hemingway avait commandé de la vodka pour ceux qui en voulaient, mais aussi du champagne, ce à quoi le maître d’hôtel... murmura à mon oreille : « Laurent-Perrier » ?

- Qu’y a-t-il ? demanda Ernest.

- Rien. C’est pour nous une vieille tradition de toujours prendre dans

ce restaurant ce que nous avons l’habitude d’appeler « Le champagne de Père ».

Pendant 1 hiver 46-47 Nicolas est reçu à 1 ambassade de GrandeBretagne à Paris.

Diana Duff Cooper surgit d’un petit salon de réception [...] et Duff Cooper [...] m’accueillit. [...] C’est alors qu’entra Churchill.

« Bonjour, prince », grogna-t-il. [...) On m’a dit que vous vouliez me parler, mais après le champagne.

« Du champagne, ma chère Diana ? »

C’était un "lion" [...], buvant à petites gorgées son Dom Pérignon 1 d’une main et tenant un volumineux cigare entre les doigts de l’autre main.

1988
Traduit de l’anglais.
1. Cest en 1947 que le Dom Pérignon a été mis pour ta première fois sur les marchés européens.