LES GRANDES HEURES DE LA CHAMPAGNE
Si le Régent le prisait tant, ce champagne malicieux et gai, les joyeux compagnons du Caveau, rue de Buci, derrière Saint-Germain-des-Prés, le chantèrent tour à tour, même les plus authentiques Bourguignons qu’étaient Rameau, Piron et Crébillon. Il paraît que Gluck s’asseyait par beau temps dans un pré pour noter ses compositions à côté d’un flacon de champagne, bien frais, je l’espère. Chanteuses et danseuses en raffolaient. Maurice de Saxe n’en privait point Adrienne Lecouvreur de Damery. [...]
Il est plaisant d’accorder à des cuvées exceptionnelles des formes de bouteilles d’autrefois. Dom Pérignon est depuis lontemps apprécié en Amérique. La Cuvée Grand Siècle ou celle des Comtes de Champagne l’ont suivi. Le Cristal Roederer tire son nom de ce que les empereurs de Russie exigèrent une bouteille de verre blanc pour se distinguer de la clientèle normale. La réserve de l’Empereur veut se rattacher à Napoléon plutôt qu’au tsar. Tous les ans, un sortilège nouveau séduit en réjouissant. C’est miracle en un temps plus fertile que jamais en brutales catastrophes. Le Cordon Rosé de Foujita vit le jour comme le Blason de France, le Vin des Princes, la Cuvée Royale. Ces mois derniers ont vu naître la Cuvée Belle Epoque de Perrier-Jouët, ressuscité dans la robe de verre que lui dessina Gallé, de Nancy, à l’orée de ce siècle...
1971