UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Vladimir Nabokov

Littérature générale (1935)

LA MÉPRISE

La nuit de la Saint-Sylvestre à Berlin.

« Débouchez vite cette bouteille, l’horloge va sonner. » Ardalion versa le champagne. [...] De côté et par-dessus ses lunettes, Orlovius regarda son vieil oignon d’argent qu’il avait posé sur la nappe, encore deux minutes. [...] Regardant fixement sa montre, Orlovius tendit lentement vers sa coupe une main sénile aux ongles de griffon.

Soudain la nuit céda et commença à se déchirer ; des cris de joie vinrent de la rue ; avec nos coupes de champagne, nous allâmes sur le balcon, comme des rois. Des fusées sifflaient en s’élevant au-dessus de la rue, puis, avec un coup sec, explosaient en larmes multicolores. [...]

Tous quatre, nous choquâmes nos coupes ; je bus une gorgée de la mienne.

- A quoi Hermann boit-il ? questionna Lydia, s’adressant à Ardalion.

-  Je n’en sais rien et je m’en fiche, répondit celui-ci. Qu’il boive à ce qu’il veut, il sera tout de même décapité cette année. Pour dissimulation de bénéfices.

-  Fi, quelles vilaines paroles ! fit Orlovius. Je bois à la santé universelle.
1935
Traduit de l’américain.