UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Philippe-Valentin Bertin DU ROCHERET

Littérature générale (1728)

LETTRE DU MAIRE D’AY

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Ay produit les meilleurs vins,
J’en prends à témoin tout le monde ;
Mais vous préférez ceux de Reims,
Ay produit les meilleurs vins ;
Ce sont les premiers, les plus fins,
Et Saint-Evremond me seconde.
Ay produit les meilleurs vins,
J’en prends à témoin tout le monde.
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Charles-Quint s’y connoissoit bien,
Il en faisoit la différence :
Et mieux que son maître Adrien,
Charles-Quint s’y connoissoit bien,
Pour en boire, il ne tint à rien
Qu’il ne vînt demeurer en France.
Charles-Quint s’y connoissoit bien,
Il en faisoit la différence.
Pour qu’on ne pût le mélanger
Et que sa table fût complète,
Lui-même faisoit vendanger
Pour qu’on ne put les mélanger.
Léon craignant même danger
D’un pressoir d’Ay fit l’emplète,
Pour qu’on ne pût le mélanger
Et que sa table fût complète.
Notre bon roi, le grand Henry
En régaloit sa belle hôtesse,
Quand il couchoit à Damery,
Notre bon roi, le grand Henry,
C’étoit là son jus favori,
Et son pain, celui de Gonesse.
Notre bon roi, le grand Henry,
En régaloit sa belle hôtesse.

“Mercure de France”
Janvier 1728



BOUTADE BACHIQUE
CONTRE LES AMATEURS DU VIN MOUSSEUX

(1741)

Non. Telles gens ne boivent pas
De cette sève délectable,
L’âme et l’amour de nos repas,
Aussi bienfaisante qu’aimable.
Leur palais corrompu, gâté,
Ne veut que du vin frelaté,
De ce poison vert, apprêté
Pour des cervelles frénétiques
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1830
Œuvre posthume

JOURNAL DES ÉTATS
TENUS À VITRY EN 1744

Avize est un bourg assez considérable, extrêmement augmenté depuis douze ou quinze ans environ par la frénétique invention du vin mousseux. Il était encore pauvre en 1719. [...] Leurs vignes, presque toutes plantées de ceps blancs, ne leur produisaient qu’un petit vin aigre et d’un goût raiche qui le faisait réputer un des moindres du pays, aussi ne se vendait-il ordinairement que 25 ou 30 fr. la queue ; mais depuis la manie du « saute-bouchon », cette abominable boisson, devenue encore plus rebutante par un acide insupportable, se vend jusqu’à 300 fr., et l’arpent de vigne, dont on ne voulait pas à 250 fr., a été porté jusqu’à 2.000 francs. Aussi Avize est-il orné depuis ce temps de belles maisons de vendange, qui en ont absolument changé toute la face.

1864
Œuvre posthume

Correspondance


À James Chabane
Épernay, 28 mai 1732

Les Anglais sont aussi fous que les Français sur la liqueur et la couleur ; je ne sais si nous mousserons.