UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Johannes Mario Simmel

Littérature générale (1960)

ON N’A PAS TOUJOURS DU caviar

Pendant la dernière guerre, en France occupée. Thomas Lieven et Yvonne Deschamps travaillent pour la Résistance.

L’express de nuit Paris-Marseille [...] comportait trois wagons-lits. [...] Le contrôleur ouvrit les portes des deux compartiments réservés à lAbwehr. Dans l’un des compartiments se trouvait un seau à glace contenant une bouteille de Veuve Clicquot. Un vase avec vingt oeillets rouges était disposé sur la tablette de la fenêtre. [...]

Thomas Lieven ferma les portes du couloir. Yvonne Deschamps retira son grand chapeau. Une fois de plus, le rouge lui montait au front.

- Ne vous avais-je pas interdit de rougir ? dit Thomas. [...] Pourquoi me regardezvous comme ça ? [...]

- Le champagne... les fleurs... Pourquoi tout cela ?

- Pour vous calmer un peu, paquet de nerfs que vous êtes ! Vous sursautez à chaque bruit. Vous vous retournez sur tout le monde. Pourtant, vous ne courez aucun risque. Vous vous appelez Madeleine Noël, et vous travaillez pour l’Abwehr. [...]

Après la première bouteille de Veuve Clicquot Yvonne avait perdu ses appréhensions. Sa tension hystérique se relâchait. La conversation devenait presque gaie.
Traduit de l’allemand.
1960
SEUL LE VENT CONNAÎT LA RÉPONSE
Le dîner s’achevait. [...]

- Qu’est-ce qu’on boit maintenant ? demanda Angela. Du champagne, ça vous irait ?

Elle tira du réfrigérateur une bouteille qu’elle me tendit. Je lus l’étiquette Henriot 1961.

- Voici des coupes, dit Angela. Voulez-vous déboucher la bouteille ? Je vais me changer.

Je portai la bouteille et les coupes sur la terrasse et les posai sur une petite table, non loin de la balancelle.

Angela revint. [...] Je débouchai la bouteille et remplis les coupes. Angela s’assit à côté de moi. [...] Nous restâmes assis là, silencieux, buvant le champagne, à contempler la mer, les feux multicolores des bateaux et, audessous de nous la ville illuminée. Nous en étions déjà à la deuxième bouteille quand Angela rompit enfin le silence.

Angela, et Robert, le narrateur, boivent du champagne sur la terrasse du clubbouse. Angela va chanter leur air favori avec l’orchestre à qui Robert avait demandé de le jouer.

J’avais ouvert le paquet de Van Cleef et laissé glisser les boucles d’oreilles dans le verre plein d’Angela. La voici qui revenait maintenant, radieuse, tandis que le trio jouait une dernière fois le refrain de la chanson de Dylan. [...] Angela poussa un cri bref, les yeux rivés au fond de sa coupe.

- Je crois que j’ai déjà trop bu ! dit-elle. Je vois quelque chose dans mon verre...

Elle plongea ses doigts dedans et en retira les boucles. [...]

- Robert... Je te remercie... Si tu savais... Je n’ai jamais accepté qu’un homme me fasse cadeau d’un bijou... C’est la première fois et...

- Madame, dis-je, c’est vous qui me comblez ! En acceptant ce présent ! Et cela, nous nous devons de l’arroser ! Je me tournai. Garçon ! une autre bouteille !

1973

Traduit de l’allemand.