UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Robert-Jean de Vogüé

Littérature générale (1974)

ALERTE AUX PATRONS

IL FAUT CHANGER L’ENTREPRISE

Pendant ces quatre décennies ma politique a poursuivi le même but modifier fondamentalement les rapports entre les hommes. Je n’ai pas accepté les règles du capitalisme libéral. J’ai installé des structures où les intérêts particuliers s’exprimeraient sans contrainte afin que la décision finale en tienne compte. Les rapports humains et sociaux se sont transformés grâce au partage des responsabilités.

J’ai pu, dès 1935, apprécier les effets de cette politique au cours de la crise que le Champagne traversait depuis 1932. Cette crise fut résolue grâce aux institutions nouvelles mises en place et devenues le Comité Interprofessionnel du vin de Champagne’.

Les caractéristiques essentielles en étaient les suivantes : les mêmes droits étaient donnés aux producteurs de raisin et à leurs acheteurs, dans la discussion et la détermination des conditions d’acquisition de la récolte qui devenaient obligatoires pour tous lorsqu’elles portaient la signature des délégués généraux représentant les parties en cause, et du commissaire du gouvernement. [...] Les raisins achetés perdaient l’appellation contrôlée Champagne, s’ils n’avaient pas été payés au prix minimum imposé, fixé par la décision commune des acheteurs et des vendeurs. Ces structures

1. C’est sous l’impulsion de Robert-Jean de Vogüé, secrétaire général du Groupement syndical des négociants en vins de Champagne dÉpernay, et de Maurice Doyard, secrétaire du

Syndicat général des vignerons de la Champagne délimitée, qu’ont été établies les structures

interprofessionnelles de la production du champagne.

nouvelles ont traversé le Front populaire, la guerre, la IVe République et la V° République sans subir de modification profonde venant altérer leur conception initiale. Elles avaient su tenir compte du refus des vignerons refus qui se manifeste maintenant chez les salariés des entreprises - de subir passivement les événements qui les concernent.

L’intérêt général n’a jamais souffert de cette importante innovation : la prospérité actuelle de la Champagne en est une preuve incontestable. Nul ne peut nier que les institutions aient largement contribué à ce résultat, ne serait-ce qu’en établissant des rapports d’égal à égal entre représentants d’intérêts qui s’opposaient faute d’un dialogue organisé, et où certains dominaient les autres sans appel possible.

1974