LA VIE EXEMPLAIRE DE RITA
CAPUCHON
Rita, passée de l’état de prostituée à celui de mannequin, a besoin de changer d’identité et vient de contracter un mariage blanc.
Nue. Assise sur la cuvette des W.C. du petit studio où elle vit depuis cinq ans, tout près de la place Pigalle, dans une impasse fleurie qui sent le marronnier, le tilleul, le chat errant et pas coupé, porte fermée elle réfléchit et dresse ses plans. Ça y est, je suis Mme Jérémy-Raza Cooper.
Enlevé, c’est pesé. Bon, bien. Mais depuis ce matin, je m’autofélicite, m’autobadigeonne le nombril. Emue comme une pucelle, c’est tout juste si je ne sable pas le champagne. Encore heureux que j’aie le goût de ce roteux en horreur, sinon, j’aurais succombé au rituel du bouchon qui saute !
Remarque, je peux toujours m’en ouvrir une bouteille et la balancer dans la cuvette du trou sur lequel je suis assise en offrande ! Et, sérieuse comme une prêtresse, elle se leva et, solennellement, déversa une bouteille d’eau minérale dans la cuvette des W.C. Ça revenait au même, seul le geste comptait.
1988