UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Napoléon Le Grand

Littérature du vin et de la table (1896)

LE VIN DE CHAMPAGNE

Le commerce régulier des vins de Champagne s’est groupé presqu’entièrement en une Association syndicale’, dont le siège est à Reims. [...] II a protesté contre tout abus, et par plusieurs arrêts, rendus par les Cours d’Angers, de Paris, et la Cour de cassation, etc., a fait consacrer souverainement ce principe, désormais incontestable, que : « Seuls les vins mousseux récoltés et manutentionnés en Champagne, peuvent être désignés sous le nom de cette province ». [...]

Si en France, il est possible de lutter contre les industriels qui ne craignent pas d’usurper le nom de la Champagne et ceux de ses principaux crus, il n’en est malheureusement pas de même à l’étranger. [...] Cependant[ ...], un pas en avant a été fait vers une amélioration de l’ancien état de choses. Une Convention diplomatique a été conclue le 20 mars 1883 entre la France et un certain nombre d’États, à l’effet de constituer entre tous ces États et ceux qui voudraient y adhérer dans la suite, une Union internationale pour la protection réciproque de la propriété industrielle. [...] Quant à présent, les peuples amis qui ont accepté la consécration de ce principe de loyauté commerciale, se réduisent à sept, la France comprise. [...]

DE L’ART DE BOIRE LE VIN DE CHAMPAGNE

Le bon vin de Champagne peut se conserver assez longtemps, mais à condition de tenir les bouteilles couchées dans une cave fraîche. C’est là une condition indispensable ; car si les bouteilles n’étaient pas couchées, le bouchon n’étant plus imbibé dans le liquide, se dessécherait, perdrait de son élasticité, et laisserait échapper le gaz.

A la réception d’un panier ou d’une caisse de vin de Champagne, on aura soin de déballer les bouteilles et de les tenir couchées dans une bonne cave, à l’abri du froid et de l’humidité ; il faudra les laisser reposer une quinzaine de jours au moins avant de les déguster, afin de donner au vin de Champagne, qui, pareil à une jolie femme, est un produit délicat, le temps de se reposer des fatigues du voyage. [...]

L’usage de verser le vin de Champagne dans une carafe d’eau frappée ou de mettre dans le verre quelques morceaux de glace, doit être absolument abandonné, car c’est là un moyen qui affaiblit le vin, puisqu’il tend à y ajouter une certaine quantité d’eau.

II est en outre un préjugé que nous ne saurions trop combattre d’ordinaire, en France surtout, on ne fait intervenir le vin de Champagne qu’au-dessert : c’est là une erreur gastronomique. Le vin de Champagne, par

1. Le Syndicat du Commerce des Uns de Champagne, dont M. Legrand était le secrétaire-archiviste.

sa nature même, s’assimile mal aux fruits et aux sucreries’. Il doit être offert avant le dessert, c’est alors qu’on pourra apprécier toute sa finesse et sa saveur délicate.

1896
1. Encore doit-on noter qu’à l’époque le champagne, même brut, était beaucoup plus sucré qu’aujourd’hui. II reste que si, de nos jours, le champagne est servi avec le dessert, c’est le demi-sec qui est là à sa juste place.