UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Armand Maizière

Littérature du vin et de la table (1848)

ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DU VIN DE CHAMPAGNE

Dès il y a au moins cinq siècles [...] on a connu dans la Champagne, ainsi que dans beaucoup de vignobles de l’Est et du Centre, la propriété fondamentale du vin blanc nouveau d’acquérir la mousse, au printemps qui suit la vendange. [...] Une fois par hasard, le vin reçu et conservé en une bouteille fit sauter son bouchon, et l’on se fit un divertissement de répéter cette expérience curieuse. [...]

Ce fut sans doute par une faveur du ciel que, dans le XVIIe siècle, où régnait avec le plus d’éclat le vin non mousseux, il se trouva des propriétaires des coteaux qui bordent la Marne aux environs d’Épernay plus vivement frappés que les cultivateurs des autres vignobles, des faits

surprenants qui, suivant la tradition, avaient jadis excité une curiosité si vive et si générale, imaginèrent de refaire et de varier les anciennes expériences. [...1 C’est alors que le vin mousseux commença à briller sur la table des rois. [...1

Les causes de la préférence accordée au vin mousseux.

L’apparition en un festin, et la simple annonce de la bouteille de Champagne produisent sur les esprits un effet magique, et réveillent aussitôt une foule de sensations agréables. On voit bientôt de succéder et se confondre le plaisir de la vue, le plaisir de l’ouïe, le charme de l’odorat et celui du goût. Le saut du bouchon, la détonation bruyante, la fumée du gaz, le jaillissement des couches supérieures en gerbes écumeuses, les flots amoncelés dans le verre d’une mousse argentée, pétillante, sa disparition subite, comme un rideau tiré, les bulles gazeuses qui viennent crever à la surface, une liqueur limpide, parfumée, l’ascension accélérée d’une colonne centrale de perles brillantes, qui naissent au fond du verre, et se succèdent rapidement durant une minute, la gaîté communicative que ne manque jamais d’inspirer ce vin, qui chez nous’ est inoffensif, cet ensemble merveilleux forme tout un spectacle, vif, délicieux, féerique, qui s’empare de nos sens et de notre imagination, et qui laisse loin derrière lui les qualités des autres nectars les plus vantés.

1848
i . Par opposition à d’autres régions productrices de vins mousseux dont il a été parlé plus haut
dans le texte.