L’origine du nom Moët remonte au XIVe siècle : elle vient d’un lointain ancêtre, échevin à Reims, Jean le Clerc dit "le moët" ou "le mouet" parce qu’il avait coutume de faire la moue.
Cet édile assista au sacre de Charles VII aux côtés de Jeanne d’Arc et fut anobli par le roi pour avoir protégé la ville contre les Anglo-Bourguigons.
Un de ses nombreux descendants, Claude Moët fonde en 1743 à Epernay une Maison de commerce spécialisée dans la vente des vins blancs. Son fils Jean-Rémy naît en 1758.
Il est mis en pension chez les Jésuites de Metz, puis reçoit sur le terrain une formation vinicole et commerciale.
Il exporte 43 000 bouteilles de vin en 1802 et 233 000 en 1834, et semble avoir été sous l’Empire l’un des principaux exportateurs vers l’Angleterre. Malgré le blocus, il y expédie 6 800 bouteilles en 1802 et 55 000 en 1810 ! Ses envois passent par les ports des Flandres, soit par Boulogne, Dunkerque ou Caen et le relais de Guernesy.
Les licences d’exportation n’étaient pas très difficiles à obtenir, surtout si les destinataires payaient en numéraire. En 1814 et 1815, Jean-Rémy Moët, utilisant des bateaux danois, dispute à Mme Clicquot le marché russe. Le "Sillery Blanc" tranquille, qui vaut jusqu’à 7 francs 50 la bouteille vers 1830 alors que le vin de Champagne effervescent n’en vaut que 5, est une spécialité de la Maison. Il est même apprécié des Russes. En 1883, Jean-Rémy Moët se retire et laisse l’affaire qui emploie deux cents ouvriers à son fils Victor et à son gendre Pierre-Gabriel Chandon de Briailles. Jean-Rémy Moët fut maire d’Epernay de 1802 à 1815 et de 1826 à 1830. Il dota la ville d’écoles élémentaires gratuites, d’une salle de spectacle et fit reconstruire l’église lors de son second mandat. Fidèle à l’Empereur, en 1814, il fut cependant alarmé par le "retour de l’Aigle". Révoqué en juillet 1830 mais rétabli à la mairie par Louis-Philippe, il estima, peu de temps après, avoir mérité sa retraite au château de Romont, près de Mailly, où il mourut en 1841.