UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

La Grande Histoire des Maisons de Champagne

La naissance du Syndicat du Commerce des Vins de Champagne (SCVC)

Au XIXème siècle, les Négociants passent d’une maîtrise empirique de la seconde fermentation à une maîtrise scientifique, grâce aux travaux du pharmacien châlonnais Jean-Baptiste François. Celui-ci définit une méthode pour évaluer la juste quantité de sucre à ajouter au tirage pour éviter les taux de casse considérables qu’on connaissait jusque-là. À partir de cette date, les Négociants, qui pratiquaient souvent d’autres activités moins risquées comme le textile, se spécialisent. C’est le véritable acte de naissance des « Maisons de champagne ».

Alors que le marché se développe passant de quelques centaines de milliers de bouteilles à plusieurs millions de cols vendus chaque année, le champagne est victime de son succès. Certains Négociants de Touraine commencent à usurper des noms de marques et de crus champenois. Pour attaquer ces faussaires en justice, les Maisons de champagne créent un Comité central en 1843 sous la direction d’Henri-Louis Walbaum.

PREMIERS STATUTS DU SCVC DE 1882, ANCETRE DE L'UMC, SIGNES PAR L'ENSEMBLE DES MEMBRES FONDATEURS

En 1882, un « Syndicat du Commerce des Vins de Champagne » prend le relais. Plus large dans ses attributions que l’ancien Comité qui avait disparu depuis longtemps, il a été formé en réaction contre la Chambre de commerce de Reims. Dominée par les patrons du textile, les Négociants jugent qu’elle défend mal leurs intérêts. Et pour cause, elle a osé diffuser une circulaire du ministère du commerce accusant les Maisons de champagne de voir leurs exportations chuter sur le marché américain en raison des qualités douteuses qu’elles y répandraient !

Le Syndicat est à peine constitué qu’il doit déjà affronter une nouvelle campagne des Saumurois affirmant que le champagne n’est pas un vin « naturel » mais un vin « fabriqué » et qu’il désigne davantage une méthode qu’un terroir.

Leur propagande s’appuie sur les publications du chimiste rémois Maumené qui décrit la liqueur de dosage comme un mélange représentant jusqu’à un tiers de la bouteille et composé d’éléments aussi exogènes que du Cognac, du vin de Madère ou de l’alcool de framboise… Ils affirment aussi que les Négociants champenois eux-mêmes, depuis le développement de la voie ferrée, utilisent dans leurs assemblages des vins issus du Saumurois.

En 1887, la Cour d’appel d’Angers tranche en faveur des Champenois. Mais le Syndicat a compris que pour réussir à défendre le nom « champagne » à l’extérieur de la Champagne, il était impératif de commencer par fixer des règles précises pour l’élaboration du champagne en Champagne. C’est ainsi qu’il milite dès les années 1900 en faveur d’une délimitation précise de la Champagne viticole.

Le Syndicat revendique également la mise en place d’un système de contrôle efficace des approvisionnements en raisin avec l’obligation pour les Maisons d’utiliser des magasins séparés pour les vins destinés à la production de champagne.

Le Syndicat qui n’est composé que des Maisons appartenant à ce que l’on appelle alors « la grande bouteille » (les Marques les plus prestigieuses) a une vision très restreinte de la Champagne dont l’Aube, qui appartient pourtant à l’ancienne province de Champagne, est exclue ; en 1908, le Conseil d’Etat, dans sa première délimitation, donne raison au Syndicat. Mais la lutte acharnée des Vignerons aubois conduit, en 1927, à l’intégration de la Côte des Bar dans l’aire d’appellation.

Portfolio

  • Publicité saumuroise usurpant le nom champagne, fin XIXe siècle.
  • Traité sur le travail des vins blancs mousseux, rédigé par Jean-Baptiste (...)
  • Premier procès-verbal du SCVC établi en 1882.
  • Premiers statuts du SCVC signés par l'ensemble des négociants (...)
  • Premiers statuts du SCVC signés par l'ensemble des négociants (...)
  • Premiers statuts du SCVC signés par l'ensemble des négociants (...)