La construction surélevée que l’on aperçoit au centre était le buffet réservé. C’est certainement de là que l’on avait la vue la plus impressionnante sur l’ensemble de l’aérodrome, qui devenait encore plus étonnant quand on pouvait en percevoir ainsi tous les détails d’un seul coup d’œil. Mon plus grand plaisir était d’y conduire des invités qui n’eussent pas encore « vu voler » pour recueillir leurs impressions et retrouver l’étonnement et l’enthousiasme qui étaient la note générale en 1909. Malgré tout, l’éducation de la foule est si rapidement faite aujourd’hui par la presse, les grandes revues illustrées, les cinémas, que tout le monde était déjà très renseigné et très loin de l’emballement, de la surprise joyeuse qui caractérisèrent l’année précédente. Comme nous nous lassons vite de nos jouets et comme je crains toutes les désillusions pour ceux qui, très légitiment d’ailleurs, ont espéré pouvoir spéculer sur le goût de la foule pour le spectacle nouveau des semaines et des Meetings ! C’est vers d’autres utilisations que les constructeurs doivent aujourd’hui orienter leurs recherches.
Cette planche ne laissera peut-être rêveurs qu’un nombre très faible de lecteurs. Au fond, elle n’a pas grand intérêt, mais elle essaye d’évoquer ces coulisses du buffet, si pittoresques, où s’agitaient par centaines cuisiniers et maîtres d’hôtels.
Il y avait dans l’enceinte des tribunes deux autres installations, un restaurant, fort bien géré par la maison Bayle-Dor, de Reims, réservé aux aviateurs, constructeurs, ingénieurs, et une cantine où des repas chauds et économiques étaient servis à fournir un travail si pénible, pataugeant dans la boue, transpercés par la pluie, et ne se vengeant que par la blague et le bagout de toutes leur petites misères.