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Berceau mondial de l’aviation

Visite du Président de la République

Nous fûmes honorés, en 1910 comme en 1909, de la visite du Président de la République, et nous devons lui en savoir d’autant plus gré que, bien malgré nous, nous lui avons infligé cette année une désagréable corvée. Le jour fixé pour la visite du Président était le Mardi et, comme bien on pense, tout un cérémonial avait été prévu pour le recevoir dignement. Néanmoins, le temps était si mauvais, le matin, que le Marquis de Polignac crut devoir téléphoner à l’Elysée ; mais M. Fallières ne voulut pas remettre sa visite, et, de fait, ç’aurait été une grosse déception pour la foule qui se pressait de bonne heure à Bétheny pour lui manifester sa sympathie.
L’insuccès fut aussi complet que possible. Une véritable tempête soufflait et pas un seul aviateur ne se risqua à sortir. Comme par ailleurs les hangars simulaient assez bien des ilôts au milieu d’un océan de boue, force fut de réduire le programme à une simple visite des Tribunes..... Sur la photographie on aperçoit le Présidents entre M. Briand à sa droite et le marquis de Polignac à gauche, au millieu d’un groupe de personnalités politiques.

Il avait été convenu que les aviateurs seraient présentés au Président pendant le lunch et c’était un spectacle assez original que de voir tous ces braves garçons, couverts de boue, venir lui présenter leurs respects, sous la haute direction de l’auteur, qui avait tenu à être le plus crotté de tous. La note gaie fut donnée par Efimoff, qui crut bon d’entamer, dans un charmant langage, mi-Russe, mi-Français, un petit discours sur l’Alliance, suivi de confidences personnelles : « Maintenant, moi voler France, bon pour argent ; voler Russie, pas gagner argent. » Il eut son petit succès.

Ce fut hélas ! La seule distraction de la journée. M. Fallières, vers 7 heures, se décida à quitter Bétheny sans avoir aperçu le moindre aéroplane, c’était encore moins qu’en 1909 où il avait au moins vu Paulhan. Après l’heure officielle de clôture des épreuves, trois braves décidèrent de se risquer pour donner une petite satisfaction au public : Latham, de Baeder et Weymann, ces derniers sur biplan Farman. Ils effectuèrent un tour de piste au milieu de l’angoisse générale, tandis que les nuages continuaient leur course échevelée sur le ciel noir.