Editions : Hachette
Auteur : R. Gandilhon
Parution : 1968
287 pages
Introduction
Le soleil de Louis XIV eût été privé de l’un des rayons de sa gloire, et non le moindre, si, dans un monastère de la vallée de la Marne, un humble religieux bénédictin n’avait pas conduit à sa perfection l’art de produire et gouverner les vins de Champagne. Le nom du révérend père Dom Pierre Pérignon se trouve être en effet lié par ses contemporains, et par les générations suivantes, à ce qu’on appellera bientôt le champagne. Ce moine de la congrégation de Saint-Vanne ne saurait sans doute endosser seul la responsabilité d’une évolution qui transpose le nom d’une province au profit d’un produit de l’industrie agricole, mais il aura provoqué indirectement, et involontairement, le glissement de la terminologie.
Une champagne désigne originairement une vaste étendue, plaine ou plateau, habituellement cultivée en céréales. Les latins eurent leur Campanie ; les géographes français parlent d’une champagne berrichone, par exemple. De petites champagnes donnent leur nom à plus d’un village ; sur des champagnes plus importantes, les villages sont dit en-Champagne ; une série de champagnes particulièrement caractérisées, celles de Reims, de Châlons, de Troyes, a formé la Champagne tout court, la Champagne par excellence...