Cette étude réalisée par Philippe Tourtebatte [1] compare les archives topographiques et historiques de la ville aux vestiges archéologiques d’un système d’exploitation de la craie.
La conduite de la recherche a permis la découverte d’une organisation rationnelle basée sur des techniques d’exploitation qui ont peu varié aux cours des siècles. La période d’apogée du creusement du sous-sol de la ville semble se situer du Xe au XVIIIe siècle et fut sûrement liée aux phases d’expansion économique et de fortification.
Actuellemment, près de 1 000 puits d’extraction ou « essort », d’une profondeur de 7 à 70 mètres, sont recencés dans la zone sud-est de la ville. Les vides laissés par les carriers représentent environ un volume de 300 000 m3 de craie extrait au cours des siècles. Reims a eu un besoin permanent en craie comme bloc de construction mais aussi pour la confection de la chaux vive qui restera le liant primordial des mortiers jusqu’à l’invention du ciment de Portland au XVIIIe siècle. Les industries textiles, les tanneurs, les teinturiers, les peintres, les maçons furent les principaux consommateurs de chaux vive difficilement transportable.
Les carrières souterraines de Reims constituent aujourd’hui la part la plus importante du patrimoine industriel de la cité.
Les projets d’aménagement et de mise en valeur des abords des monuments historiques de la basilique Saint-Rémi, de son abbaye et de l’ancien collège des Jésuites, dans le cadre de la Voie des Sacres, nécessitent une connaissance exhaustive des suggestions relatives au sous-sol des bâtiments et des espaces publics ou privés environnants. Cette étude concerne différents systèmes creusés clans la roche crayeuse grâce à des techniques particulières.
[1] Etude présentée au 119e congrès national des sociologues d’histoire scientifique à Amiens 1994. Carrières et constructions III, p. 119 à 133.