UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Crayères gallo-romaines de Reims

Puits de communication et cheminées d’aération

Afin d’accéder aux crayères les exploitants ont creusé des puits de communication qui débouchent toujours à côté d’une galerie principale. Ces puits de forme carrée ou circulaire, d’une section toujours inférieure à 1 m, peuvent partir directement des habitations en surface ou des zones de travail.

Des encoches, ou trous de boulins, régulièrement creusées dans la paroi des puits permettaient la pose éventuelle de barres de bois pour constituer une échelle afin de faciliter la communication entre la surface et les crayères.

Ces puits d’accès et d’aération sont visibles dans tous les principaux réseaux et leurs axes communs de disposition générale en surface correspondent aux axes de développement des galeries principales. Ces puits d’accès, les puits à eau, les essorts, grâce à la position constante de leurs ouvertures en surface, nous ont fourni des points de repères rythmés, qui soulignent d’une façon flagrante les directions principales des réseaux et souterrains. Cette constatation fondamentale nous a permis une extrapolation et la découverte de nombreuses cavités.

Le profil des galeries

Le profil des galeries demeure conditionné par la résistance de la roche en place. Le profil le plus fréquent dans les édifices étudiés est de forme trapézoïdale : le sol de la galerie forme la base la plus large du trapèze, le plafond (ciel en terme de carrier) formant la partie la plus étroite. La forme de certaines galeries peut également être influencée par la cassure conchoïdale (incurvée en forme de coquille) de la craie. Un autre profil très fréquent a le tracé d’une ogive tronquée ou arrondie à son sommet.

Reims, principaux profils de galerie.Ces profils de galeries sont la conséquence de la tenue de la roche en place, constituant ainsi un véritable étai naturel. La prise en compte de la résistance de la craie, dans les meilleurs bancs, s’affirme de façon spectaculaire pour certains essorts situés dans la partie sud-est de la ville (crayères les plus récentes) qui peuvent atteindre plus de 40 m de hauteur.

Le ciel ou plafond des galeries est toujours plus lisse que les parois verticales, cet aspect est déterminé à l’avance par l’amorce du creusement de la galerie en hauteur sur un joint de banc de craie qui peut constituer un repère topographique de progression pour les carriers.

L’éclairage

L’observation des parois des galeries et des essorts permet de voir des encoches réalisées régulièrement dans les joints de bancs. Elles permettaient de suspendre les lampes à huile ou autres, spécialement conçues à cet effet.

Les figures 5 [1] et 6 [2] nous montrent ce type d’éclairage fréquemment reproduit dans l’iconographie littéraire des XVIe et XVIIe siècles où débute la vogue des recueils systématiquement conçus. La fréquence de ces encoches, qui permettaient d’accrocher d’autres ustensiles, nous renseigne sur l’ampleur de l’extraction ou de l’occupation de la crayère et nous laisse présager la profondeur des galeries remblayées.

Notes

[1Reims, coupe schématique d’une galerie de crayère. Environs du XVIe siècle.

[2Lampe à huile, d’après une gravure du Spéculum veritatis. XVIIe siècle, Bibliothèque apostolique du Vatican (Cod. lat. 7286, P 10).