Le dépouillement complet de ce riche fonds d’archives n’étant pas terminé, nous avons décidé, en accord avec la Société propriétaire, d’en mettre des extraits sous forme de citations à la disposition des chercheurs lors de la première exposition consacrée à l’histoire de ce type de bouteille, par l’Ecomusée de Fourmies-Trélon dans les locaux de l’ancienne verrerie noire Clavon à Trélon.
Pour une meilleure compréhension, nous les avons regroupés par grands thèmes de l’évolution de ce type de bouteilles et à l’intérieur par date, enrichis de quelques éléments de correspondance d’autres Maisons de Champagne, mis à notre disposition par la Maison Moët et Chandon et Nicole Fiérobe, au travers de leur forme, leur embouchure, leurs contraintes de fabrication (couleur, matière première, moules…), le phénomène des casses, les types de contrôle qualité.
Avant d’écouter les remarques ou exigences de Nicole-Barbe Ponsardin, veuve de François Clicquot, il nous a semblé nécessaire de rappeler quelques extraits de deux documents, à notre avis fondateurs de ce nouveau type de bouteilles, l’un législatif du conseil d’état du roi Louis XV en 1735, autorisant la distribution du vin de Champagne en bouteille :
« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France, déclarons et ordonnons que… la matière vitrifiée servant à la fabrication des bouteilles destinées à renfermer les vins sera bien raffinée, également fondue en sorte que chaque bouteille ou carafon soit d’une égale épaisseur dans toute sa circonférence… Chaque bouteille contiendra à l’avenir, pinte mesure de Paris, et ne pourra être en dessous du poids de 25 onces… Défendons aux maîtres de verrerie de fabriquer ou faire fabriquer, faire entrer dans le royaume aucune bouteille qui ne soit du poids et jauge ci-dessus… »
Ordonnance royale du 8 mars 1735
et l’autre d’un érudit du milieu du 18e siècle, Nicolas Bidet, rappelant l’évolution de cette bouteille pendant ce siècle :
« On était autrefois dans l’usage de se servir indistinctement de bouteilles de différentes formes, qualités et contenances ; les uns se servaient de bouteilles plates, couvertes d’osier dont le verre était aussi mince qu’un verre à boire, par conséquent fort fragile et d’une contenance indéterminée. D’autres se servaient de bouteilles rondes dont le cul était fort large, et fort épais et le corps fort mince : le moindre effort du vin séparait le cul d’avec le corps. On en est venu ensuite à faire des bouteilles en forme de pommes dont le col écrasait la partie la plus élevée du corps, ce qui lui donnait une forme non seulement désagréable mais encore désavantageuse tant pour les entreilles dans les caves que pour le coup de bouchon. Vu le désavantage de cette forme, les Champenois se sont déterminés à donner à leurs bouteilles la forme d’une poire. »
Nicolas Bidet, 1759