UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Qui t’as fait roi ?

Un Syndicat de "Grandes Marques de Champagne"

Fait remarquable, les Maisons champenoises n’attendent pas cette loi.

A la veille des vendanges de 1882, le Ministre du Commerce adresse au Président de la Chambre de Commerce de Reims une lettre qui est une mercuriale il lui reproche la médiocrité des exportations de Champagne. Celles-ci atteignent pourtant une moyenne annuelle de plus de dix sept millions de bouteilles entre 1880 et 1890. Mais il y a bien sûr des hauts et des bas, et l’homme politique porte devant le Parlement la responsabilité des mauvais chiffres de la balance des paiements. Il doit trembler à l’idée d’affronter le mécontentement de la puissante et sévère Assemblée Nationale, héritière encore digne de la grande, de la terrible, de l’impitoyable Convention ; à moins qu’il ne sorte justement d’une houleuse séance parlementaire. Toujours est-il que le Ministre passe son humeur de comptable en faute en attaquant la qualité du vin lui-même le Champagne ne serait plus ce qu’il était !... Que n’a-t-il osé là ? Cette goutte de venin républicain fait déborder la flûte de Messieurs les fournisseurs de feu Louis XIV, et ce petit débordement déclenche une tempête dans les caves !... Les patrons des Maisons Heidsieck, Mumm et Moët prennent l’initiative de réunir leurs confrères pour tresser les colères de tous en une lettre de protestation cinglante. Mais l’encre, semble-t-il, ne suffit pas à apaiser les esprits, car une "Association Syndicale du Commerce des Vins de Champagne" surgit toute armée de la réunion historique du 19 septembre 1882. Cet organisme professionnel dont les conditions de naissance font en même temps un émouvant prématuré et un enfant rebelle, rassemble d’emblée vingt-deux Maisons, qui deviendront soixante après la promulgation de la loi du 21 mars 1884. Le pacte des vingt-deux fondateurs devait être brocardé par les négociants de Saumur en conflit avec les Champenois, comme "le sarment du jus de pomme". Cet à peu près de fin de banquet tombe à plat, et il est accablant pour ses auteurs dont il trahit la piètre idée qu’ils se font du vin. Le Syndicat qui deviendra celui des "Grandes Marques" se révèle aussitôt, contre eux d’ailleurs, l’arme suprême de la défense des intérêts champenois et l’instrument d’une politique de la qualité, remarquable de lucidité. Ce Syndicat est l’âme désormais de toutes les luttes pour la sauvegarde de la Champagne.