UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Champagne, la star du 7e art

Hollywood : fêtes et prohibition

« Nous faisions de ces fêtes. Le public de l’époque voulait nous voir vivre comme des rois et des reines. Alors c’est ce que nous faisions – et pourquoi pas ? Nous étions amoureux de la vie. Nous gagnions plus d’argent qu’il était possible d’en imaginer et n’avions aucune raison de croire que cela pouvait s’arrêter. »

C’est ainsi que Gloria Swanson, l’une des plus grandes actrices de l’époque, décrit la vie des stars à Hollywood dans les années 20. Tous conduisent de magnifiques automobiles, habitent de somptueux palaces et se retrouvent lors de fastueuses fêtes où le champagne coule à flot !

Dans le film Sunset Boulevard (1950) de Billy Wilder, c’est cette même actrice et icône de la période des films muets hollywoodiens, Gloria Swanson, que l’on retrouve dans le rôle de Norman Desmond. Sunset Boulevard est un des seuls films parlants qu’elle a tourné.

Pourtant, depuis janvier 1919, la Prohibition fait rage aux Etats-Unis (18ème amendement à la Constitution). Il y est interdit de fabriquer, transporter, importer, exporter et vendre de l’alcool. Pour s’approvisionner en champagne dont elles ne peuvent se passer, les stars hollywoodiennes ont recours à des bootleggers, c’est-à-dire à des contrebandiers issus de la mafia italo-américaine (dont le célèbre Al Capone).

Pour les Maisons de champagne, la situation est très difficile. Les exportations vers les Etats-Unis chutent drastiquement même si des bouteilles y arrivent en contrebande par le Canada, Saint-Pierre-et-Miquelon ou le Mexique.
Bertrand de Mun, Président du Syndicat du Commerce (actuelle Union des Maisons de Champagne) est à l’initiative de la Commission d’exportation des vins (actuelle Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux) qui rassemble les grandes régions viticoles exportatrices : Bourgogne, Champagne, Bordeaux…. L’objectif est d’inciter le gouvernement à renoncer à sa politique protectionniste qui provoque des mesures de rétorsion dans les grands pays importateurs de vins français.

Cette situation ne fait pas pour autant disparaître le champagne des écrans.
Au contraire, on continue à le mettre en scène à Hollywood, notamment dans des films se déroulant en Europe.

Par la suite, le cinéma américain reviendra sur ces Années folles, les Roaring Twenties, où se mélangent l’interdit, la fête, le jazz et le champagne. Dans Gatsby le Magnifique (2013) avec Leonardo di Caprio, le réalisateur Baz Luhrmann met en scène le luxe et les excès de la fête : d’immenses bouteilles de champagne Moët & Chandon, des centaines d’invités, d’incroyables feux d’artifices…

La précédente version de Gatsby le Magnifique, tournée en 1974 par Jay Clayton avec Robert Redford et Mia Farrow, met en scène le champagne Dom Pérignon, ce qui est totalement anachronique car l’histoire se déroule durant l’été 1922 ; or la cuvée Dom Pérignon n’est lancée par Robert-Jean de Vogüé, Président de Moët & Chandon, qu’en 1935 !

Dans Certains l’aiment chaud (1959) de Billy Wilder, volontairement tourné en noir et blanc pour plonger le spectateur au cœur de la crise de 1929, la police combat les bootleggers à Chicago. Pendant ce temps, sur le yacht d’un milliardaire à Miami, Tony Curtis et Marilyn Monroe échangent quelques baisers entre deux coupes de champagne.

Dans Les incorruptibles (1987) de Brian de Palma, un palier supplémentaire est franchi. C’est Al Capone, lui-même, interprété par Robert de Niro, qui lève sa coupe… en pleine Prohibition.
Le 5 décembre 1933, la Prohibition est abolie. Dans Il était une fois en Amérique (1984), de Sergio Leone, l’enterrement du 18e amendement est célébré : on sabre du Mumm Cordon Rouge.

Un parfum de meurtre de Peter Bogdanovitch (2001) relate l’histoire d’un fait divers survenu en 1924. Sur l’Oneida, le bateau du magnat de la presse et producteur William Randolph Hearst, de grandes personnalités du cinéma sont réunies : Charlie Chaplin, l’actrice Marion Davies (maîtresse de Hearst), le producteur Thomas Ince…Le champagne y est omniprésent. Il révèle l’humeur de Hearst qui boit assez peu, mais qui a l’habitude de reprendre une seconde coupe lorsqu’’il se sent particulièrement bien. En l’occurrence, il n’en boit qu’une.
Quelques minutes plus tard, il tue par mégarde Thomas Ince.

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