UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Chronologie des évènements

Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)

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Septembre 1717 - août 1719

Création de la Compagnie d’Occident, société anonyme par actions, qui reçoit le monopole de l’exploitation des richesses naturelles du Mississippi, et qui, ayant absorbé les autres compagnies, devient dès l’année suivante la Compagnie française des Indes, reçoit le monopole du commerce avec les colonies et la Chine, obtient le privilège de la fabrication des monnaies, le bail des Fermes générales et le recouvrement des impôts.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1717

La Banque de John Law reçoit l’autorisation d’émettre des billets, admis dans les caisses publiques, remboursables à vue, en espèces invariables de poids et de titre. C’est-à-dire plus sûrs que la monnaie métallique, au cours variable.

Le séjour du tsar Pierre Ier le Grand à Paris est suivi de la signature d’un accord entre la France et la Russie.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1717

Dans le Journal de la Régence, on trouve à la date du 1er juin le récit de sa visite :

« Le lendemain, il fut à Fontainebleau, où il trouva le vin si bon qu’il s’enivra [...] Etant sorti de table et retiré dans la chambre où il coucha, il se fit encore apporter quatre bouteilles de vin de Champagne qu’il but avec son vice-chambellan et avec le prince Kourakin, avant de se mettre au lit »

Ce qui aurait fait dire à Frédéric-Guillaume Ier de Prusse : « Pierre-le-Grand ! qu’a-t-il rapporté de ses courses ?... l’habitude de s’enivrer avec du vin de Champagne au lieu de s’enivrer avec de l’eau-de-vie ».

Claude Moët, qui possède vignes (entre 1 et 2 ha) à Chouilly (lieuxdits « Les Partelaines » et « Bellenoue ») et vendangeoir à Cumières, achète une charge de commissionnaire à Épernay. Il devient ainsi marchand de vins et expédie d’abord en poinçons (fûts de 200 l environ), puis plus tard en poinçons et en bouteilles.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

2 mai 1716

Création de la Banque de John Law (capital : 6 millions de livres, divisé en 1.200 actions), à laquelle l’Etat s’associe au mois d’octobre.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1715 - 1723

Régence de Philippe, duc d’Orléans, pendant les huit années de la minorité du fils de Louis, duc de Bourgogne, arrière-petit-fils de Louis XIV le Grand, et de Marie-Adélaïde de Savoie.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1715 - 1723

Le vin effervescent de Champagne devient immédiatement le favori des « roués » de la Cour du Régent, le « roué » étant défini par Louis-Sébastien comme « un homme du monde qui n’a ni vertus ni principes, mais qui donne à ses vices des dehors séduisants, qui les ennoblit à force de grâces et d’esprits ».

Philippe d’Orléans lui-même, dans la journée, ne prend généralement que du chocolat. Mais quand il « boit un peu trop, écrit sa mère, la Princesse Palatine, il ne fait pas usage de fortes liqueur, mais de vin de Champagne ».

Déplorant sa faiblesse, la Gazette de la Régence constate que « le vin de Pomard et celui de Champagne rangent assez bien le prince à trouver bon tout ce qu’on désire ».

Aux « petits soupers » qui animent presque chaque soir les petits salons du Palais Royal, on consomme beaucoup de vin effervescent de Champagne.

Voici ce qu’en dit le duc de Richelieu dans ses Mémoires :

« La vie ordinaire du régent était de donner une partie du jour aux affaires ; mais le soir, il se retirait avec ses maîtresses et ses roués, pour souper, jouer, boire, etc. […] »

« Tous ces débauchés quittaient la partie le lendemain matin, et plusieurs, qui étaient encore pris du meilleur vin de Champagne, allaient se reposer chez eux des fatigues de la veille, et reprendre des forces pour recommencer le lendemain. […] »

« Dubois avait ordonné à Mme de Tencin de composer la « chronique scandaleuse du genre humain ». […] On mit en action Messaline et Cléopâtre. […] Jamais les orgies ne commençaient que tout le monde ne fût dans cet état de joie que donne le vin de Champa gne. »

Quant à la Chronique de l’œil-de-Boeuf, elle assure que « le premier soupir amoureux de Son Altesse Royale fait explosion avec la première bouteille de vin de Champagne, ajoutant que quelquefois la tendresse de Philippe est épuisée avec le nectar pétillant du flacon ».

La Princesse Palatine écrit dans ses Mémoires que « les dames boivent encore plus que les hommes » et que le jour de l’enterrement de la duchesse de Berry « la Mouchy a bu du champagne aussi goulûment que si de rien n’étoit ».

Parmi les nombreuses maîtresses du Régent, Marie-Madeleine de la Vieuville, comtesse de Parabère, se distingue par son amour des plaisirs et de la boisson. Si Mme de Parabère préside les soupers du Palais-Royal en qualité de « sultane régnante », elle laisse à l’ambitieuse Mme de Tencin l’organisation des lupercales du château de Saint-Cloud dont le duc de Richelieu dit que « jamais les orgies ne commençoient que tout le monde ne fût dans cet état de joie que donne le vin de Champagne ».

On lit, toujours dans la Chronique de l’œil-de-Boeuf, que chez le prince de Soubise on enivra la ravissante comtesse de Gacé. « Elle aime beaucoup le vin de Champagne, mais elle le supporte mal et l’ivresse de cette belle, aussi passionnée qu’amie du nectar mousseux, fut un tendre délire ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1715

Autres témoignages de la réputation de Dom Pérignon et des vins qu’il a élaboré au cours de l’exercice de sa charge.

Le comte d’Artagnan, autre client d’Adam Bertin du Rocheret, lui écrit dans une lettre datée du 9 novembre : « M. le marquis de Pizieux qui arriva hier m’a dit que le Pere Prignon éstoit mort ; qui a fait bien parler de luy durant sa vie ; je voudrois bien que vous eussiez pensé à moy sur les premiers vins de cette abbaye, car, franchement, ce sont les meilleurs ».

Le poète Regnard, son contemporain, le cite dans ses Oeuvres (Epitre XI) :

« Je te garde avec soin, mieux que mon patrimoine,
D’un vin exquis sorti des pressoirs de ce moine
Fameux dans Ovilé, plus que ne fut jamais
Le défenseur du clos vanté par Rabelais
 ».

Comble de la popularité, le cellérier d’Hautvillers figure dans une énumération des hauts lieux de Champagne, sous la plume d’un commentateur de Boileau, Claude Brossette, qui, dans une note de la troisième satire (le Repas ridicule), fait l’erreur de le prendre pour un cru viticole. Il écrit en effet que « les plus fameux Côteaux qui produisent le vin de Champagne sont Rheims, Pérignon, Silleri, Haut-Villiers, Aï, Taissy, Verzenai, S. Thierri ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

5 octobre 1713

Naissance à Langres de Denis Diderot.

Histoire de la Champagne
Siècle des Lumières

24 septembre 1713

Force est de constater qu’aucune pièce comptable établie du vivant de Dom Pérignon ne parle des vins de l’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers autrement que comme « vins tranquilles ».

La Liste d’inventaire des vins en la paroisse d’Hautvillers, conservée par les Archives départementales de la Marne à cette date, la dernière connue avant la disparition du célèbre cellérier, ne distingue que des « vins nouveaux » et des « vins vieux », qu’en l’absence d’autres précisions on ne peut considérer à coup sûr comme des vins qui moussaient.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1712

Charles Coffin, natif de Buzancy, professeur au Collège de Beauvais, répond à Bénigne Grenan par une ode pleine d’esprit et de verve intitulée la Champagne vengée ou Louange du vin de Reims qu’un poète bourguignon a, élégamment à la vérité, mais injustement blâmé.

La ville de Reims le récompense en lui envoyant un présent annuel de quatre douzaines de bouteilles de vin rouge et gris.

Les Bourguignons ne désarment point pour autant.

Bénigne Grenan adresse au célèbre médecin Guy-Crescent Fagon une pièce en vers, sous forme de requête, ne tendant à rien moins qu’à faire proscrire, par la Faculté de médecine, le vin de Champagne comme contraire à la santé.

La requête de Grenan à Fagon fait dire aux Champenois que le vin de Bourgogne est bien malade, puisqu’il a recours aux médecins, et elle donne naissance aux deux épigrammes suivantes, d’un auteur anonyme :

« A ce que je me persuade, sur la qualité des bons vins.
Grenan, ta cause est bien malade, tu consultes les médecins
. »

« Quand on s’adresse au médecin, c’est qu’on éprouve une souffrance.
Bourgogne vous n’êtes pas sain, puisqu’il vous faut une ordonnance
. »

Sur ces entrefaites, est lancé le fameux décret en vers latins attribué à Coffin, et supposé rendu sur la requête ci-dessus par la Faculté de médecine de l’île de Cos, laquelle semble se prononcer en faveur du vin de Bourgogne, bien qu’au fond le vin de Champagne gagne sa cause.

Deux rhétoriciens du Collège des Bons-Enfants de l’Université de Reims, A.R. Richard et L. Degrigny, font une Imitation de l’ode latine de M. Coffin, sur le vin de Champagne.

M. de Bellechaume compose également une ode à Messieurs Coffin et Grenan, professeurs des belles-lettres sur leurs combats poétiques au sujet des vins de Bourgogne et de Champagne.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1711

Bénigne Grenan, né à Noyers en Bourgogne, professeur à l’Université de Paris, compose une ode latine sur le vin de Bourgogne, dans laquelle il lui accorde la prééminence sur celui de Champagne.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1710

A partir de cette date, les livres de comptes distinguent, parmi les vins de Champagne, les « vins pour mousser », puis, bientôt, les « vins mousseux ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1709 - 1843

Pendant trois générations, les Taillet, vignerons aisés de Merfy, tiennent un registre manuscrit de 200 pages relatant les choses de la famille, l’appréciation météorologique générale de l’an née, le prix du vin et des céréales, les particula rités curieuses du village et de ses environs, les événements plus généraux, les différentes péri péties par où passent les cultures et la vigne.

Commencé par Fiacre Taillet qui le tint à jour jusqu’en 1744, il est repris par son fils aîné Laurent Taillet jusqu’en 1782 et poursuivi par son petit-fils Antoine jusqu’en 1843.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1709

Hiver particulièrement rigoureux, entraînant
une grande famine, après les mauvaises récoltes de l’été, et une crise économique généralisée, qui coïncide avec les défaites de la Guerre de Succession d’Espagne.

Histoire de France
Siècle des Lumières

7 juin 1706

Dans le Journal des Sçavans, apparaît le mot «  flacon » utilisé en Champagne pour désigner la bouteille.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1er avril 1706

Pierre Le Pescheur, médecin rémois très considéré, rédige une Réponse à la troisième édition de la lettre de M. de Salins l’aîné nouvellement imprimée à Beaune, contre la thèse soutenue à Reims, en faveur du vin de Champagne.

Jean-Baptiste de Salins l’aîné veut répondre à nouveau, mais son frère de Dijon, Hugues de Salins, auquel il a imprudemment envoyé sa réplique, s’approprie celle-ci et la fait publier sous son nom.

« Sa » défense du vin de Bourgogne est tout à fait remarquable. La première édition, en latin, paraît à Dijon ; elle est traduite en français la même année, sous forme d’une Lettre écrite à un magistrat du premier ordre, pour réponse à un docteur rémois auteur d’un libelle diffamatoire, par deux lettres écrites contre l’honneur et la réputation des vins de Beaune, dédiée à M. Le Belin, conseiller du Roi au Parlement de Bourgogne.

Rapportant ses propos dans sa huitième livraison de l’année 1706, le Journal des Scavans porte la polémique sur la scène nationale, voire européenne :

« Pour avoir de bon vin, il faut que le terroir ne soit ni trop sec ni trop gras, que l’exposition soit plutôt au levant et au midi qu’au couchant, et que le lieu ne soit point trop éloigné de la ligne équinoxiale. Toutes ces conditions se rencontrent dans le terroir de Beaune ; mais pour le vin de Reims, il n’en va pas de même : celui qui croît sur les coteaux a une terre sèche comme de la craie, et celui qui croît dans des vallons a une terre trop grasse et trop visqueuse ; le pays outre cela est de trois degrés plus éloigné de la ligne équinoxiale que le pays de Beaune ; c’est ce qui fait que le vin de Reims n’a pas de force, et qu’il n’est pas propre à nourrir le corps ; au lieu que le vin de Bourgogne est si plein d’esprits, qu’à peine est-il hors du pressoir qu’il se dégage de toutes ses impuretés ce qui le rend plus capable de se tourner en nourriture et de fortifier le corps. On cite ici le témoignage d’Erasme, qui dit dans la vingt-cinquième lettre du livre cinq qu’étant malade à Louvain, et craignant d’être attaqué de peste, il ne trouva pas de meilleur moyen pour rétablir son estomac languissant, que de boire un peu de vin de Beaune. Notre auteur remarque qu’à Paris, avant l’année 1648, on ne parlait presque pas du vin de Champagne. Il ajoute que sans les soins de M. Le Tellier et de M. Colbert, qui avaient beaucoup de vignobles à Reims, ce vin serait peut-être encore aussi méprisé qu’autrefois.

« Le vin de Champagne, poursuit notre auteur, abonde moins en esprits, en baume, en sels fixes et volatiles, que le vin de Bourgogne ; ce qui fait, dit-il, que le vin de Champagne est sujet à s’engraisser, et qu’il devient presque insipide avant qu’il soit à la moitié du tonneau. De plus, le vin de Champagne s’affaiblit par le transport, celui de Bourgogne au contraire n’en devient que meilleur.

« Le vin de Champagne n’enivre presque pas, dit l’auteur de la thèse soutenue à Reims, mais c’est en cela même, réplique-t-on ici, qu’on doit regarder ce vin comme un vin privé d’esprit, et par conséquent comme un vin capable de produire des paralysies, des gouttes, des rhumatismes, et une infinité d’obstructions opiniâtres ; au lieu que le vin de Bourgogne, par la subtilité de ses sels, désobstrue les vaisseaux Iymphatiques de la rate et des reins, et emporte même toutes les matières qui pourraient donner lieu à la génération de la pierre. Il est vrai qu’il porte à la tête, mais une tasse de thé ou de chocolat remédie bientôt à cet inconvénient. Le vin de Bourgogne rend l’esprit libre, fournit des pensées, fortifie la mémoire, ce qui est le propre de tous les bons vins. »

Quelques mois plus tard, le même Journal des Sçavans publie une réponse « pied à pied » à la lettre du médecin de Beaune, par celui de Reims. Après avoir plaisanté son compétiteur sur son argumentation géographique et historique, on en vient aux faits, et aux explications techniques :

« On demande où M. de Salins a appris que le vin de Reims a été mis en crédit par deux de nos ministres, à cause des vignes qu’ils avaient en Champagne. Tout le monde sait que l’un de ces ministres n’y a jamais possédé aucun autre domaine que la terre de Louvois, dont le revenu ne consiste qu’en bois ; et que l’autre y avait si peu de vignes [...].

« Le vin de Champagne ne souffre ni la mer ni le long transport par charrois [...]. Il passe incomparablement plus de vin de Champagne en Angleterre, en Allemagne, en Danemark et dans tout le nord, que de vin de Bourgogne [.. .]. Depuis qu’on a trouvé le secret de tirer les vins au clair, on mènerait les vins de Champagne au bout du monde [...]. Mgr de La Haye rapporte dans ses voyages que, passant la ligne [l’Equateur], le vin de Reims, s’étant troublé comme les autres, redevint clair et sans aucune altération de ses qualités, ce qui n’arriva point aux autres vins. M. Tavernier assure qu’il a toujours fait présent de vin de Champagne aux souverains [en Perse]. Un voyageur moderne a dit en avoir bu au Siam et Surinam. Mgr de La Feuillade n’a envoyé au duc de Savoie que du vin de Champagne.

« Pour ce qui est du temps que les vins de Champagne mettent à s’éclaircir [...], il est vrai de dire que les vins sont d’autant plus exquis qu’ils sont plus lents à fermenter et à se purifier. C’est ce que nous remarquons dans les années chaudes et sèches, où les vins de Champagne ne sont purifiés que vers Noël. On ne doit donc pas regarder comme un défaut dans les vins de Champagne, de fermenter plus lentement, puisque c’est de là qu’ils deviennent plus chauds de vin, que l’acrimonie de leurs sels s’adoucit, et que leur sève est plus fine. Il est vrai qu’on peut conclure de là que les vins de Champagne abondent en parties oléagineuses, mais ces parties y sont si nécessaires que moins il s’en perd par la fermentation, plus ils sont agréables à l’odorat et au goût. Les vins de Bourgogne au contraire, achevant plus tôt leur fermentation et leur défécation, en deviennent plus grossiers, à cause de l’évaporation de ce qu’ils pourraient avoir de subtil. De là vient que leur couleur est d’un rouge jaunâtre, cette couleur ne pouvant être que l’effet de la terre, des sels, et des souffres grossiers dont ils sont chargés... ».

« Et le défenseur rémois de conclure : «  Il n’y a point de province qui fournisse de plus excellents vins pour toutes les saisons que la Champagne. Elle nous founnit les vins d’Aÿ, d’Avenay, d’Hautvillers jusqu’au printemps ; de Sillery et de Taissy pour le reste de l’année et au delà. Léon X, Charles Quint, François ler, Henri Vlll [eurent] du vin d’Aÿ. C’est le plus épuré de toute senteur de terroir, celui qui a le goût le plus exquis. Henri IV se faisait appeler Seigneur d’Aÿ et de Gonesse : honneur qu’il n’a pas fait à Beaune, ni à Volnay.

« Venceslas, roi de Bohême et des
Romains, étant venu en France pour quelque négociation avec Charles Vl, se rendit à Reims au mois de mars 1397. Quand il fut dans cette ville, il en trouva le vin si bon, qu’il s’en enivra plus d’une fois, et qu’un jour s’étant mis par là hors d’état d’entrer en négociation, il aima mieux accorder ce qu’on lui demandait, que de cesser un moment de boire du vin de Reims
.

« Mais, dit M. de Salins, il y a peu d’années que le sieur Machien (Mathieu) Fournier soutint dans les écoles de médecine de Paris que le vin de Reims causait la goutte. M. Fournier peut dire tout ce qu’il lui plaira, par bonheur sa thèse ne donne pas la goutte. Le vin de Reims a été célébré dans les écoles de Paris dès 1677 [...]. La conclusion de la thèse était Donc le vin de Reims est le plus salubre de tous ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1705

François Mimin, natif de Reims, s’attaque énergiquement au vin de Bourgogne, dans une thèse qui connaît un très gros succès. Comme elle est écrite en latin, naturellement, elle est traduite en français pour être mise à la portée de tout le monde.

Le dernier paragraphe est seul consacré au vin de Champagne. « Sa couleur, écrit-il, est si vive que le diamant le plus pur ne brille pas davantage aux yeux ; quelquefois, le rouge est si vermeil qu’on le prendrait pour des rubis distillés ; enfin, c’est de l’union de ces deux couleurs que se forme ce que nous appelons « l’œil de perdrix », qui, pour n’avoir pas tant d’éclat, n’en est pas moins agréable à l’œil ».

Le fameux argument de la goutte revient alors, retourné comme il sied, en faveur du vin de Champagne qui présente en outre l’avantage de conserver la santé, et de conduire ceux qui en boivent jusqu’à un âge avancé.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

Juillet 1702 - octobre 1704

JGuerre des Camisards.

Révoltés à la fois contre l’intolérance dont ils sont les victimes et la fiscalité écrasante, les protestants des Cévennes prennent les armes.

Louis XIV envoie contre eux le maréchal de Montrevel, dont les méthodes excessives accroissent les horreurs de cette guerre civile.

Dès qu’il lui succède à la tête des troupes royales, le maréchal de Villars adopte une méthode d’apaisement et réussit à négocier avec leur principal chef, Jean Cavalier, qui fait sa soumission contre de substantiels avantages.

Six mois plus tard, la révolte est terminée avec la capitulation définitive de Rolland, autre chef camisard.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1702

Jean-Baptiste de Salins l’aîné, docteur de la Faculté et doyen des médecins de Beaune, écrit, au sujet de la thèse de Gille Culotteau, un factum de vingt-trois pages, intitulé Défense du vin de Bourgogne contre le vin de Champagne, par la réfutation de ce qui a été avancé par l’auteur de la thèse soutenue aux écoles de médecine de Reims, le 5 mai 1700, où il y a plus de mauvaise humeur que de bonnes raisons, pour démontrer que le vin de Champagne n’est que le cadet du Bourgogne.

« Ecrire contre le vin de Bourgogne, dit-il, tâcher de diminuer la réputation que cet excellent vin s’est acquise depuis tant d’années et vouloir en place élever le vin de Champagne, c’est une hardiesse indigne, c’est une arrogance contre laquelle je n’ai pu tenir, il faut être pour cela d’une témérité plus que forcenée. »

L’ouvrage connaît un tel succès, qu’il est réimprimé trois fois dans l’espace de quatre années, à Beaune, Paris et Luxembourg.

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Siècle des Lumières

1701 - 1714

Guerre de la Succession d’Espagne, entreprise à cause du testament de Charles II d’Espagne, décédé sans descendance, qui lègue tous ses Etats à Philippe, duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV (lui-même petit-fils de Philippe III d’Espagne), lequel conserve par ailleurs tous ses droits à la succession au trône de France pour le cas où la branche aînée des Bourbons viendrait à s’éteindre, et parce que Louis XIV soutient les prétentions du fils de Jacques II Stuart au trône d’Angleterre.

L’Europe entière réunie dans la Ligue de La Haye, exceptée l’Espagne et la Bavière, entre une nouvelle fois en guerre contre la France.

Les principaux faits de cette guerre sont : les victoires du duc de Villars à Friedlingen et Hochstedt, les défaites de Marsin et Tallard à Hochstedt, celles du maréchal de Villeroi à Ramillies et du duc de La Feuillade à Turin ; les victoires de Berwick et duc de Villars à Almanza et Stalhofen ; les défaites des ducs de Vendôme, de Bourgogne et de Villars à Oudenarde, Lille et Malplaquet ; les victoires des ducs de Vendôme et de Villars à Villaviciosa et Denain.

Par le Traité d’Utrecht, Louis XIV cède à l’Angleterre Terre-Neuve, l’Acadie, la baie d’Hudson, déclare abandonner la cause des Stuarts et s’engage à combler le port de Dunkerque. Philippe V d’Espagne conserve toutes ses colonies, mais renonce pour lui et sa postérité au trône de France. Il abandonne à l’Angleterre Gibraltar et l’île de Minorque, ainsi que l’asiento, monopole de la traite dans ses possessions coloniales.

Par le Traité de Rastatt, l’empereur d’Autriche Charles VI obtient les Pays-Bas, le Milanais, la Toscane, le royaume de Naples et la Sardaigne. Le duc de Savoie reçoit la Sicile ; la France, Barcelonnette et la principauté d’Orange.

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Siècle des Lumières