Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Reconstitution du vignoble champenois détruit ou désorganisé par la Guerre de Cent Ans : démantèlement des grands domaines et multiplication des petites propriétés.
La « comptabilité » de la châtellenie de Courville garde trace d’une vente de l’arche vêque Richard Picque à des marchands de Douai de « XXIII queues de vin de vendenges l’an LXXXVII, rendues à eulx environ Pasques l’an IIIIXX et VIII, qui montèrent à XIII tonniaux et VI sextiers... »
Pour être livrès à bon port, ces vins « profitent » de la descente de l’Aisne.
Venceslas IV, roi de Bohême et des Romains, venu à Reims conférer d’affaires d’Etat avec son « cousin » de France Charles VI, s’y adonne à de telles libations que, dans les fumées de l’ivresse, « il signa tout ce que l’on voulut… ».
Par un accord conclu avec l’archevêque de Reims, les chanoines de Notre-Dame obtiennent le droit de faire prendre dans le cellier de celui-ci deux muids du meilleur vin des environs de Reims, le 15 décembre de chaque année.
Sous le nom de « pampelune », cette coutume s’enrichit de dons de vignes à Trois-Puits (1412), et subsiste jusqu’à ce que l’archevêque Charles-Maurice Le Tellier la fasse remplacer par une redevance de 75 livres (1671).
Déjà comte de Vertus de par son mariage avec Valentine Visconti, Louis d’Orléans achète la vidamé de Châlons. Ses possessions champenoises s’étendent aux seigneuries de Sézanne, Chantemerle, Château-Thierry, Châtillon-sur-Marne, Rosnay, Le Porcien, etc.
Les crus marnais sont déjà assez appréciés pour que les habitants d’Amiens offrent au duc de Bourgogne, Philippe II le Hardi, lors de son entrée dans leur ville, 2 queues de « vin de Rivière de Marne ».
La « comptabilité » de la seignerie d’Aix-en-Othe porte trace de nombreuses mentions de dépenses et de journées payées pour la façon des vignes de ses terres.
L’inventaire après décès de l’archevêque de Reims Richard Picque, montre que le goût va alors à des vins blancs légers.
L’inconvénient est qu’ils se conservent mal et perdent de leur valeur en vieillissant : « [...] cinquante queues de vin nouveau, à trente sous la queue ; vingt queues de vin vieux (« vin vieux » désigne globalement le vin restant des récoltes antérieures), qui ne vaut rien... »
La « comptabilité » du domaine de Vieil-Arcy, propriété du chapitre de la cathédrale de Reims, mentionnent pour la première fois le tri qualitatif des raisins : des femmes sont employées « pour vendangier ès dictes vingnes VIII queuez de vin de raisins pourris », ainsi mis à part.
Des vins en provenance de la région de Reims et d’Épernay, destinés aux caves de l’hôtel du duc de Bourgogne, Philippe II le Hardi, à Utrecht, sont convoyés jusqu’à Mézières.
L’officier qui en a la charge a mission de les « mettre en la rivière de Meuse » pour « les faire venir par ladite rivière jusqu’à la ville de Treit (Utrecht) en Allemagne ».
La « comptabilité » de l’hôtel de Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, tenu par Pierre Vaporel, fait état du prix payé pour onze queues de vin vermeil (1 queue : environ 400 l) de Bar-sur-Aube :
« A Jehan de la Chambre, marchant et bourgeois de Tournay, qui deuz lui estoient pour XI queues de vin vermeil de Bar-sur-Aube tout cler sans lyse, prins et acheté de lui à Bruges pour les garnisons ordonnées faire pour monseigneur à Gand au pris de XIX franz la queue et paié par la quittance donnée le IIe jour d’août l’an mil CCC IIIIXX et VI : IIC XI franz ».
En liaison avec les insurrections parisiennes des Maillotins, les bourgeois de Reims, Châlons et Troyes prennent les armes et se soulèvent contre les collecteurs des impôts royaux et le gouvernement des princes. Une dure répression met fin aux troubles.
Après huit années d’une régence exercée par ses oncles les ducs d’Anjou, de Bourgogne et de Berry, qui ne pensent qu’à piller le trésor royal, Charles VI le Fol, fils de Charles V le Sage et de Jeanne de Bourbon, accède au trône.
Dès 1392, il commence à manifester des signes de déséquilibre intermittent, qui ne font que s’accentuer au cours des trente années suivantes, pendant lesquelles la France est livrée à la guerre civile et à l’invasion anglaise.
Chevauchée anglaise du duc de Buckingham, de Calais au Gâtinais, en passant par Laon, Pontavert, Cormicy, Hermonville, Condé, Vertus, Troyes, etc.
Un jugement du bailli de Vermandois relate le voyage de 106 queues de vin, propriété de quatre marchands : Jean Culdoe, Angelus Mallegaille, Guillaume Fabri et Jacques Quignan. Après avoir effectué leur achat à Reims et dans les villages voisins, ils conduisent leur précieuse marchandise à Rouen, où, faute d’acquéreurs ils l’envoient par mer à l’Ecluse, aux Pays-Bas.
Chevauchée anglaise de Jean de Gand, duc de Lancastre, allant de Calais à Sens, via la Champagne.
Chevauchée anglaise de Robert Knolles, allant de Calais à Auxerre, via la Champagne.
Vente d’un « lot de vins françois à la mesure dudit lieu de Reinz », sans que soit mentionnée leur provenance autrement que par l’origine commerciale.
Le comté de Vertus, auquel est jointe la seigneurie de la Ferté-sur-Aube, est constitué en dot pour la fille de Jean II le Bon, à l’occasion de son mariage avec Jean Galéas Visconti.
Règne de Charles V le Sage, fils de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg.
A l’occasion de son couronnement Charles V le Sage et Jeanne de Bourbon, son épouse, sont accompagnés de dignitaires étrangers, tels que le roi Pierre de Chypre, les ducs de Bourgogne et d’Anjou, et bien d’autres nobles et prélats qui, pendant les cinq jours que dure le festin royal, font ample connaissance avec les vins de Reims et d’Épernay.