Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Fondation du Centre métallurgique du Creusot par la Société Perier, Bettinger et Cie, dont fait partie le chevalier Ignace de Wendel.
Selon un « livret de cave » conservé aux Archives Nationales, l’inventaire de la cave de Louis XVI fait état de bouteilles de Verzi (292) et de Bouzi (55) rouges ; on y relève aussi des bouteilles de vins d’Épernay (1.791), d’Ai (666), de Pierry (292) et de Sillery (468), mais rien n’indique qu’ils étaient mousseux.
Ces vins étaient destinés aux diverses « maisons de campagne » du roi et de sa famille : Saint-Hubert, Versailles, Compiègne, Fontainebleau…
Robert Linguet présente, devant la Faculté de médecine de Paris, une thèse titrée le vin de Reims est aussi agréable que salutaire et proclame sa préférence pour le vin de Champagne sur le vin de Bourgogne.
Dans son Mémoire sur partage pour les Sieurs Cazotte, de Failly et autres propriétaires de vignes au terroir de Pierry, Intimés, contre les Religieux Bénédictins de l’Abbaye d’Hautvillers, Décimateurs d’une partie des terres de Pierry, Dudoyer de Vauventrier rappelle que « le mélange des raisins de différents crus sur le pressoir en Champagne est un point de fait de notoriété publique, ajoutant qu’à Pierry, il n’y a dans aucun des celliers des propriétaires bourgeois de vin proprement dit de Pierry, le vin qui s’y trouve étant composé de raisins de Pierry et en même temps de raisins de Moussy, Vinay, Ablois, Cuy, Cramant, Épernay, Ay, Dizy, Hautvillers et autres qui ont été mêlés et dont le jus a été extrait ensemble et confusément sur le pressoir ».
Néanmoins, il arrive que ce soit seulement au stade du cellier que l’on mélange des moûts ou des vins provenant de différents crus dans un souci de recherche et de maintien de la qualité.
Les négociants et le conseil municipal de Reims adressent un placet au ministre Sartine pour lui exposer qu’en raison de la guerre d’Indépendance américaine, « ils se trouvent chargés d’une très grande quantité de vin de Champagne, tant de leur cru que d’autres, dont ils désirent l’exportation ».
Louis XVI abolit la « question » préparatoire destinée à arracher des aveux.
Louis XVI affranchit gratuitement les derniers serfs du domaine royal et invite les seigneurs à en faire autant dans les provinces où il en existe encore.
Par un arrêt dans lequel elle donne formellement l’avantage au vin de Champagne qui a des vertus diurétiques, la Faculté de médecine de Paris essaie de trancher définitivement le différend entre vin de Champagne et vin de Bourgogne.
Des ses Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, le marquis M.-A. René de Paulmy confirme l’opinion émise par sir Edward Barry trois ans plus tôt sur la désaffection des consommateurs vis-à-vis du vin effervescent de Champagne :
« Il n’y a pas plus de cent ans qu’a commencé la mode de faire mousser le vin de Champagne, il n’y en a pas vingt qu’elle a cessé. Il n’en reste de traces que dans quelques chansons bacchiques où la mousse du Champagne est célébrée. Seulement quelques vieux Buveurs se souviennent encore de s’être extasiés à la vue d’un bouchon qui frappoit le plancher ».
Les ventes totales de vins de Champagne se montent à 18.613,5 hl et 212.498 bouteilles ; la majeure partie est livrée en fûts.
D’après les chiffres de Turgot, l’Allemagne est de loin le premier marché des vins de Champagne. Ses importations se montent à 12.091 hl en tonneaux et 165.944 bouteilles. Viennent ensuite, dans l’ordre, la Flandre, l’Angleterre, la Russie, la Pologne, la Scandinavie, la Hollande, la Suisse et l’Italie.
Lancement du premier journal quotidien français : le Journal de Paris (20.000 exemplaires vers 1790).
L’Académie de Châlons ouvre un concours sur Les moyens de détruire la mendicité en France.
Lors d’une Question agitée dans les Écoles de la Faculté de médecine de Reims le 14 mai 1777 par M. Navier fils, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine en l’Université de Reims, de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Chaalons, sur l’usage du Vin de Champagne Mousseux contre les Fièvres putrides et autres Maladies de même nature, publiée à Paris en 1778, en latin et en français, l’auteur soutient que le vin mousseux de Champagne peut, avec succès, guérir les maladies putrides et épidémiques.
Guerre d’Indépendance des treize colonies anglaises d’Amérique du Nord.
Les principaux faits de cette guerre sont :
la prise de New York et Philadelphie par les forces anglaises, l’intervention française au moyen d’un corps expéditionnaire de 6.000 hommes, commandé par La Fayette et Rochambeau, et de la flotte de l’amiral-comte de Grasse, les victoires du général Washington à Saratoga et à Yorktown.
Par le Traité de Versailles, l’Angleterre reconnaît l’indépendance des treize colonies confédérées ; la France recouvre ses comptoirs de l’Inde, les îles de Tobago et Sainte-Lucie, Saint-Pierre-et- Miquelon, le droit de pêche à Terre-Neuve, Gorée et le Sénégal ; l’Espagne, alliée de la France, l’île de Minorque et la Floride.
Le commerce des vins se trouve enfin libéré par un Edit royal pris à l’instigation de Turgot, aux termes duquel « Sa Majesté permet de faire circuler librement les vins dans toute l’étendue du royaume, de les emmagasiner, de les vendre en tous lieux, et en tout temps, et de les exporter en toutes saisons, par tous les ports, nonobstant tous privilèges particuliers et locaux à ce contraire, que Sa Majesté supprime ».
La perception des droits à divers échelons reste cependant une gêne pour le commerce, mais tous les vins paient les mêmes droits d’entrée, ce qui avantage les vins fins. Dans ses Tableaux de Paris, Louis-Sébastien écrit à ce sujet : « Le tonneau de l’excellent Bourgogne, du délicieux Champagne ne paie pas plus d’entrée que le tonneau de Brie, et le vin qui déchire le gosier du tailleur est taxé au même taux que le nectar qui parfume la bouche du conseiller d’Etat ».
Création de la Caisse d’Escompte à Paris.
L’année est notoire pour le nombre de bouteilles de vins mousseux de Champagne cassées (l’activité des levures devait être particulière ment explosive), et pour le désastre financier qui s’ensuivit, si bien que les années suivantes, la plupart des producteurs ne firent que des petites quantités.
Le secrétaire d’Etat à la Guerre Saint- Germain autorise la transformation de l’ancien Collège des Minimes de Brienne en une école militaire. Trois ans plus tard, on y voit arriver un jeune Corse, bourru mais acharné au travail, Napoléon Bonaparte.
Séparé de son associé Jean-Baptiste Dussaulois, Pierre-Joseph Dubois, aidé de son fils qui l’a rejoint dans l’affaire, fonde à Reims la maison Dubois et Fils, appelée à devenir en 1833 la maison Louis Roederer.
La cherté du prix du blé, provoquée par les accapareurs, mécontents de la liberté de circulation des grains institutée par Turgot, entraîne la « guerre des farines » qui se traduit par des émeutes en Champagne et en Bourgogne, dans l’Oise, à Paris et à Versailles.
Fondation de l’Académie de Châlons.
Dans la dernière partie du XVIIIème siècle, hormis dans certains cercles de la haute société, la vogue du vin effervescent de Champagne subit une éclipse.
Dans ses Observations, historical, critical, and medical on the wines of the Ancients and the analogy between them and modern wines, sir Edward Berry écrit que si les Français et les Anglais en ont été dans le passé « particulièrement amateurs », les premiers ont presque totalement abandonné « ce goût dépravé » qui, même en Angleterre « n’est plus tellement prédominant ».
Il n’empêche qu’en France comme à l’étranger, les spécialistes s’accordent pour admirer la façon dont la viticulture est pratiquée en Champagne, au début comme à la fin du siècle.
Le tome IX du Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle de Valmont de Bomare atteste que « de toutes les différentes méthodes dont on fait usage dans les diverses provinces de France, on n’en voit nulle part qui approche des soins et des précautions que prennent les Champenois depuis cinquante-cinq ans ».
Règne de Louis XVI, fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, petit-fils de Louis XV le Bien Aimé.