UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Chronologie des évènements

Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)

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1712

Charles Coffin, natif de Buzancy, professeur au Collège de Beauvais, répond à Bénigne Grenan par une ode pleine d’esprit et de verve intitulée la Champagne vengée ou Louange du vin de Reims qu’un poète bourguignon a, élégamment à la vérité, mais injustement blâmé.

La ville de Reims le récompense en lui envoyant un présent annuel de quatre douzaines de bouteilles de vin rouge et gris.

Les Bourguignons ne désarment point pour autant.

Bénigne Grenan adresse au célèbre médecin Guy-Crescent Fagon une pièce en vers, sous forme de requête, ne tendant à rien moins qu’à faire proscrire, par la Faculté de médecine, le vin de Champagne comme contraire à la santé.

La requête de Grenan à Fagon fait dire aux Champenois que le vin de Bourgogne est bien malade, puisqu’il a recours aux médecins, et elle donne naissance aux deux épigrammes suivantes, d’un auteur anonyme :

« A ce que je me persuade, sur la qualité des bons vins.
Grenan, ta cause est bien malade, tu consultes les médecins
. »

« Quand on s’adresse au médecin, c’est qu’on éprouve une souffrance.
Bourgogne vous n’êtes pas sain, puisqu’il vous faut une ordonnance
. »

Sur ces entrefaites, est lancé le fameux décret en vers latins attribué à Coffin, et supposé rendu sur la requête ci-dessus par la Faculté de médecine de l’île de Cos, laquelle semble se prononcer en faveur du vin de Bourgogne, bien qu’au fond le vin de Champagne gagne sa cause.

Deux rhétoriciens du Collège des Bons-Enfants de l’Université de Reims, A.R. Richard et L. Degrigny, font une Imitation de l’ode latine de M. Coffin, sur le vin de Champagne.

M. de Bellechaume compose également une ode à Messieurs Coffin et Grenan, professeurs des belles-lettres sur leurs combats poétiques au sujet des vins de Bourgogne et de Champagne.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

24 septembre 1713

Force est de constater qu’aucune pièce comptable établie du vivant de Dom Pérignon ne parle des vins de l’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers autrement que comme « vins tranquilles ».

La Liste d’inventaire des vins en la paroisse d’Hautvillers, conservée par les Archives départementales de la Marne à cette date, la dernière connue avant la disparition du célèbre cellérier, ne distingue que des « vins nouveaux » et des « vins vieux », qu’en l’absence d’autres précisions on ne peut considérer à coup sûr comme des vins qui moussaient.

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

5 octobre 1713

Naissance à Langres de Denis Diderot.

Histoire de la Champagne
Siècle des Lumières

1715

Autres témoignages de la réputation de Dom Pérignon et des vins qu’il a élaboré au cours de l’exercice de sa charge.

Le comte d’Artagnan, autre client d’Adam Bertin du Rocheret, lui écrit dans une lettre datée du 9 novembre : « M. le marquis de Pizieux qui arriva hier m’a dit que le Pere Prignon éstoit mort ; qui a fait bien parler de luy durant sa vie ; je voudrois bien que vous eussiez pensé à moy sur les premiers vins de cette abbaye, car, franchement, ce sont les meilleurs ».

Le poète Regnard, son contemporain, le cite dans ses Oeuvres (Epitre XI) :

« Je te garde avec soin, mieux que mon patrimoine,
D’un vin exquis sorti des pressoirs de ce moine
Fameux dans Ovilé, plus que ne fut jamais
Le défenseur du clos vanté par Rabelais
 ».

Comble de la popularité, le cellérier d’Hautvillers figure dans une énumération des hauts lieux de Champagne, sous la plume d’un commentateur de Boileau, Claude Brossette, qui, dans une note de la troisième satire (le Repas ridicule), fait l’erreur de le prendre pour un cru viticole. Il écrit en effet que « les plus fameux Côteaux qui produisent le vin de Champagne sont Rheims, Pérignon, Silleri, Haut-Villiers, Aï, Taissy, Verzenai, S. Thierri ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

1715 - 1723

Régence de Philippe, duc d’Orléans, pendant les huit années de la minorité du fils de Louis, duc de Bourgogne, arrière-petit-fils de Louis XIV le Grand, et de Marie-Adélaïde de Savoie.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1715 - 1723

Le vin effervescent de Champagne devient immédiatement le favori des « roués » de la Cour du Régent, le « roué » étant défini par Louis-Sébastien comme « un homme du monde qui n’a ni vertus ni principes, mais qui donne à ses vices des dehors séduisants, qui les ennoblit à force de grâces et d’esprits ».

Philippe d’Orléans lui-même, dans la journée, ne prend généralement que du chocolat. Mais quand il « boit un peu trop, écrit sa mère, la Princesse Palatine, il ne fait pas usage de fortes liqueur, mais de vin de Champagne ».

Déplorant sa faiblesse, la Gazette de la Régence constate que « le vin de Pomard et celui de Champagne rangent assez bien le prince à trouver bon tout ce qu’on désire ».

Aux « petits soupers » qui animent presque chaque soir les petits salons du Palais Royal, on consomme beaucoup de vin effervescent de Champagne.

Voici ce qu’en dit le duc de Richelieu dans ses Mémoires :

« La vie ordinaire du régent était de donner une partie du jour aux affaires ; mais le soir, il se retirait avec ses maîtresses et ses roués, pour souper, jouer, boire, etc. […] »

« Tous ces débauchés quittaient la partie le lendemain matin, et plusieurs, qui étaient encore pris du meilleur vin de Champagne, allaient se reposer chez eux des fatigues de la veille, et reprendre des forces pour recommencer le lendemain. […] »

« Dubois avait ordonné à Mme de Tencin de composer la « chronique scandaleuse du genre humain ». […] On mit en action Messaline et Cléopâtre. […] Jamais les orgies ne commençaient que tout le monde ne fût dans cet état de joie que donne le vin de Champa gne. »

Quant à la Chronique de l’œil-de-Boeuf, elle assure que « le premier soupir amoureux de Son Altesse Royale fait explosion avec la première bouteille de vin de Champagne, ajoutant que quelquefois la tendresse de Philippe est épuisée avec le nectar pétillant du flacon ».

La Princesse Palatine écrit dans ses Mémoires que « les dames boivent encore plus que les hommes » et que le jour de l’enterrement de la duchesse de Berry « la Mouchy a bu du champagne aussi goulûment que si de rien n’étoit ».

Parmi les nombreuses maîtresses du Régent, Marie-Madeleine de la Vieuville, comtesse de Parabère, se distingue par son amour des plaisirs et de la boisson. Si Mme de Parabère préside les soupers du Palais-Royal en qualité de « sultane régnante », elle laisse à l’ambitieuse Mme de Tencin l’organisation des lupercales du château de Saint-Cloud dont le duc de Richelieu dit que « jamais les orgies ne commençoient que tout le monde ne fût dans cet état de joie que donne le vin de Champagne ».

On lit, toujours dans la Chronique de l’œil-de-Boeuf, que chez le prince de Soubise on enivra la ravissante comtesse de Gacé. « Elle aime beaucoup le vin de Champagne, mais elle le supporte mal et l’ivresse de cette belle, aussi passionnée qu’amie du nectar mousseux, fut un tendre délire ».

Histoire des Vins de Champagne
Siècle des Lumières

2 mai 1716

Création de la Banque de John Law (capital : 6 millions de livres, divisé en 1.200 actions), à laquelle l’Etat s’associe au mois d’octobre.

Histoire de France
Siècle des Lumières

1717

La Banque de John Law reçoit l’autorisation d’émettre des billets, admis dans les caisses publiques, remboursables à vue, en espèces invariables de poids et de titre. C’est-à-dire plus sûrs que la monnaie métallique, au cours variable.

Le séjour du tsar Pierre Ier le Grand à Paris est suivi de la signature d’un accord entre la France et la Russie.

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Siècle des Lumières

1717

Dans le Journal de la Régence, on trouve à la date du 1er juin le récit de sa visite :

« Le lendemain, il fut à Fontainebleau, où il trouva le vin si bon qu’il s’enivra [...] Etant sorti de table et retiré dans la chambre où il coucha, il se fit encore apporter quatre bouteilles de vin de Champagne qu’il but avec son vice-chambellan et avec le prince Kourakin, avant de se mettre au lit »

Ce qui aurait fait dire à Frédéric-Guillaume Ier de Prusse : « Pierre-le-Grand ! qu’a-t-il rapporté de ses courses ?... l’habitude de s’enivrer avec du vin de Champagne au lieu de s’enivrer avec de l’eau-de-vie ».

Claude Moët, qui possède vignes (entre 1 et 2 ha) à Chouilly (lieuxdits « Les Partelaines » et « Bellenoue ») et vendangeoir à Cumières, achète une charge de commissionnaire à Épernay. Il devient ainsi marchand de vins et expédie d’abord en poinçons (fûts de 200 l environ), puis plus tard en poinçons et en bouteilles.

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Siècle des Lumières

Septembre 1717 - août 1719

Création de la Compagnie d’Occident, société anonyme par actions, qui reçoit le monopole de l’exploitation des richesses naturelles du Mississippi, et qui, ayant absorbé les autres compagnies, devient dès l’année suivante la Compagnie française des Indes, reçoit le monopole du commerce avec les colonies et la Chine, obtient le privilège de la fabrication des monnaies, le bail des Fermes générales et le recouvrement des impôts.

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1718

Première édition publiée à Reims, du Traité anonyme Manière de cultiver la vigne et de faire le Vin en Champagne et ce qu’on peut imiter dans les autres Provinces pour perfectionner les Vins, attribuée à tort au chanoine Jean Godinot : l’oeuvre imprimée la plus importante et la plus contemporaine de l’époque où le vin mousseux de Champagne commence de triompher du vin tranquille.

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Siècle des Lumières

1718

La Banque de John Law devient la Banque royale.

Quadruple-Alliance signée entre la France, l’Angleterre, la Hollande et l’Autriche contre les ambitions du ministre d’Espagne Alberoni.

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1718 - 1722

Les Archives départementales de la Seine conserve le Livre de compte generalle des personnes à qui je vends du vin en gros de MM. Quelle et François ; parmi leurs clients en vins de Champagne figure le duc de Mazarin.

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Siècle des Lumières

1719

Seconde édition publiée à Avignon, du Traité anonyme Manière de cultiver la vigne et de faire le Vin en Champagne et ce qu’on peut imiter dans les autres Provinces pour perfectionner les Vins.
Le texte en est légèrement adapté.

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Siècle des Lumières

1719 - 1720

La France, appuyée par les membres de la Quadruple Alliance, déclare la guerre à l’Espagne devant les menées de Philippe V qui cherche à renverser le Régent Philippe d’Orléans (complot du prince de Cellamare) et à récupérer ses territoires italiens perdus au Traité d’Utrecht. Prise de San Sebastien et de Fontarabie en juin.

La guerre s’achève à l’hiver.

Par le Traité de Madrid, Philippe V renonce à ses droits sur la couronne de France.

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1720

La banqueroute de John Law pour cause de spéculation excessive, - les actions émises étant supérieures en quantité à leur couverture or -, et la faillite de son système bancaire entraînent de graves émeutes.

Développement des salons littéraires et philosophiques.

Une terrible épidémie venue d’Orient cause de graves ravages en Provence (environ 85.000 morts) : c’est la dernière grave peste que connut la France.

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1720 - 1721

Sur la requête de l’intendant de Champagne Le Pelletier de Beaupré, le Conseil d’Etat du roi fait par Arrêt « défense de planter de nouvelles vignes sans permission expresse de Sa Majesté, sous peine de 3.000 livres d’amende », pour les vignobles de l’Aube, faisant sien pour cela du motif exposé par le doyen du Présidial de Châlons « qu’il y a des endroits dans cette région qui sont si remplis de vignes que les terres labourables de ces terroirs ne produisent pas assez de grains pour la nourriture de leurs habitants ».

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Siècle des Lumières

1720 - 1725

A cours de cette période quinquénale, les ventes totales de vins de Champagne se montent à 7.604 hl par an, en grande partie livrés en fûts. On ignore la proportion qu’occupaient alors les vins mousseux.

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1721

Fondation de la première loge maçonnique à Dunkerque, mouvement de pensée venu de Grande-Bretagne.

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1722

Troisième édition publiée à Reims, du Traité anonyme Manière de cultiver la vigne et de faire le Vin en Champagne et ce qu’on peut imiter dans les autres Provinces pour perfectionner les Vins, augmentée de quelques secrets pour rectifier les Vins et des planches des divers pressoirs gravées.

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