UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Histoire du champagne

Le foncier du vignoble champenois

1. LES SUPERFICIES

A. LES AIRES CLASSÉES ET LES CRUS

Depuis la révision de la Loi de 1927, les surfaces à appellation, donc plantées ou susceptibles d’être plantées, s’élèvent à 23 308 hectares pour la Marnes, 7 137 hectares pour l’Aube et la Haute-Marne et 3 612 hectares pour l’Aisne et la Seine-et-Marne, soit au total 34 057 hectares, dont environ 30 000 utilisables, compte tenu de ce qui est bâti ou non disponible pour diverses raisons. Cet ensemble se répartit en 302 crus plantés de vignes (200 pour la Marne, 59 pour l’Aube, 2 pour la Haute-Marne, 38 pour l’Aisne et 3 pour la Seine-et-Marne), étant entendu qu’en matière viticole le cru désigne l’aire de production d’un vin déterminé. En Bourgogne, la notion de cru est intégrée à celle de l’appellation d’origine. En Bordelais, elle s’applique aux domaines particuliers appartenant à un seul propriétaire ou à une collectivité de propriétaires. En Champagne, comme on le sait, le cru s’identifie avec la commune viticole (ou un ensemble de communes fusionnées) ayant souscrit au moins une déclaration de récolte.
Les grands crus et les premiers crus, qui sont l’honneur du champagne, ont été localisés lors de la description des régions viticoles. Il est intéressant d’examiner dans quelle proportion ils figurent dans les aires classées.
Les 12 grands crus sont tous dans le département de la Marne. Ce sont : dans la Montagne de Reims, Beaumont-sur-Vesle, Louvois, Mailly, Puisieulx, Sillery, Verzenay, ensemble 902 hectares (Mailly et Verzenay comptent à eux deux pour 80% de l’ensemble des 6 crus, mais Beaumont ne comprend que 26 hectares et Puisieulx 18) ; dans la Côte de Bouzy-Ambonnay, les deux crus qui la constituent, ensemble 771 hectares ; dans la Grande vallée de la Marne, Ay et Tours-sur-Marne, ensemble 437 hectares (dont 51 seulement pour Tours-sur-Marne) ; dans la Côte des Blancs, Avize et Cramant, ensemble 651 hectares.
Les 36 premiers crus sont également tous dans le département de la Marne. Ce sont : dans la Montagne de Reims, Billy-le-Grand, Chigny-les-Roses, Ludes, Montbré, Rilly-la-Montagne, Taissy, Tauxières, Trépail, Trois-Puits, Vaudemanges, Verzy, Villers-Allerand et Villers-Marmery, ensemble 2 473 hectares ; dans la Petite Montagne, Ecueil, Les Mesneux, Sacy et Villedommange, ensemble 573 hectares ; dans la Vallée de la Marne, Avenay, Bisseuil, Champillon, Cumières, Dizy, Hautvillers, Mareuil-sur-Ay et Mutigny, ensemble 1 568 hectares ; dans les Côtes d’Épernay, Cuis, Grauves et Pierry, ensemble 488 hectares ; dans la Côte des Blancs, Bergères-les-Vertus, Chouilly, Etréchy, Le Mesnil-sur-Oger, Oger, Oiry, Vertus et Villeneuve-Renneville, ensemble 2 374 hectares.
Au total les grands crus couvrent 2 761 hectares, les premiers crus 7 476 hectares et l’ensemble des deux catégories 10 237 hectares, soit respectivement 9,2 %, 24,92 % et 34,12 % de l’aire de production délimitée utilisable6. La craie à bélemnitelles est le sous-sol de tous les grands crus et de 92,4 % de la superficie totale des premiers crus, mais elle est aussi celui de nombreux autres crus, dans vallée de la Marne, de Damery à Châtillons-sur Marne, et de part et d’autre de Sézanne, si bien qu’elle compte, avec 14 098 hectares, pour 47 % des surfaces limitées de la Champagne viticole.
Abstraction faite du classement des crus, les communes ayant les surfaces classées les plus importantes sont Les Riceys, Vertus, Chouilly et le Mesnil-sur-Oger, avec respectivement 586, 563, 521 et 459 hectares.

B. LES SUPERFICIES PLANTÉES ET EN PRODUCTION

Au 31 décembre 1982, les surfaces plantées totalisaient 25 367 hectares, dont 19 663 hectares pour la Marne, 4 175 pour l’Aube, 1 511 pour l’Aisne, 9 pour la Haute-Marne et 9 pour la Seine-et-Marne. Cela représentait 2,5% de l’ensemble du vignoble français producteur de vin (995 000 ha) et 6,25% du secteur des appellations d’origine (400 000 ha) ; la Champagne se situait au rang des vignobles à appellation, après ceux du cognac (91 000 ha), des vins de Bordeaux (76 700 ha), des vins des Côtes du Rhône (40 300 ha) et des vins doux naturels (30 700 ha).
Par rapport aux surfaces classées, les surfaces plantées comptaient fin 1982 pour 86,4 % dans la Marne, 59,3 % dans l’Aube et la Haute-Marne, 41,5 % dans l’Aisne et la Seine-et-Marne et, pour le total de la Champagne viticole, pour 76 %. Pratiquement, par rapport aux 30 000 hectares disponibles, il restait alors un peu moins d’un cinquième de la zone viticole à utiliser. Les surfaces plantées des 302 communes se répartissaient très inégalement, allant de 40 ares à Mézy-Moulins, dans l’Aisne, à 419 hectares au Mesnil-sur-Oger, 460 aux Riceys et 500 à Vertus.
Les surfaces en production totalisaient 23 618 hectares à la fin de 1982, un peu moins que les 25 367 hectares plantés en raison des jeunes vignes non encore entrées en production. Par département, les surfaces en production se montaient à 18 545 hectares dans la Marne, 3 735 dans l’Aube, 1324 dans l’Aisne, 7 dans la Haute-Marne et 7 dans la Seine-et-Marne.
Au début de 1981, les vignes en production étaient âgées pour 23 % de moins de 10 ans, pour 44 % de 11 à 20 ans, pour 21 % de 21 à 30 ans, pour 12 % de plus de 30 ans. On voit donc qu’avec environ 67 % de vignes âgées de moins de 20 ans, le vignoble champenois était d’une jeunesse satisfaisante.
La répartition selon les cépages était alors la suivante : 24 % des vignobles étaient plantés en Pinot noir, 50 % en Meunier et 26 % en Chardonnay.
On trouve surtout le Pinot noir dans les grands crus de la Montagne de Reims et de la Grande vallée de la Marne, dans la Côte de Vertus et la région de Sézanne, et dans l’Aube. Le Meunier se rencontre partout, sauf dans les crus classés au-dessus de 95% où, on vu, il est interdit.
Le Chardonnay est chez lui dans la Côte des Blancs. Il occupe des surfaces importantes sur les territoires de Villers-Marmery et Trépail, situés à l’extrémité de la Montagne de Reims, de Tours-sur-Marne, de Nogent l’Abbesse, dans le pays sézannais et dans l’Aube. Dans toutes ces contrées il réussit bien. Recherché depuis toujours pour la finesse qu’il apporte aux cuvées, il fait ailleurs l’objet de quelques plantations mais il ne donne vraiment satisfaction que sur les emplacements très limités dont le microclimat lui convient.
En ce qui concerne la répartition entre les catégories professionnelles, les vignes appartenaient au début des années 1980 pour 88 % aux vignerons et pour 12 % aux négociants, ces derniers étant généralement propriétaires de vignobles situés dans les meilleurs crus, complétés parfois par des domaines récents situés dans le sud-ouest du département de la Marne, dans l’Aisne et dans l’Aube. Seules 80 maisons de champagne possédaient des vignes, avec une superficie totale de 2 900 hectares. Parmi elles, 6 exploitaient plus de 200 hectares chacune, 5 entre 200 et 100, 13 entre 100 et 20. Les autres, soit plus des deux tiers, ne disposaient que de vignobles modestes.

2. LE REMEMBREMENT

Les domaines récents auxquels il vient d’être fait allusion atteignent normalement 10 hectares d’un seul tenant, et même 20 hectares ou davantage lorsqu’ils ont pu être constitués à l’écart des agglomérations, dans des zones où les parcelles sont d’une étendue convenable. Mais dans beaucoup de régions, notamment dans l’Aisne, le vignoble est terriblement morcelé et demande à être regroupé. À Barzy-sur-Marne, par exemple, pour 325 hectares on a compté un moment jusqu’à 6 782 parcelles, parfois minuscules, enchevêtrées et souvent même sans accès direct, si bien que beaucoup étaient inexploitables.
Pour identifier les parcelles il est d’usage de se référer au lieu-dit, dont le nom, on a déjà pu s’en rendre compte, est souvent évocateur et pittoresque. Jullien, dans la 5e édition de la Topographie de tous les vignobles connus, citait déjà les Noyés-Dorés à Verzenay, les Chaudes-Terres et la Blanche-Vire à Ay, Moque-Bouteille à Dizy, les Folies et En-Renard à Pierry. On peut y ajouter, entre bien d’autres, les Mâtines, les Puces et la Queue du loup à Vertus, et à Moussy Culbutes qui s’accorde bien avec le Bas des Culs-Chauds de Chouilly.
Le remembrement avait déjà été jugé nécessaire en 1919 lors de la grande reconstitution, mais il n’a réellement commencé que dans les années 1960, grâce à des textes législatifs d’incitation promulgués en 1954 et 1958. Le remembrement est entièrement à la charge de l’Etat mais il ne peut se généraliser en raison de la longueur et du coût de l’opération, et aussi parce qu’il suppose un large consensus des intéressés difficilement réalisable, même si la réglementation permet de contraindre les récalcitrants. Celui de Verneuil est revenu en 1970 à 575 F 50 l’hectare, deux fois plus cher que pour les terres arables, et a duré huit années. Malgré ces difficultés, 47 communes étaient en 1973 intéressées par le remembrement car il a des avantages incontestables.
Il permet la culture dans les meilleures conditions en créant des parcelles étendues, régulières de forme, ayant toutes accès à la voie publique, aussi rapprochées que possible des bâtiments d’exploitation. Simultanément, il augmente considérablement la valeur des terres qui peut tripler ou quadrupler. Le remembrement est aussi un moyen de rendre disponibles des terres à planter. À Passy-sur-Marne, où dominaient les friches, le remembrement a permis la plantation presque générale du terroir, réalisée par des vignerons de la région, mais aussi par des exploitants de Chigny-les-Roses et d’Avize.

3. LE MARCHÉ FONCIER

Dans le champ clos de la Champagne viticole les terres à vigne bénéficiant de l’appellation sont limitées ; ceux qui les possèdent se dessaisissent difficilement d’un bien qui rapporte s’il est planté et qui, dans le cas contraire, garde du fait de sa rareté une grosse valeur. Les transactions sont donc très restreintes et ne portent généralement que sur de petites parcelles. Dans le département de la Marne, elles n’ont intéressé en 1978 que 0,37 % des surfaces plantées, avec des prix extrêmement élevés puisque celui de la terre à vigne était en Champagne de dix à vingt fois supérieur à celui des terres labourables. D’après les statistiques du ministère de l’Agriculture, les prix moyens étaient en octobre 1980 de 20 150 F l’hectare pour l’ensemble de la France mais, pour les vignobles, de 100 000 F en Beaujolais et de 500 000 F en Champagne, où on a même vu des ventes se faire exceptionnellement dans les grands crus sur la base d’un million et demi l’hectare et davantage.
Ce sont des prix artificiels, dans la mesure où ils sont sans commune mesure avec le revenu de la terre, et la surenchère est dangereuse car elle limite les chances d’achat à quelques-uns et, comme l’écrit Georges Colin, elle fige les structures sociales dans le vignoble, où les rapports entre exploitants sont plus tendus [1] . À ce taux, pour le vigneron établi, il devient de plus en plus difficile, pour autant qu’il en trouve, d’acheter ce que P.V. Bertin du Rocheret appelait des parcelles de convenance pour joindre à son héritage (B 21). Encore pourrait-il exploiter ce supplément à bon compte avec l’équipement existant. Mais que dire de son fils qui veut s’établir sur une surface plus importante ! Etienne Oudart, vice-président du Syndicat général des Vignerons, écrivait dans la Champagne viticole de mai 1979 qu’il court à la catastrophe en raison de la cherté du crédit qui lui imposera des charges de remboursement insupportables. À cela viendront s’ajouter, lorsqu’il héritera de son père, des droits de succession élevés puisque calculés sur la valeur vénale mais anormale de ses biens et, s’il a des frères et sueurs, l’obligation de leur payer des soultes considérables.
Au début des années 1980, pour le jeune vigneron marnais désirant s’installer, il ne restait souvent que la ressource d’émigrer, et de s’établir pendant qu’il en était encore temps dans ces terres lointaines de l’Aisne, de la partie sud de la Falaise de l’Ile-de-France ou de l’Aube, où le prix de la terre, tout en augmentant chaque jour, était encore loin d’avoir atteint celui des grands crus. Ou bien il lui fallait chercher son salut dans des formules de groupements fonciers agricoles, familiaux ou mutuels, de fermages ou de métayages.
Il faut noter que, principalement dans les grands crus, un rôle modérateur et régulateur est joué par la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui exerce un droit de préemption sur les terres mises en vente et les rétrocède à certains vignerons, sur avis des organisations professionnelles, dans le but d’agrandir les petites exploitations, d’améliorer la répartition parcellaire, de faciliter l’installation des jeunes et leur maintien en place. Dans certains cas la SAFER procède à des aménagements préalables, ce qui permet d’effectuer des travaux d’ensemble qui ne pourraient être pris en charge par de petits exploitants.
Dans tous les cas, la vigne est un bien précieux. Tout y est subordonné en Champagne viticole et, si on bâtit, on ne consacre en général à sa maison que la superficie strictement nécessaire, la vigne faisant office de jardin. Cela se conçoit sans peine avec les prix dont il vient être question ; on est en droit de les trouver exagérés, mais ils ont au moins le mérite de témoigner de la parfaite observation de la réglementation de l’appellation car si on pouvait planter partout, la terre des vignobles ne vaudrait pas aussi cher.

4. LE RENOUVELLEMENT ET L’ACCROISSEMENT DU VIGNOBLE

*A. DISPOSITIONS GÉNÉRALES

La rentabilité de la propriété viticole exige que les vignes soient d’un bon rendement qualitatif et quantitatif, donc qu’elles soient remplacées lorsque c’est nécessaire, et que d’autre part les terres susceptibles de porter la vigne à appellation soient plantées quand le besoin s’en fait sentir. Or, en France, et la politique est la même dans l’ Union Européenne, les plantations de vigne ne peuvent être effectuées librement, l’extension des vignobles risquant autrement de se faire au détriment de l’économie générale du pays. Aux termes du Décret du 30 septembre 1933, ne sont possibles que les plantations effectuées en compensation d’arrachages ou bénéficiant d’une autorisation particulière du ministère de l’Agriculture.
Le décret accorde cependant une liberté de plantation de moins de 25 ares pour la consommation personnelle du récoltant. Le vin qui en est issu ne peut en aucun cas faire l’objet de mouvement à l’extérieur de l’exploitation. En 1982, les surfaces ainsi plantées se montaient à 5 hectares dans la Marne et 4 hectares dans l’Aube.

B. REPLANTATIONS

La vigne est une plante robuste qui peut vivre plusieurs centaines d’années si elle n’est pas atteinte de maladie. Elle est plus ou moins longtemps dans la force de l’âge, selon la latitude et le climat. En Champagne, du temps de la vigne en foule, l’âge moyen du vignoble variaient entre 30 et 50 ans dans les grands crus et le Traité complet sur la manière de planter, d’élever et de cultiver la vigne estimait avantageux d’arracher chaque année une partie des vieux ceps pour avoir un vignoble pour ainsi dire constamment renouvelé. On rencontrait rarement des vignes ayant dépassé 60 ans, âge auquel leur vitalité diminue sérieusement. Quand une vigne a atteint l’âge de 60 ans dans nos climats du Nord, écrivait Mennesson, elle doit passer pour vieille et usée  [2] et Hamp disait : Chaque vigneron refait sa vigne pour sa vie  [3]
Avec les vignes greffées, le système radiculaire étant plus profond et ne pouvant être rajeuni, il faut reconstituer plus souvent le vignoble. En outre on cherche à obtenir de meilleurs rendements, et c’est entre la 8ème et la 20ème année qu’ils sont les plus favorables. Durant cette période, la qualité va s’améliorant ; elle reste excellente jusqu’à la 30ème année et même davantage. Ces chiffres n’ont rien d’absolu car ils dépendent partiellement de la situation particulière de la vigne, du porte-greffe, des greffons, des soins de culture, de l’état sanitaire. Mais en définitive, on se trouve bien en Champagne de changer les ceps après 25 à 30 ans de séjour en terre. Dans des situations privilégiées on trouve parfois quelques vignes âgées de 60 ans et même davantage, mais c’est l’exception.
Ce rythme est rapide (en Bordelais, la vigne reste en terre entre 40 et 80 ans) et représente un investissement à rentabiliser sur un temps très court si on songe qu’il faut tenir compte d’environ deux années de repos du sol et de la montée en production. Avec une vigne restant 25 années en terre, dans un laps de temps de 27 années on a seulement une vingtaine de récoltes. L’arrachage d’une vigne donne lieu à des droits de replantation permettant de planter une surface correspondante, pour autant qu’ils sont utilisés dans un délai de 12 ans. Ces droits sont incessibles, sauf décision contraire de l’Administration.]].
Avec les vignes greffées, le système radiculaire étant plus profond et ne pouvant être rajeuni, il faut reconstituer plus souvent le vignoble. En outre on cherche à obtenir de meilleurs rendements, et c’est entre la 8ème et la 20ème année qu’ils sont les plus favorables. Durant cette période, la qualité va s’améliorant ; elle reste excellente jusqu’à la 30ème année et même davantage. Ces chiffres n’ont rien d’absolu car ils dépendent partiellement de la situation particulière de la vigne, du porte-greffe, des greffons, des soins de culture, de l’état sanitaire. Mais en définitive, on se trouve bien en Champagne de changer les ceps après 25 à 30 ans de séjour en terre. Dans des situations privilégiées on trouve parfois quelques vignes âgées de 60 ans et même davantage, mais c’est l’exception.
Ce rythme est rapide (en Bordelais, la vigne reste en terre entre 40 et 80 ans) et représente un investissement à rentabiliser sur un temps très court si on songe qu’il faut tenir compte d’environ deux années de repos du sol et de la montée en production. Avec une vigne restant 25 années en terre, dans un laps de temps de 27 années on a seulement une vingtaine de récoltes. L’arrachage d’une vigne donne lieu à des droits de replantation permettant de planter une surface correspondante, pour autant qu’ils sont utilisés dans un délai de 12 ans. Ces droits sont incessibles, sauf décision contraire de l’Administration.

C. PLANTATIONS NOUVELLES

En ce qui concerne les plantations qui ne sont pas effectuées en remplacement de vignes préexistantes, après centralisation par le C.I.V.C. les demandes sont examinées sur le plan régional par le représentant de l’I.N.A.O. et une commission interprofessionnelle qui formulent un avis tenant compte, notamment, de certains critères sociaux et économiques. Après présentation au Comité national de l’I.N.A.O., les propositions retenues sont transmises pour décision au ministère de l’Agriculture. Le contingent accordé l’est pour un certain nombre d’années au cours desquelles les plantations s’effectueront progressivement.
Les vignerons souhaitent que l’on ne laisse pas planter n’importe qui, ni n’importe quand, mais qu’il soit tenu compte des impératifs économiques généraux de la Champagne viticole en même temps que de leurs intérêts particuliers. Un contingent d’hectares à planter n’est sollicité que lorsque les surfaces déjà autorisées ne suffiront plus, dans les années à venir, à assurer la production du champagne ; les demandes sont limitées aux besoins réels à court terme. Les conditions d’attribution sont toujours en Champagne plus restrictives que dans les autres régions viticoles. Librement fixées par les professionnels, elles ont pour but en premier lieu d’empêcher des personnes étrangères à la viticulture de planter dans un but spéculatif, en second lieu d’organiser de façon rationnelle la viticulture champenoise, en particulier en favorisant l’installation des jeunes et en portant la petite exploitation au seuil de rentabilité, en troisième lieu de favoriser la production de raisins de qualité. Les attributions sont très limitées, s’échelonnant généralement entre 5 et 40 ares par demandeur agréé. En ce qui concerne les maisons de champagne propriétaires de vignobles et désirant les agrandir, leurs droits sont définis par la commission interprofessionnelle en fonction des surfaces déjà exploitées. Le contingent total qui leur est attribué est de l’ordre du dixième de celui du Vignoble.

Notes

[1COLIN (Georges). l’ignoble el vin de Champagne, dans Travaux de l’Institut de géographie de Reims, 1973.

[2MENNESSON (J.B.A.). Observateur rural de la Marne. Épernay, 1806.

[3HAMP (Pierre). La Peine des hommes. Marée raîche. Vin de Champagne. Paris, 1913.