Le phylloxera, comme la peste du fabuliste, est un mal qui répand la terreur car il a pour conséquence la destruction de la vigne. C’est un insecte hémiptère aphidien, minuscule puceron presqu’invisible à l’œil nu, le phylloxera vastatrix, qui vit en parasite des racines de la vigne dans lesquelles il plonge son suçoir, provoquant des nodosités qui, en quelques années, causent la mort du cep1.
Importé en Angleterre, en 1863, avec des plants de vigne américains, le phylloxera s’était attaqué ensuite à presque tous les vignobles de l’Europe, apparaissant dans les années 1860 dans le Gard et dans les Bouches-du-Rhône. Entre 1870 et 1880, il avait envahi et détruit successivement les vignobles français, la Champagne exceptée. Il était considéré comme une calamité nationale, et comme en France on plaisante de tout, même des choses les plus graves, les dessinateurs des journaux satiriques s’en donnaient à cœur joie. Dans le Charivari du 6 novembre 1875, un dessin de Stop représentait des vignerons écoutant, chapeau bas, un bourgeois en gibus qui leur disait : « Mes amis, la commission vous apporte une méthode infaillible pour tuer le phylloxera ; vous allez commencer par arracher vos vignes », plaisanterie qui deviendra bientôt la réalité. En attendant, la production vinicole de l’hexagone était descendue en 30 ans de 41 à 23 millions d’hectolitres.
Dans la Marne, on a longtemps cru que le phylloxera n’oserait pas s’attaquer à un vignoble si bien cultivé ! On a tout de même commencé à s’inquiéter à partir de 1873, en voyant les progrès de l’invasion dans le reste de la France, et surtout depuis 1888, lorsque l’Aube a été atteinte le 8 juillet, à Villeneuve-sur-Chemin et à Coursan, au nord-ouest d’Evry. Néanmoins, on lisait encore dans le Vigneron champenois, le 4 juin 1890 : En Champagne on croit peu au phylloxera, et le 25 du même mois : Plus de phylloxera, en plantant dans les vignes du lupin, de la luzerne et du sainfoin !
La réponse à cette étonnante inconscience arrive le 5 août suivant, lorsque la nouvelle éclate comme un coup de tonnerre : le phylloxera est au-dessus de Chassins, commune de Tréloup, dans l’Aisne, à quelques centaines de mètres de la limite du département de la Marne2. Il lui faut, cependant, deux années pour la franchir. C’est le 6 août 1892 qu’il est signalé au Mesnil-sur-Oger3. Il est le 8 à Mardeuil, le 11 à Chavot-Courcourt, le 18 à Moussy, le 23 à Mancy, le 26 à Damery. Les superficies atteintes sont faibles, deux hectares au total pour cette année-là, à peu près autant pour chacune des années suivantes. La progression est lente et tout espoir ne semble pas perdu. Mais à partir de 1898 l’invasion du vignoble de la Marne prend toute son ampleur, avec 24 hectares atteints, suivis de 61 en 1899 et de 560 en 1900. Le 29 octobre 1901, le département de la Marne en entier est déclaré phylloxéré et en 1911 on évalue à 6 500 hectares les surfaces contaminées, soit plus de la moitié des vignes franches de pied encore existantes.
On appelle ainsi les vignes qui sont plantées avec les plants traditionnels, en place avant le phylloxera. En 1983, il en existait deux parcelles, d’environ 20 ares chacune, appartenant à la maison Bollinger, l’une intra-muros à Ay, l’autre à Louvois, noyée dans un vignoble reconstitué où elle se trouvait à l’abri du phylloxera contre lequel elle ne subissait aucun traitement spécial. On en comptait également une dizaine d’hectares, sur les terroirs de Sacy, Ecueil et Villedommange notamment, en général dans des terrains de sable pur, particularité à laquelle elles devaient de ne pas être atteintes par le phylloxera. Celui-ci était, en effet, toujours en Champagne. On pouvait l’observer à Vertus sur quelques vignes greffées revenues accidentellement à l’état de vignes franches de pied et en cours de disparition. En 1957, des expériences de plantation de vignes franches de pied à Ambonnay et Cramant s’étaient soldées par un échec, le phylloxera les ayant décelées au bout de quelques années et envahies.
À la veille de la première guerre mondiale, le phylloxera avait donc gagné la partie, mais non sans lutte de la part des professionnels du champagne, négociants et vignerons, aidés par les instances régionales et nationales. Avant même l’apparition du fléau, de bonnes âmes proposaient régulièrement dans les colonnes du Vigneron champenois des remèdes infaillibles, recettes de rêveurs ou réclames de charlatans. La première mesure sérieuse est, en 1877, l’interdiction préfectorale de l’introduction des plants de vigne dans le département de la Marne, tandis qu’une souscription est lancée par le préfet pour recueillir des sommes destinées à couvrir des frais d’études et de publication dans le cadre de la lutte antiphylloxera. Celle-ci se concrétise aussi, dès le début, par la destruction des vignes des parcelles atteintes, celles de Tréloup étant même achetées dans ce but par Moët & Chandon. Les ceps et échalas sont brûlés sur place et le terrain est désinfecté par une dose massive de sulfure de carbone.
On comprend bien vite que l’on ne peut se contenter de mesures passives. Aussi, le 17 juillet 1891 est constituée pour une période de 5 ans, renouvelable, une association syndicale de défense, le Syndicat antiphylloxérique, communément appelée le Grand Syndicat, bénéficiant d’importantes subventions du département, de l’Etat de la Chambre de commerce de Reims, de la ville d’Épernay, et animée par un professeur départemental d’agriculture, le dévoué M. Doutte.
Voici ce qu’en dit Georges Chappaz : Sur 25 729 propriétaires possédant 12 821 hectares de vignes, 17 370 avaient adhéré à l’association syndicale et possédaient 9 772 hectares. Ce syndicat avait pour mission bien définie de lutter contre l’invasion du fléau en détruisant, aussitôt découvertes, les taches phylloxériques par des traitements d’extinction utilisant de très hautes doses de sulfure de carbone. Des équipes furent organisées, conduites par des délégués, pour rechercher les taches et les traiter. Mais le syndicat se heurta à des résistances brutales. Les vignerons qui n’avaient pas adhéré au syndical ne voulurent pas toujours laisser faire les recherches. De véritables émeutes s’organisèrent contre le malheureux professeur départemental d’agriculture et ses collaborateurs [1].
Cette opposition tient au fait que nombre de vignerons, ne croyant guère au phylloxera, accusent les négociants de vouloir en prendre prétexte pour les spolier et regardent le paiement obligatoire des taxes et l’entrée dans leur domaine comme des atteintes à leur liberté. Ils ont en outre trouvé un meneur dans la personne de René Lamarre. Ce jeune homme, ardent et plein d’idées, avait publié en 1880 une brochure intitulée La Révolution champenoise, dans laquelle il invitait les vignerons à prendre leur sort en main et à concurrencer le négoce en faisant eux-mêmes le champagne sous une forme coopérative. En 1891, il fonde avec son père, à Damery, un hebdomadaire qui s’appelle également La Révolution champenoise, pour exciter, contre leur intérêt, les vignerons à la résistance.
Lorsqu’il arrive à son terme statutaire, cinq ans après sa création, le Grand Syndicat est dissous. La lutte continue avec des moyens individuels, le traitement d’extinction étant remplacé par le traitement culture.
On vaporise du sulfure de carbone au voisinage des racines des ceps avec un pal injecteur, à raison de 30 à 40 000 coups à l’hectare une ou deux fois par an, avec 4 à 6 grammes par coup, et on bouche les trous avec des tampons enfoncés avec un long bâton pour empêcher l’évaporation du produit. Ce travail nécessite 25 journées d’homme à l’hectare.
Une nouvelle étape de la lutte contre le phylloxera débute le 1er mars 1898 avec la création à Reims de l’Association viticole champenoise, l’A.V.C. groupant à l’origine 24 grands négociants propriétaires de vignes, sous la présidence de M. Goulden, elle se donne pour mission de lutter contre le phylloxera par l’emploi du sulfure de carbone ou tout autre moyen afin de conserver le plus longtemps possible les plants champenois, d’aider le moment venu à la reconstitution du vignoble et de faire des études, des expériences qui s’imposent dès maintenant. Elle dispose à partir de 1907 d’une publication technique, en reprenant le Vigneron champenois4.
Sous l’impulsion de l’A.V.C., et grâce à ses subventions, des syndicats antiphylloxériques communaux se créent petit à petit, ou se superposent aux rares syndicats de défense de culture déjà en existence. Leur action s’exerce en premier lieu contre le fléau, mais s’étend aussi à diverses activités culturales. Leur mise en place est lente, mais en 1913 on en compte tout de même 130, dont certains très actifs et œuvrant en bonne harmonie avec l’A.V.C. qui les subventionne5, comme le fait l’Etat depuis 1911. Les négociants et les vignerons sont enfin parvenus à unir leurs efforts devant le danger. Néanmoins, les moyens de lutte contre le phylloxera ne parviennent pas à arrêter sa progression, qu’il s’agisse du sulfure de carbone, ou de procédés utilisés dans d’autres vignobles comme la culture dans les sables ou l’utilisation intensive d’engrais, procédés que l’on refuse de pratiquer en Champagne car on les estime incompatibles avec la recherche de la qualité qui y est de tradition.
On avait envisagé dès 1880 d’introduire en Champagne des plants américains, expérimentés avec succès dans certaines régions viticoles, et qui ont la particularité de résister au phylloxera car le tissu situé immédiatement sous leur écorce est particulièrement actif et crée, après la piqûre du puceron, un liège qui cicatrise la plaie. En y greffant la vigne champenoise, la vitis vinifera européenne, on conserverait les caractéristiques de cette dernière, tout en obtenant un ensemble dont le porte-greffe assurerait la protection contre le parasite. Mais, lit-on dans le Vigneron champenois de juin 1883, la passion a été grande et la proposition a soulevé des orages qui se sont traduits par les signes de désapprobation les moins équivoques. Le remède semblait en effet paradoxal, puisque c’était ces mêmes plants qui, vingt ans auparavant, avaient véhiculé le parasite de continent à continent. On parlait même de la prétendue résistance des vignes américaines et du danger de leur introduction en Champagne, introduction qui était d’ailleurs interdite par la réglementation en vigueur.
Nécessité oblige et on décide vers 1897 de faire appel aux plants américains. On obtient l’autorisation de les expérimenter, sous la surveillance des Services agricoles de la Marne, représentant le Service national du phylloxera. Le 11 décembre 1901, leur circulation devient enfin libre dans le département de la Marne, avec accord pour leur plantation dans 63 communes puis, petit à petit, dans toutes les autres6. Dès lors, on entre dans une nouvelle phase de la lutte, celle de la reconstitution du vignoble champenois : les vignes greffées remplacent les vignes franches de pied partout où le phylloxera exerce ses ravages. On continue simultanément à s’efforcer de protéger celles qui n’en sont pas encore atteintes et qui, par opposition avec l’origine américaine des porte-greffe, prennent le nom de vignes françaises. En 1906, 1 000 hectares sont déjà replantés, qui deviennent 2 000 en 1910 et plus de 2 500 en 1914, soit environ le tiers des vignobles qui ont été contaminés.
Il s’agit, en réalité, d’une véritable révolution dans les habitudes vigneronnes car non seulement on modifie le matériau de base, la vigne, mais de plus on change totalement le système de culture. En effet, la vigne en foule n’est pas adaptée à l’utilisation des plants greffés qui enlèvent toute raison d’être au provignage et à l’assiselage. On va donc replanter la vigne en lignes palissées et la conserver ainsi, ménageant dans les intervalles entre les rangs un passage qui permettra de faire travailler les animaux de trait : l’ère de la vigne à chevaux succède à celle de la vigne à bras. Au lieu d’une forêt de ceps et d’échalas, on va avoir une armée en ordre de bataille, dont le vigneron champenois fera bien vite le jardin le mieux soigné du monde.
« Le provignage est fait en même temps que le bêchage ou aussitôt après avril et mai ;
il a pour but de remplacer les ceps manquants. A l’aide du crochet et du hoyau,
le vigneron couche le cep voisin en laissant hors du sol trois yeux sur chaque bras,
met de l’engrais, recouvre de terre et tasse au pied. »
Cette forme de culture n’est pas inconnue. C’est elle que l’on trouve à l’époque dans la plupart des grands vignobles français, en particulier dans le Médoc, où la charrue y est tirée par des bœufs, et même, en Champagne, dans la région de Sézanne, dans l’arrondissement de Vitry-le-François et au nord de celui de Reims. C’est celle qui était préconisée dès 1799 par Maupin qui, dans sa Méthode, conseillait d’établir et de tenir la vigne en rangées espacées, sans provigner.
En Champagne, des expériences encourageantes avaient été faites dès 1822 par un vigneron agéen. En 1849, le réputé docteur Guyot avait même établi à Sillery un vignoble de 34 hectares, y expérimentant la vigne en lignes et faisant part en 1860 de ses conclusions favorables dans son livre, Culture de la vigne et vinification, conseillant la culture en lignes basses et sur souche, les ceps distants les uns des autres de un mètre au moins en tous sens, sans provignage, les vides étant remplis par de nouveaux plants.
La reconstitution nécessite de la part du vigneron un travail énorme et onéreux. Il lui faut arracher et planter, mais fréquemment aussi modifier le parcellaire et remodeler le sol, afin d’élargir les sentes ou de rectifier leur parcours pour permettre le passage des charrues et autres engins hippomobiles. Il lui faut en outre acheter et transporter les plants et équiper le vignoble de fils de fer de palissage. Il lui faut enfin apprendre à planter, à greffer, à utiliser la traction animale. Les vignerons font tout cela avec un courage et une opiniâtreté dignes d’admiration. Ils sont heureusement bien épaulés par leurs syndicats antiphylloxériques communaux. Ils sont également aidés par les prêts du Crédit agricole qui, à partir de 1910, décentralise ses caisses jusqu’à l’échelon communal, mais aussi, et de manière considérable, par les négociants, intéressés au premier chef par la réussite de la reconstitution. Des subventions importantes sont ainsi données, soit par des maisons de champagne, à titre individuel, soit par le Syndicat du commerce, soit enfin par l’A.V.C. Les autorités départementales ne restent pas inactives et le Conseil général de la Marne concourt aux besoins du vignoble en subventionnant dès octobre 1910, au collège d’Épernay, une École d’agriculture et de viticulture d’hiver.
Dans le domaine technique, l’A.V.C. joue un rôle prépondérant. Elle crée à Ay un établissement de greffage, organise des cours et des compétitions pour les apprentis greffeurs, dont la sanction est le titre de maître greffeur. Par l’intermédiaire des syndicats communaux, elle prend en charge l’approvisionnement des vignerons en porte-greffe qu’elle se procure dans le Midi de la France.
Sous l’impulsion de Raoul Chandon de Briailles7 , la maison Moët & Chandon fonde à Épernay un important établissement de recherches viticoles, baptisé Fort-Chabrol 8, comportant, écrit Moreau-Bérillon, un aménagement modèle pour le greffage d’après une méthode nouvelle, un laboratoire de recherches viticoles avec salle de micrographie et bibliothèque, un laboratoire d’œnologie, en service dès 1895, où M. Émile Manceau poursuivra ses remarquables recherches sur l’œnologie champenoise, une collection de vignes américaines et une pépinière expérimentale [2].
La reconstitution était-elle de nature à modifier les caractéristiques du champagne ? On se le demandait avant même qu’elle ait été entreprise et la peur de voir son identité et sa qualité compromises était un des arguments avancés par les opposants. L’abbé Rozier et Chaptal avaient pourtant écrit qu’aucun fruit greffé sur un sujet sauvage ne perd de sa qualité pour prendre celle du fruit sauvage [3], et la qualité des vignes greffées en Bourgogne et en Bordelais était reconnue comme excellente. De plus, il ne semble pas que les professionnels et les consommateurs de l’époque aient trouvé une différence entre le champagne d’avant la reconstitution et celui d’après. Depuis les années 1970 on est à même de comparer simultanément les deux catégories et de répondre avec certitude, trois quarts de siècle plus tard, à la question posée, et de le faire par la négative. En effet, la maison Bollinger, avec les raisins de ses deux pièces de vignes franches de pied, a élaboré et mis sur le marché en 1974 une cuvée dite des Vieilles vignes françaises, provenant de la récolte 1969, qui s’est révélée être de même nature que le champagne classique de la maison. On peut donc affirmer que le greffage de la vigne française a assuré la continuité de la qualité du vin. Il faut d’ailleurs savoir que si on s’attendait, théoriquement, à ce que la reconstitution ne modifie pas le type du champagne, on s’est cependant efforcé d’étudier méthodiquement les nouveaux principes à appliquer dans les vignes greffées en s’inspirant des traditions établies dans les anciennes vignes françaises [4], ce qui a contribué à ce que rien n’ait changé dans le verre de l’amateur de champagne.
Par contre, on l’a bien compris, le bouleversement a été immense du point de vue cultural, et on pouvait se demander s’il aurait dans ce domaine des effets néfastes ou bénéfiques. En abandonnant la vigne en foule, on craignait de perdre l’effet salutaire des échalas qui, par leur densité, freinaient la circulation des vents et formaient des masses de bois emmagasinant la chaleur du soleil et la restituant en partie pendant la nuit, mais on n’oubliait pas le rôle qu’ils jouaient dans la propagation des parasites et les servitudes du fichage. On déplorait le remplacement de souches donnant du fruit pendant une centaine d’années par des plants non provignés qu’il faudrait renouveler plus souvent, mais on savait que si on avait moins fréquemment à replanter, on ne pouvait espérer des vieilles vignes qu’un faible rendement. On formulait d’autres regrets, mais on avait surtout la nostalgie de voir disparaître, comme l’écrivait Moreau-Bérillon, ces vignes en foules, consacrées par une expérience plus que millénaire et qui ont fait l’admiration des visiteurs, l’orgueil et la fortune de la Champagne.
En réalité, la vigne en lignes apporte de nombreux avantages au vigneron champenois qui le rendent vite conscient de la supériorité de ce nouveau système sur l’ancien, et que l’on peut énumérer comme suit : la suppression de plusieurs opérations (assiselage et provignage, fichage et hachage) se traduit par une importante simplification et une diminution de main-d’œuvre ; le travail est facilité, ainsi que sa surveillance ; l’animal domestique remplace l’homme dans une partie de ses tâches ; le ravinement est diminué, les eaux de ruissellement s’écoulant par les sentes ; les raisins sont mieux exposés au soleil, et cela compense largement les avantages que la disposition en foule offrait pour leur maturité ; le rendement est augmenté et il est plus régulier. Comme l’écrivait déjà, dans le Vigneron champenois d’octobre 1899, Jules Roy qui en avait fait l’expérience depuis plusieurs années à Tréloup, le travail de la charrue vigneronne et celui de la bineuse à cheval sont au hoyau à bras ce qu’est la locomotive à la patache de 1830.
Tout compte fait, ne conviendrait-il pas de remercier le phylloxera d’être venu en Champagne ? Peut-être, ne serait-ce que pour avoir, comme le dit Maurice Hollande, enseigné la nécessité de l’union, les bienfaits de la solidarité à ces incorrigibles individualistes qu’étaient les vignerons [5].
[1] CHAPPAZ (Georges). Le Vignoble et le vin de Champagne. Paris, 1951.
[2] MOREAU-BÉRILLON (C.). Au pays du Champagne. Le Vignoble. Le vin. Reims, 1922.
[3] Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne, avec l’art de faire le vin par le Cen Chaptal, M. l’Abbé Rozier, les Cens Parmentier et Dussieux. Paris, 1801.
[4] CHAPPAZ (Georges). Le Vignoble et le vin de Champagne. Paris, 1951.
[5] HOLLANDE (Maurice). Connaissance du Vin de Champagne. Paris, 1952.