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Docteur Tran ky

Le docteur Tran Ky porte en lui l’esprit du voyage dès sa jeunesse, un peu comme une valise dont il ne se séparera jamais : né en 1933 à Phnom-Penh, au Cambodge, ses origines aristocratiques l’amènent à une carrière d’officier. Désireux de devenir médecin, comme son père, il lui apparaît indispensable de fréquenter les cours de la prestigieuse Ecole du Service de Santé militaire de la Faculté de Médecine de Lyon (le jeune officier avait déjà eu vent des nombreux Prix Nobel issus de ses rangs...). La France s’imposait à ses yeux, comme pays ami du Cambodge, mais également comme patrie de la culture... Après son internat, le jeune chirurgien présente sa thèse, courte mais dense, en 1961, intitulée "la place de la spéléotomie dans la tuberculose rénale". Mais la réception par le jury médical se fait houleuse. Par conséquent, le jeune docteur part présenter ses idées outre-Atlantique, où on l’acclame, de telle sorte qu’à son retour les médecins français se décident à recevoir une thèse un peu trop rapidement tenue pour quantité négligeable...

Infatigable voyageur

L’homme voyage, et monte à Paris, où il exerce comme chirurgien au Val-de-Grâce, l’Hôpital des officiers généraux. II est singulier de remarquer de quelle manière chaque étape de voyage correspond à une reconnaissance grandissante. Pour l’infatigable docteur, Paris sera également le lieu où poursuivre des études de qualité. Il y obtint le doctorat d’Etat de médecine aéronautique en 1963 et l’agrégation d’urologie, à l’âge de 33 ans. Il s’y mariera avec une jeune Normande, juste après s’être converti au catholicisme et s’être fait baptiser "Luc Emile".

En 1967, le jeune agrégé s’en retourne à Phnom-Penh où il est nommé professeur de chirurgie et urologie à la Faculté Royale. Durant la guerre du Viêt-Nam il exerce comme chirurgien en chef de l’Hôpital Militaire Américain de Phnom-Penh, le plus moderne de la région.

L’homme de passion

La date qui restera sans doute gravée dans la mémoire du docteur Tran Ky est celle de la chute de Phnom-Penh, le 27 mars 1975. "Ce matin-là, j’étais à l’hôpital, nous raconte-t-il. J’entends des personnes crier, et vite ! Je me mis à courir en direction de l’héliport, auquel était rattaché un bataillon de 14 hélicoptères que je commandais". Il sauta dans l’un des derniers resté au sol, et fut transporté sur un porte-avions américain, fuyant en direction des Amériques. Ses escales furent les îles de Guam, puis Hawaii, pour atteindre finalement Los Angeles, où il fut accueilli comme Hôte de l’Etat américain, en tant que médecin-colonel de l’armée, et où on lui proposa la nationalité américaine et ses attributs. Mais le docteur est homme de passion, et il s’en retourna vers la France, le pays de son cœur.

Ses débuts se déroulèrent à "Sarcelles, au camp dressé pour les réfugiés politiques en provenance du Cambodge, et nous y fûmes très honorablement accueillis". La passion pour la France du jeune docteur fut si forte qu’il préféra se retrouver dans des conditions un peu précaires, plutôt que d’accepter la confortable nationalité d’un pays qui avait contribué à la chute du sien. Le docteur y séjourna une année, rejoint par son épouse et ses deux jeunes fils jumeaux, qui avaient fui en Normandie deux années auparavant, grâce à l’intuition du père de famille... Il se vit proposer divers postes à l’étranger (Doyen de la faculté du Rouanda, à Nouakchott, en Ouganda, à Ryad en Arabie Saoudite, au Tchad, ...), mais il opta pour un poste de responsable de l’urologie à l’hôpital de Saint-Quentin dans l’Aisne. Choix plus humble, mais qui traduit plus profondément l’option fondamentale du docteur Tran Ky : vivre sa passion de la médecine, travailler, étudier, diffuser et répandre le savoir gardé parfois un peu trop jalousement par une communauté scientifique exclusive, plutôt que de s’offrir la perspective de destinations de rêve pour des vacances... Il y restera jusqu’en 1998, date où le médecin prendra une retraite bien méritée pour ses 65 ans.

Les honneurs ne l’intéressent pas spécifiquement, et ce n’est qu’au détour d’une phrase que l’on pourra apprendre que le docteur Tran Ky est décoré de la Croix de Guerre avec Palmes Or, par les plus hautes instances du Cambodge.

Le pédagogue

La période de Saint-Quentin verra un docteur prolixe qui publiera non moins de trente ouvrages sur des sujets d’un éclectisme remarquable. Il est chargé de cours à la Faculté de Reims et professeur associé chez le Professeur Lardennois et y enseigne de 1977-1998 la biologie moléculaire appliquée en urologie et andrologie. Cette période fut l’occasion d’écrire une soixantaine de livres auxquels la communauté scientifique nationale réserve en de maintes occasions un accueil un brin condescendant, car manifester tant de curiosité pour une si grande diversité de sujets n’est pas de mise pour l’Université française. Le Docteur apporte un souffle nouveau : il est convaincu que les progrès en médecine ne valent que s’ils sont amenés à la connaissance du plus grand nombre et s’ils sont intégrés dans la vie domestique... En effet, à quoi sert-il de découvrir les bienfaits de l’eau s’il n’est pas expliqué, de la manière la plus accessible à tous, comment la boire, quels sont ses effets immédiats, où se trouvent les sources, etc. Voilà ce qui motiva par exemple le Dictionnaire des sources de France.

Comme tout pédagogue, le docteur Tran Ky s’exerce à parler la langue de ses élèves, afin de leur être le plus accessible possible. C’est ainsi qu’il manie avec la plus subtile maîtrise, outre le cambodgien et le français, l’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’italien. Ses connaissances en russe, en arabe et en portugais sont un peu moins mises en pratique, demeurent toujours très vives ainsi que les langues mortes, latin et grec, jadis langues communes des médecins...
Mû par ses convictions, le docteur fut toujours convaincu qu’il fallait militer pour des causes qui relevait de son "sacerdoce". Ainsi il réalisa une bande dessinée explicative destinée aux élèves des écoles, et retraçant l’histoire de la découverte du tabac, prévenant toutefois des dangers que les excès de consommation pouvaient faire courir. S’y prenant dès le plus jeune âge, notre professeur pensait avoir davantage d’impact. Le Ministre de la Santé approuva grandement son projet, mais un changement politique le fit ranger dans un tiroir un peu à l’écart. Infatigable, le docteur vient de publier "L’art de fumer sans en mourir", où il inverse le problème, montrant que le tabac peut prévenir certaines pathologies, à 1a stricte condition de ne pas dépasser une cigarette par jour.

Ses talents de pédagogues le conduisirent à écouter les plus démunis, les enfants scolairement retardés. Le professeur contribua à la publication de "Réussir avec la neurobiologie, application en pédagogie", pour rendre plus accessible à tous les progrès de la médecine dans un domaine qui concerne un grand nombre de famille.

Ce souci d’humanisme lui est permanent et le pousse à expliquer que le vin est bénéfique si l’on observe des quantités raisonnables. Ainsi, le docteur est l’auteur d’études sur les vins de Bordeaux, de Bourgogne et... de Champagne, détaillant les bienfaits d’un vin dont nul ne songerait à contester le plaisir. Car le docteur est également à l’origine de nombreux ouvrages sur le goût du Plaisir, analysant le mécanisme de la manière la plus scientifique, comme dans "Les racines du plaisir" ou dans "L’encyclopédie des aphrodisiaques".

Amoureux du pays qu’il a adopté, la région de la Thiérache, le docteur a même commis un ouvrage sur les plantes cultivées dans les terres des environs. Infatigable, passionné, soucieux de didactisme, le docteur Tran Ky continue de mener des travaux, pour le plus grand bien de la vie de tous les jours et dans la foi d’un progrès qu’il met au service de la qualité de notre vie.

De nos jours, grâce à l’explosion des connaissances par la mondialisation, l’internet... la biologie moléculaire arrive au premier plan des enjeux. Ses travaux sur la biologie moléculaire du champagne, maintes fois écartés par une Académie parfois sectaire, sont aujourd’hui traduits en anglais, en chinois... et circulent sur Google. A 72 ans l’étonnant Docteur TRAN-KY reste plus dynamique et convaincu que jamais et admet avec philosophie que nul n’est prophète en son pays.

Michel J. HANSER SCHAFFHAUSER actualisé 05/2006

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