En Champagne, vignes et vins remontent à la période gallo-romaine et la consécration du vin de Champagne par l’Eglise de France peut être située lorsque l’Evêque de Reims, Saint-Remi, baptise Clovis, roi des Francs.
En Champagne, vignes et vins remontent à la période gallo-romaine et la consécration du vin de Champagne par l’Eglise de France peut être située lorsque l’Evêque de Reims, Saint-Remi, baptise Clovis, roi des Francs.
Saint-Remi est en effet largement associé au vin de Champagne qui sera même l’occasion de deux miracles :
Le premier miracle de Saint-Rémi est raconté par Flodoard, (en parfaite conformité avec la narration d’Hincmar). Le Saint Evêque de Dieu bénit du vin nature de la Champagne et le donne à Clovis en lui promettant la victoire grâce à ce breuvage magique. Celui-ci ayant promis sa conversion à la religion chrétienne en cas de victoire, il sera baptisé en l’an 498.
Le second miracle de Saint-Remi se produit lors d’un déplacement dans son diocèse (au village de Sault). Saint-Remi est sollicité par sa cousine (une vierge consacrée à Dieu, nommée Celsa) car elle n’a plus de vin. Dans sa plénitude épiscopale, Saint-Remi entre au cellier, fait le signe de la croix sur le tonneau et se met en prière. Au bout d’un certain temps, le vin coule en si grande abondance qu’il se répand dans le cellier.
Ce miracle est immortalisé par une statue du portail nord de la cathédrale de Reims, sur l’un des vitraux du XVIe siècle de l’église Notre-Dame d’Epernay, ainsi que sur une tapisserie.
Le moine bénédictin Dom Pierre Pérignon, cellérier de l’abbaye d’Hautvillers, reste l’Homme de Dieu providentiel du champagne, celui qui en voit la transformation en vin effervescent. Il reste de ce fait, le Père spirituel incontesté des Vignerons et Maisons du champagne. Si d’aucuns contestent aujourd’hui qu’il ait pu être l’« inventeur du champagne », personne ne conteste qu’il fut à l’origine de la tradition d’assemblage des crus et cépages et principal vecteur de la notoriété et de la prospérité des vins de champagne.
Frère Oudart entretient des relations pendant trente-cinq ans avec les abbayes bénédictines de Saint-Pierre-aux-Monts à Châlons et de Saint-Pierre à Hautvillers. La paroisse de Pierry dépend de l’abbaye d’Hautvillers et ses dépenses sont payées par son procureur Dom Pierre Pérignon. Vraisemblablement, les deux « confrères en sainteté » collaborèrent-ils avec le souci commun d’élaborer les meilleurs vins, à partir d’assemblages de crus et de cépages dont ils avaient le secret.
La présence des vignerons dans les églises est fréquente comme en attestent les stalles de bois sculptées à Rilly-la-Montagne ou encore les chapiteaux des piliers à Villedommange, ainsi d’ailleurs que dans la cathédrale de Reims.
Nicolas Ruinart lorsqu’il créé, le 1er septembre 1729, la première Maison de champagne, est industriel textile. Son premier livre de comptes établi pour la période 1729-1739 est ouvert par cette mention, « au nom de Dieu et de la Sainte Vierge ». Il souhaite ainsi manifestement se placer sous la protection de Dieu créateur de la nature mais aussi s’engager par écrit à en respecter les commandements !
En 1900, en forêt nord-ouest de l’Afrique du sud, un Roi indigène découvre pour la première fois le champagne et le ressent instinctivement comme le « Vin des dieux », concept il est vrai plus rabelaisien que spirituel.
« Si tu peux me procurer sans cesse de nouvelles provisions du vin des dieux, non seulement je te laisserai la vie, mais tu seras mon premier ministre ! » Telle fut (d’après André Charmelin) la proposition fait par le Roi Lobengula à l’Anglais Frédérick Selous venu coloniser son pays.
Qu’il soit un don du Dieu créateur ou simplement le breuvage des dieux païens, on observe le nombre et la diversité des hommes qui attribuent au vin de Champagne une certaine valeur spirituelle.
Le chanoine Godinot, après avoir été notamment chanoine de la Cathédrale, exploita ses vignes de Champagne, améliora les procédés en usage pour la culture, le pressurage des vins et consacra ensuite toute sa fortune à des actes de bienfaisance. Son œuvre capitale fut l’établissement des fontaines publiques (1747) qu’il eut la joie de voir fonctionner.
L’abbé Pierre qui a consacré sa vie au service des plus déshérités, a entretenu une grande amitié avec un célèbre Champenois, Bernard de Noncancourt, Laurent-Perrier, à qui il a remis les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur.
Si l’on en juge par les gravures et peintures telle que celles présentées ici, le champagne est consacré merveilleux vecteur de joie de vivre, à condition de modération. Les créatures de Dieu célèbrent leur bonheur de vivre avec ce breuvage exceptionnel indispensable à toute célébration, en particulier des moments heureux.
Même le célèbre poète russe Pouchkine évoque lui aussi le champagne (dans Eugène Onéguine) comme un « vin béni des dieux ».
Vignerons et Maisons ne sont pas ingrats. Ils comptent parmi les mécènes de la cathédrale de Reims, en particulier avec la réalisation d’un « vitrail du champagne » monumental, la réhabilitation de l’horloge-carillon et la rénovation de la statuaire des voussures du portail central.
Chaque année, Vignerons et Maisons rappellent leur attachement à leurs Saints Patrons (Saint-Vincent et Saint-Jean). Leur rassemblement annuel dans une cité du champagne confirme leur désir commun, dans le respect de leur diversité, de suivre les percepts d’unité et de respect des autres dispensés par les Hommes de Dieu.
Vignerons, dirigeants et collaborateurs des Maisons chantent ensemble un hymne à
Saint Vincent pour remercier Dieu de la vendange réalisée et placer leur travail sous sa protection.
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Grand Saint Vincent, puissant auprès de Dieu,
Ecoute-nous et pour nous intercède ;
Veille sur nous du haut du beau ciel bleu,
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