Gelée de printemps, mildiou, grêle, coulure, millerandage, échaudage, cuidage et décuidage auront été les maîtres mots de cette saison difficile, rendant particulièrement complexe les estimations. Finalement, au lendemain des vendanges, le rendement est la bonne surprise du millésime, excepté dans les secteurs les plus intensément impactés par les aléas climatiques et pression mildiou.
Les vendanges 2016 offrent une conclusion heureuse au regard de l’année subie, souhaitons simplement que 2017 soit plus clémente.
Pluies diluviennes pour commencer, chaleur et sécheresse pour terminer. L’année 2016, particulièrement atypique, aura cultivé son originalité jusqu’en fin de campagne, avec des conditions entraînant de nombreux dégâts collatéraux sur vignes...
L’automne 2015 nous gratifie d’un prolongement inattendu de l’été (qui était déjà bien long) et ne nous prépare pas vraiment à ce qui va suivre..
Des pluies diluviennes
A la fin mars , le cumul des pluies est déjà conséquent avec 220 mm contre 146 mm pour la normale, ce qui représente déjà un excédent de 50 % !
Mais cette générosité du ciel ne s’arrête pas là : les trois mois qui suivent sont comme un déluge En effet, d’avril à juin, nous enregistrons en moyenne 292 mm d’eau, c’est-à-dire 71 % de plus qu’habituellement !
Au total, ce sont 513 mm d’eau tombés sur six mois (normale 316 mm), soit un excédent de 62 % ou encore plus de trois mois de pluies. Il s’agit, et de loin, du record absolu enregistré depuis plus de 20 ans à l’échelle du vignoble, le dernier record étant de 491 mm en 1995.
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Si l’hiver présente une douceur certaine, le printemps s’installe dans une fraîcheur persistante : au début du mois de juin, mais également et surtout, pendant le mois d’avril.
La fraîcheur est très marquée au cours des deux premières décades d’avril avec des gelées importantes et fréquentes à partir du 18 avril et jusqu’au point d’orgue, le 27. Ces gelées sont relativement tardives et s’apparentent à celles des années 1990.
Cette dernière gelée se traduit par des dégâts considérables dans le Barrois, malgré des minimales assez élevées (-2 à -4°C). Les conditions de la veille (neige, pluie), et une humidité saturante (givre) pendant une durée record au cours de la nuit sont probablement à l’origine des pertes exceptionnelles. Le Barrois perd en moyenne 50 % de son potentiel de récolte et jusqu’à 100 % localement.
Côté pluviomètre, les choses s’améliorent nettement en première décade de juillet mais c’est surtout à partir du mois d’août que la trêve est vraiment engagée. Le cumul de pluies sur l’été, estimé à 164 mm dans le vignoble, est le plus bas observé depuis 1994, année de démarrage du réseau météo, et correspond à un déficit de 40 % par rapport à la normale.
Néanmoins, et en raison de pluies localement conséquentes en août ou septembre pour le Barséquanais ou en juillet pour le secteur de Nogent-l’Abbesse/ Montagne de Reims nord, ces secteurs s’inscrivent finalement dans la normale.
A partir de la fin août et jusqu’à la fin du mois de septembre, le thermomètre s’emballe !
Durant cette période, tous les indicateurs sont au rouge. Ces conditions extrêmes, appliquées à un raisin en début de maturation, se traduisent par un échaudage généralisé au cours des journées des 26 et 27 août. On observe que les dates sont très tardives en 2016, comme en 2012 et en 2009.
Une campagne 2016 très "caricaturale", montrant à quel point le "balancier climatique" peut affecter notre vignoble, indépendamment du réchauffement climatique global. Gelées sévères, pluies vectrices de maladies, stress hydrique et échaudage une année... à ne surtout pas oublier !
Cette année aura été marquée par un début de saison extrêmement humide, contrastant avec le millésime 2015. Cependant, à partir de la mi-juillet les conditions sont devenues beaucoup plus clémentes les sols seront asséchés rapidement. D’ailleurs début septembre, il n’est pas rare d’observer au vignoble des symptômes de défoliation dans les parcelles implantées sur les sols tes plus superficiels. Ces observations illustrent le fait que les réserves en eau globales des sols peuvent être très faibles et qu’il suffît donc de quelques semaines sans précipitations pour que la vigne subisse un stress hydrique.
La météo des sols qui nous sert à étudier l’itinéraire hydrique de la vigne est en fait un modèle de bilan hydrique développé par IINRA. Ce modèle permet d’estimer les quantités d’eau disponible dans le sol pour la vigne, les résultats étant exprimés en pourcentage de la réserve utile. En début d’année, on considère que le sol est à sa capacité maximale de stockage de l’eau donc 100 % de la réserve utile. Trois niveaux de réserve utile faible, moyenne et forte ont été définis grâce aux mesures réalisées par le Comité Champagne depuis plusieurs années. Ensuite, on soustrait cette quantité d’eau disponible l’évaporation du sol, l’évapotranspiration de la vigne et on ajoute les précipitations sachant que la limite maximale est à 100 % de la réserve utile.
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Début de la campagne 2016 est marqué par des conditions exceptionnellement
humides, les sols sont gorgés d’eau et l’accès aux parcelles pour les traitements phytosanitaires est très difficile. Les fenêtres de traitements sont extrêmement réduites et obligent s vignerons à traiter dans des conditions souvent désastreuses. impact sur les sols n’est pas négligeable, des tassements importants sont occasionnés mais c’était le prix à payer pour protéger une partie de la récolte.
Les sols restent saturés en eau jusqu’à la fin juin puis un dessèchement s’initie en juillet. Celui-ci est ponctué par des épisodes pluvieux locaux plus ou moins importants, rechargeant en parties les sols. A partir de fin juillet, les conditions sèches se généralisent sur le terroir et un dessèchement durable d’amorce. A la mi-août, les mesures réalisées sur le réseau météo des sols mettent en évidence l’installation d’une contrainte hydrique légère à modérée.
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Au vu du début du millésime, l’installation d’une contrainte hydrique en fin de saison peut surprendre. Revenons sur les raisons qui ont permis l’installation de cette contrainte hydrique.
D’abord on retrouve comme cause le drainage naturel des parcelles. Les parcelles situées sur des pentes et/ou un substrat géologique filtrant comme le calcaire ou la craie bénéficient d’un drainage naturel de l’eau excédentaire. Par exemple on a pu observer que les parcelles situées sur craie en bloc se dessèchent plus vite que les autres parcelles à cause du pouvoir drainant de la craie.
En effet, les réserves en eau d’un sol sont limitées, donc une fois celles-ci reconstituées le sol ne pourra plus en stocker. Elle va donc soit s’infiltrer dans les nappes, soit ruisseler vers les cours d’eau et sera alors inutile pour la vigne. Cela signifie qu’en début de saison, lorsque les sols étaient rechargés en eau, une grande partie des précipitations a été perdue définitivement pour la vigne par ruissellement ou infiltration. Ensuite, il a suffi de quelques semaine sans précipitations pour que la vigne utilise la majorité de ces réserves et rentre en contrainte hydrique.
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Il paraît important de retenir de ce millésime que les fortes précipitations en début de saison n’ont pas empêché l’installation d’une contrainte hydrique au cours de la maturation. Cela s’explique principalement par un contexte pédologique et géologique spécifique. Ce contexte impactant le régime hydrique de la vigne participe à la typicité des vins de Champagne.
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas.
2015 avait été une année calme pour les maladies et ravageurs, restés bien maltés, voire même très discrets.
En 2016, les accidents climatiques (gel de printemps, échaudage en août) se sont conjugués à une pression mildiou exceptionnelle, qui a fortement pesé sur la récolte. La pourriture et autres déviations associées auront, un temps au moins, laissé planer leur ombre sur la future récolte. Plus ponctuellement, certaines maladies associées au dépérissement du vignoble auront également fait impression cette année.
Depuis 20 ans de pression mildiou, 2016 restera comme l’année de référence (en attendant la prochaine ?), avec une perte de récolte estimée à 15 %. 2016 surclasse largement 1997. La perte de récolte était alors deux fois moindre.
La forte pression s’explique d’abord par une pluviométrie record depuis janvier, particulièrement en mai et juin. Au cumul de pluies excédentaires, s’ajoute une fréquence de précipitations rarement observée depuis 1997. En un mois, du 9 mai au 9 juin, on dénombre plus de 20 jours de pluie !
Suite à un automne/hiver plutôt doux et humide, la maturité des œufs de mildiou a été observée sans difficulté, plutôt précocement, dans les conditions de laboratoire, le 14 avril exactement. Le potentiel épidémique, plutôt modéré en sortie d’hiver, du fait de températures fraîches, est monté brusquement en puissance avec les précipitations à partir dû tout début mai. Suite à la succession de contaminations
jusqu’au 23 mai, le système est chargé à bloc en tous points du vignoble. Les contaminations de fin mai, si elles sont mal protégées, entraînent déjà des pertes de récolte significatives, quelle que soit la région.
Les premières taches sur feuilles sont observées au vignoble le 10 mai, dans le Sézannais, secteur particulièrement arrosé fin avril, comme d’une manière générale toute la frange sud du vignoble. Dans cette zone, un début de protection enclenché après mimai est déjà pénalisant pour la suite. En effet, la climatologie particulièrement pluvieuse a non seulement entretenu un fort potentiel épidémique, mais a aussi et surtout pénalisé l’accès aux parcelles et le renouvellement de la protection "en temps et en heure".
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Fin avril-début mai, l’appréciation du potentiel épidémique pour le début de campagne 2016 par l’outil de modélisation "Oïdium Champagne" (outil apparenté au modèle Système Oïdium Vigne - SOV) indique que le risque épidémique est moyen en Champagne. Le printemps frais et la répétition des pluies, jusqu’en juillet, aura d’une manière générale réprimé la mise en place de l’épidémie.
La surveillance sur feuilles a débuté fin mai dans les parcelles ayant atteint le stade ’8-9 feuilles étalées’. La première tache sur feuilles est signalée début juin dans une parcelle à fort historique. Sur les différents réseaux d’observation (SBT, Magister, etc.), la situation reste très saine durant tout le mois de juin. A la floraison, fin juin, 1 % seulement des parcelles du réseau SBT manifestent des symptômes sur feuilles. A titre de comparaison, à stade phénologique équivalent, 14 % des parcelles du réseau extériorisaient des symptômes en 2015. L’indicateur régional "feuilles" classe finalement 2016 parmi les années à risque épidémique faible à modéré.
Les premiers symptômes sur baies sont vus le 8juillet dans une parcelle à antériorité d’attaque sur grappes. Le suivi se poursuit dans les différents réseaux d’observation durant tout le mois de juillet et le constat sur grappes reste le même que sur feuilles très peu de symptômes sont observés. Fin juillet, au stade "fermeture de la grappe", l’arrêt de la protection est conseillé en raison de l’état sanitaire très satisfaisant du vignoble. Au bilan mi-août, un peu moins de 10 % des parcelles du réseau SBT présentent des symptômes sur grappes, mais en fréquence et intensité très limitées. En fin de saison, la colonisation tardive du feuillage aura même été limitée. L’impact de la maladie sur la vendange est nul, à quelques très rares exceptions près.
Malgré des symptômes précoces qui ont régulièrement ponctué la campagne végétative, avec d’abord la pourriture sur feuilles, presque systématique cette année en mai, puis la pourriture pédicellaire plutôt que pédonculaire en juin, enfin la pourriture sur baies vertes en juillet, l’empreinte pourriture aux vendanges ne soulève en général pas de commentaires particuliers.
La proportion de récolte touchée par la pourriture grise aux vendanges est estimée à 5 % environ.
La climatologie particulièrement clémente en août a bien séché les foyers de juillet. Les vignes’ sont très saines jusqu’à la mi-septembre. Dès lors, des foyers apparaissent, en priorité dans les noirs, plus mûrs, avec des nuances importantes entre parcelles, comme toujours.
Mention spéciale pour le chardonnay : ce cépage a été systématiquement plus touché que les noirs par les symptômes précoces avant véraison. Les parcelles les plus "vigoureuses", avec une forte expression végétative ont logiquement manifesté davantage de symptômes. Parfois la fréquence des premiers foyers inquiète. Aux vendanges, malgré une récolte plus tardive que les noirs, le chardonnay est
plutôt peu touché, même si on a observé des foyers de pourriture grise plus fréquemment que lors des précédentes campagnes.
Quelques dégâts de pourriture acide ont été signalés sur les cépages noirs, dans des parcelles habituellement sensibles. Comme en 2015, les symptômes sont restés très discrets. Aucune incidence de la pourriture acide sur la vendange 2016.
Les premiers symptômes de rougeot parasitaire sur feuilles ont été signalés mi-juin, dans des parcelles habituellement concernées par cette maladie, sur les tout premiers étages foliaires. Malgré les épisodes pluvieux à répétition, la maladie a été bien contenue. L’évolution des symptômes sur feuilles reste limitée d’autant plus que la pression fongicide, en réponse à la pression mildiou exceptionnelle, a probablement maîtrisé son expression. Contrairement à 2015, les observations de taches de black rot sur le feuillage sont peu fréquentes. Aucun dégât sur grappes n’est signalé à la vendange.
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Courant juillet, lorsque la date du premier prélèvement fut déterminée au 22 août, l’ambiance était maussade. Finalement, le mois d’août aura apporté son lot de surprises : des journées chaudes et enfin ensoleillées favorisant des cinétiques très dynamiques sur cépages noirs et quelques bonnes nouvelles que nous n’attendions plus. Retour sur le déroulement de cette maturation particulière.
Malgré une année très complexe, les préleveurs et saisisseurs matu ne se sont pas démotivés et le réseau maturation s’en voit enrichi. Ainsi, 17 nouvelles parcelles ont été ajoutées, dans l’objectif d’affiner le maillage et d’optimiser la représentativité au sein des communes et terroirs de l’appellation.
Huit journées de prélèvements ont été organisées, représentant, au total, plus de 2 300 prélèvements. C’est un peu moins que les années précédentes mais cela s’explique par les conditions particulières de l’année. Nous remercions vivement les préleveurs concernés par des parcelles très touchées par le gel qui ont tenu à réaliser tout de même quelques prélèvements.
Au fil de la journée du premier prélèvement, le 22 août, le décalage entre le chardonnay et les cépages noirs se dessinait déjà. En effet, la véraison était loin d’être acquise pour ce cépage et les préleveurs les plus volontaires ont eu les plus grandes difficultés à pressurer les baies vertes et dures qui composaient la quasi intégralité des grappes. Dans les noirs, certains secteurs n’étaient pas beaucoup plus avancés phénologiquement, mais à l’échelle de la Champagne, les degrés potentiels obtenus étaient cohérents pour un premier prélèvement. En revanche, l’écart de plus de deux points entre les chardonnay et les meuniers était inédit
Le second prélèvement a confirmé ces premières tendances : au vu des résultats, des vendanges très étalées étaient déjà envisagées, du moins pour les plus avertis.
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Alors que les vendanges s’annoncent sous des hospices inespérés, les températures très importantes du 23 au 28 août font subir un ultime dommage aux grappes les plus exposées l’échaudage sévit sur l’ensemble des secteurs, parfois intensément sur certaines parcelles. Ces dégâts n’impactent pas la qualité mais le poids des grappes peut en être sévèrement amputé.
Au 10 septembre, jour de la réunion de décision des dates de vendanges, les meuniers et les pinots noirs précoces sont à la veille des premières cueillettes. Dans les zones plus tardives ou majoritairement composées de chardonnay, elles ne sont pas envisagées avant une dizaine de jours.
La maturité dans certaines parcelles est largement acquise, les baies s’égrainent facilement, les pellicules semblent fragiles et les degrés sont élevés. Cela suscite quelques inquiétudes quant à d’éventuelles dégradations de fin de saison, notamment avec les pluies tombant activement à la mi-septembre, susceptibles d’apporter une attaque de pourriture grise.
Fort heureusement, les dégâts de botrytis resteront modérés.
Ces cumuls favorisent la prise de poids des grappes qui, contre toute attente, se gorgent et affichent des poids conséquents. Les poids de baies moyens au cours des vendanges oscillent entre 1,5 et 1,7 grammes en moyenne. Dans certaines parcelles, le poids moyen des grappes dépasse facilement les 200 grammes, notamment sur chardonnays.
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Après une année intense et ne laissant que peu d’épisodes de trêve aux vignerons, la dynamique de maturation et la qualité des raisins offre l’opportunité de clôturer le millésime avec une bonne impression et une belle matière aux œnologues et chefs de cave pour parachever ce millésime de la meilleure façon possible.
Gelées de printemps, mildiou, grêle, coulure, millerandage, échaudage, cuidage et déculdage auront été les maîtres mots de cette saison difficile, rendant particulièrement complexe les estimations. Finalement, au lendemain des vendanges, le rendement est la bonne surprise du millésime, excepté dans les secteurs les plus intensément impactés par les aléas climatiques et la pression mildiou.
Dans un premier temps, revenons sur les conditions agrométéorologiques au cours de l’initiation florale en 2015. La température et l’ensoleillement, facteurs influants sur la fertilité des bourgeons latents, étaient particulièrement satisfaisants.
En revanche, les conditions très sèches avaient parallèlement induit une carence azotée précoce. La vigueur et la disponibilité en éléments minéraux, l’azote en particulier, jouent également un rôle sur l’initiation florale.
La montre attendue était donc relativement élevée pour 2016. La réalité fut quelque peu nuancée. Sans prendre en compte les dégâts liés aux gelées, dans les secteurs les plus touchés par la contrainte hydro-azotée en 2015, les montres n’étaient pas généreuses 7 grappes au M2 (fourrières déduites) pour les chardonnays et 5 à 6 pour les cépages noirs.
Dans les autres secteurs, le nombre de grappe au m2 était un peu plus conséquent : 8 grappes/ M2 pour les blancs et entre 7 et 8 pour les pinots noirs et meuniers. Malheureusement, les gelées intenses de la fin du mois d’avril et de début mai avaient déjà pénalisé lourdement 8 000 hectares, soit 4 500 hectares ramenés à 100 % des ceps touchés. Dans ces parcelles, le bilan était sans appel et les estimations faciles à faire...
C’est dans ce contexte peu réjouissant que, par ailleurs, la pression mildiou s’intensifie. Le rot gris apparaît sans attendre, condamnant les inflorescences. Les pertes s’alourdissent.
Au cours de la première quinzaine de juin, la vigne atteint son gabarit. Leg inflorescences sont bien développées et la vigne est prête à entamer sa floraison. Cependant, les conditions climatiques ne s’améliorent pas, quelques orages de grêles s’abattent notamment dans les secteurs déjà gelés, venant assombrir le tableau déjà bien terne. Parallèlement une chute des températures survient, ralentissant l’évolution des inflorescences. Ce n’est qu’à partir du 20 juin que les températures remontent, atteignant même quelques extrêmes (32 °C atteints entre le 21 et le 23), la fleur s’épanouit enfin, rattrapant même son retard en se finalisant très rapidement.
Nos estimations, faites à l’issue des tournées de la commission de suivi des conditions de production et des comptages des différents réseaux, ont donc été réalisées à partir de certains comptages pré-floraison.
Dans le contexte climatique subi, et compte tenu des différents événements ayant déjà eu lieu, c’est avec un état d’esprit confus qu’il a fallu estimer les pertes infligées, à l’échelle de l’appellation.
En déduisant les grappes perdues par les événements climatiques et par le mildiou, mais en anticipant également sur une coulure et un millerandage éventuels compte tenu des conditions délicates en pré-floraison puis à la nouaison, nos estimations de juillet nous portaient à penser que le rendement AOC tendrait vers 7 500 kg/ ha, cachant de grandes disparités entre les secteurs.
Cette valeur estimée étant principalement portée par des poids de grappes moyens correspondant à la moyenne décennale, car les grappes présentes étaient de belle taille et bien conformées.
Lors des tournées AVC, nous constations que le nombre de grappes avait été estimé un peu trop à la baisse dans plusieurs secteurs. En revanche, les poids de grappes annoncés par nos services paraissaient, aux vignerons, impossibles à atteindre. La prudence quant aux rendements était perceptible, en toute logique.
Comme la nature aime à nous le rappeler régulièrement, l’humilité reste de mise lorsqu’il s’agit d’estimer le potentiel de récolte.
Si, globalement, le nombre de grappes au m2 était légèrement supérieur à nos estimations, les poids de grappes à la vendange ont dépassé toutes les prévisions.
Après une année record en matière de pluviosité et un retard phénologique d’une semaine à 10 jours par rapport à la moyenne décennale, le mois d’août nous a offert, non seulement des conditions météorologiques estivales et une maturité fulgurante sur cépages noirs, mais surtout des poids de grappes inespérés !
Les fortes chaleurs ont induit malheureusement des dégâts conséquents d’échaudage sur les grappes exposées ponctionnant environ 3 % de la récolte à l’échelle de l’appellation. La vigne a pu retrouver un équilibre au bout de quelques semaines. Le feuillage très vert et très actif et des conditions clémentes ont permis aux grappes de grossir sans contrainte hydrique.
Et cela s’est vu aux pressoirs !
Au cours des premiers prélèvements du réseau matu, les poids de grappes mesurés étaient dans la moyenne. En revanche, à la vendange, les poids sont devenus autrement conséquents, les quelques millimètres d’eau ayant bénéficié aux grappes, notamment de blancs. Et c’est avec une réelle surprise que lors de nos tournées vendange, nous avons mesuré sur les chardonnays de la Côte des Blancs et du Vitryat un poids moyen de l’ordre de 175 g !
Pour autant cela cache, comme toujours, de grandes disparités, et les secteurs les moins bien lotis, comme la Côte des Bar, n’ont pas eu la chance d’afficher de tels poids moyens.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, seules 15% des déclarations de récoltes ont été traitées par le service Vignoble et Récolte, mais la tendance, qui reste à confirmer, montre des rendements plus élevés que nos prévisions de juillet, principalement portés par les poids de grappe.
Les vendanges 2016 offrent une conclusion heureuse au regard de l’année subie, souhaitons simplement que 2017 soit plus clémente.