UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Vendanges, de 2001 à nos jours

2009 - Une maturation des raisins sans encombre

La maturation des raisins s’est déroulée cette année sous de véritables conditions estivales que la Champagne n’avait plus connues depuis l’été 2003. Un temps chaud, sec et très ensoleillé accompagne la véraison durant la seconde quinzaine d’août. L’intermède pluvieux de début septembre aura pour principale conséquence un grossissement des raisins avant les premiers coups de sécateur. Le retour d’un temps estival dès le 5 septembre a permis au raisin d’achever sa maturation dans des conditions optimales.
On retiendra de la vendange 2009 une qualité sanitaire irréprochable avec quasiment aucune trace de botrytis dans les caisses. Avec un degré potentiel moyen de 10,1 % vol. et une acidité totale moyenne de 7,5 g H2S04 g/L, les moûts 2009 présentent un bel équilibre dans la moyenne des 10 dernières années et permettront sans aucun doute l’élaboration de champagnes de qualité.
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Montre et floraison

Les modèles DECLIQ prévoyaient pour 2009 une très belle montre, de l’ordre de 15 grappes/m2 pour les trois cépages. Dans les vignes, on attend un peu pour faire les premiers comptages, d’autant que les accidents climatiques du printemps, pluies diluviennes, épisodes de grêle, coups de vent et casse de brins, laissent peu de répit aux vignerons. En juin, les correspondants de l’AVC estiment la montre plutôt aux alentours de 14 grappes/m2. Si l’on intègre à cette estimation les comptages effectués par les maisons de Champagne, le réseau Magister, les GDV et les Commissions de Suivi des Conditions de Production, on arrive à des valeurs plus modérées. Cette estimation sera confortée à la veille de la vendange par les comptages de grappes réalisés par les préleveurs du réseau matu.

La floraison s’est déroulée de façon assez étalée de début juin jusqu’à la troisième décade de juin. Certaines nuits fraîches, durant lesquelles les températures sont descendues en dessous de 10° C, ont fait craindre coulure et millerandage, et certains secteurs ont pu être concernés par ces phénomènes physiologiques. Globalement floraison et nouaison se sont déroulées sans encombre. Les prévisions de poids potentiel des grappes, basées sur les modèles DECLIQ, annoncent des valeurs importantes et l’on retient prudemment 120 grammes de moyenne pour le meunier (cépage le plus touché par le mildiou), et 150 grammes pour le chardonnay et le pinot noir. Compte tenu de ces éléments, la première estimation du rendement potentiel moyenne Champagne est de 14 100 kg/ha. Les capteurs de pollen installés dans le vignoble du 4 au 25 juin annoncent un rendement de 14 500 kg /ha, valeur en phase avec les estimations plus classiques.

Des estimations convergentes vers 14 500 kg/ha

De mai à fin juillet, c’est l’épidémie de mildiou qui inquiète et compte tenu de l’importance des attaques sur grappes, on craint des conséquences non négligeables sur la récolte, notamment dans la Vallée de la Marne et dans l’Aisne. Néanmoins, lors des traditionnelles tournées d’estimation de la récolte de l’AVC, de fin juillet et de fin août, les vignerons sont assez sereins et leurs estimations convergent vers une moyenne de 14 500 kg/ha, représentative de la plupart des communes malgré quelques situations extrêmes annoncées ponctuellement à 8 000 ou à l’inverse à 22 000 kg /ha.

Un état sanitaire irréprochable

Le suivi maturation démarre ses premiers prélèvements le 17 août et permet de suivre l’évolution du poids des grappes jusqu’au 10 septembre.
Sur la seconde quinzaine d’août, les poids des grappes progressent de 10 à 15 grammes par semaine en moyenne. Compte tenu du temps particulièrement chaud et sec, cette évolution est assez inespérée et témoigne certainement du bon état de la réserve hydrique des sols et de la capacité de la vigne à aller chercher l’eau en profondeur. Les précipitations de début septembre viennent accentuer le grossissement des baies, notamment pour le meunier. Au 10 septembre, les pinots noirs atteignent les 150 grammes prévus et les meuniers approchent finalement les 140 grammes de moyenne, ce qui compense un petit 140 grammes pour le chardonnay.
Dans les vignes, les poids de grappes continuent de progresser jusqu’à la vendange et le poids moyen retenu d’après le dernier prélèvement du réseau matu, est bien souvent largement dépassé.

A la veille des vendanges, le 4 septembre un épisode de grêle sur les secteurs de Chouilly, Damery, Hautvillers et Verzenay, entraîne des dégâts évalués en moyenne à hauteur de 15 %. Fort heureusement, le retour de conditions anticycloniques viendra sécher les blessures occasionnées sur les baies et c’est une vendange particulièrement saine qui sera récoltée quelques jours plus tard.

Au final, le rendement agronomique des vignes en 2009 laissera dans la plupart des situations une marge de manœuvre confortable, compte tenu du niveau de l’appellation de l’année pour mettre en œuvre un tri qualitatif. L’état sanitaire étant irréprochable, c’est sur la maturité des raisins que les vignerons ont pu se concentrer, notamment pour compléter leur réserve individuelle.

L’arrière-saison s’est déroulée principalement sous le soleil et des températures douces, favorables à la constitution de réserves pour la vigne. Par ailleurs, les modèles annoncent d’ores et déjà une très belle montre pour 2010, de l’ordre de seize grappes au mètre. Rappelons ici que les règles de l’AOC Champagne, en vigueur depuis 2007, fixent la charge maximale à 18 grappes/m2 et à 21 700 kg/ha le rendement maximal autorisé à la parcelle. Différentes pratiques peuvent déjà être mises en œuvre, sur les parcelles trop vigoureuses, pour une bonne maitrise des rendements. La gestion de la fumure, de l’entretien des sols (enherbement), de la taille et des travaux en vert, constituent des leviers incontournables du point de vue agronomique, environnemental et économique, pour une viticulture durable.
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Evolution du réseau maturation

Comme chaque année, certaines parcelles du réseau ont été renouvelées suite à des arrachages, et d’autres ont été ajoutées sur des communes peu représentées jusqu’alors. A la veille de la campagne de suivi de la maturation, le réseau compte 477 parcelles réparties sur 194 communes, et ce ne sont pas moins de 279 vignerons qui s’engagent à nous transmettre les résultats de leurs prélèvements deux fois par semaine durant le mois qui précède la vendange. Depuis deux ans maintenant, la localisation des parcelles est informatisée, de même que l’ensemble des caractéristiques parcellaires, ce qui permet de cartographier les variables ou les observations réalisées sur ces parcelles. Les cartes de la maturation 2009 sont disponibles sur l’extranet du CIVC destiné aux professionnels champenois à l’adresse, www. extranet.comitechampagne.fr, dans la rubrique Technique et Environnement/Maturation des Raisins/Résultats des prélèvements. Le réseau maturation constitue aujourd’hui un excellent maillage de l’aire de production de l’AOC Champagne, sur lequel le service viticulture du CIVC s’appuie désormais pour réaliser d’autres suivis. En 2007, l’enquête sur le développement de souches résistantes de botrytis a été déployée sur environ 130 parcelles de ce réseau. Les exploitants de ces parcelles renseignent sur leurs pratiques de protection phytosanitaire. Des prélèvements de pourriture grise sont réalisés sur ces parcelles par les techniciens du CIVC à la veille de la vendange. En 2009, il a été décidé de redéployer l’observatoire des maladies du bois sur le réseau maturation existant, pour lequel nous avons déjà une base de données conséquente. Les préleveurs ont été invités à nous renseigner le taux de mortalité due aux maladies du bois pour l’année en cours, en indiquant le nombre de pieds morts (forme apoplectique) et le nombre de pieds contrôlés. Ces informations nous ont été communiquées par un bon nombre de vignerons via l’interface de l’extranet du CIVC et nous les en remercions.

Le Vigneron Champenois - N° 10 - Novembre 2009

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