MONSEIGNEUR LE VIN
LE CHAMPAGNE
Un voyage dans ces caves monolithes laisse une impression formidable de puissance, de richesse, d’ordre. Tout y est à l’échelle de la grandeur. [...]
Le travail n’y a point de secret. On rencontre les hommes qui peuplent ces solitudes et dont la tâche est de remuer chaque jour [...] des milliers de bouteilles. [...]
Du goulot exactement congelé, un bouchon de glace entraîne en tombant ces impuretés qu’il emprisonne. Puis c’est le délicieux dosage du goût, qui va de la douceur qui flatte à la violence qui rudoie.
Close à force par son bouchon qui fait turban, encapuchonnée dans sa résille de fer, la bouteille de champagne, cette grande dame, est prête maintenant à se rendre où elle sera priée. Il ne lui reste qu’à passer aux mains des ouvrières, diligentes et silencieuses caméristes qui vaqueront aux derniers soins de sa toilette mondaine, et, d’un casque sombre, ou semé de paillettes, ou d’or et d’argent, coifferont sa dignité altière.
1927