UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Pierre-Jean de Béranger

Chansons (1826)

LA BACCHANTE
Air : "Fournissez un canal au ruisseau."
Cher amant, je cède à tes désirs De champagne enivre Julie. Inventons, s’il se peut, des plaisirs ; Des amours épuisons la folie. Verse-moi ce joyeux poison ; Mais surtout bois à ta maîtresse Je rougirais de mon ivresse, Si tu conservais ta raison.
Vois déjà briller dans mes regards, Tout le feu dont mon sang bouillonne. Sur ton lit, de mes cheveux épars, Fleur à fleur vois tomber ma couronne. Le cristal vient de se briser Dieux, baise ma gorge brûlante, Et taris l’écume enivrante Dont tu te plais à l’arroser.
Dans mes bras tombe enfin à ton tour ; Mais, hélas ! tes baisers languissent. Ne bois plus, et garde à mon amour Ce nectar où tes feux s’amortissent. De mes désirs mal appaisés, Ingrat, si tu pouvais te plaindre, J’aurais du moins, pour les éteindre, Le vin où je les ai puisés.

LE SÉNATEUR
Air : "Tons un curé patriote."
Certain soir à sa campagne Il nous mena par hasard ; Il m’enivra de champagne ; Et Rose fit lit à part.

MES CHEVEUX
Air : "Vaudeville de décence."
Buvez. un peu ; c’est dans le vin qu’on noie
L’ennui, l’humeur et les chagrins.
A longs flots puisez l’allégresse
Dans ces flacons d’un vin mousseux.
C’est mon avis, moi de qui la sagesse
A fait tomber les cheveux.

VOYAGE AU PAYS DE COCAGNE

Air : "Contredanse de la Rosière"

ou "L’ombre s’évapore."
Ivre de champagne, Je bats la campagne, Et vois de Cocagne Le pays charmant.

LES GOURMANDS
A MM. les gastronomes.
Air : "Tout le long de la rivière."
Français, dînons pour le dessert : L’amour y vient, Philis le sert Le bouchon part, l’esprit pétille La décence même y babille, Et par la Gaîté, qui prend feu, Se laisse coudoyer un peu. Chantons alors l’Aï qui nous inspire. Ah ! pour étouffer, n’étouffons que de rire ; N’étouffons, n’étouffons que de rire.

LA DESCENTE AUX ENFERS

Air : "Boira qui voudra, larirette, Paira qui voudra, larira."
Aux buveurs à rouge trogne il dit : Trinquons à grands coups Vous n’aimiez que le bourgogne ; De champagne enivrez-vous.

1826
Chansons de Bérange