UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Gustave Flaubert

Littérature générale (1857)

MADAME BOVARY

Emma Bovary et son mari sont invités â dîner au château.
À sept heures, on servit le dîner. [...] Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l’odeur des truffes. [...]

1. Dans les « pages de plans » (Bibliothèque municipale de Rouen) rédigées par Flaubert en vue de la rédaction de son ouvrage on trouve la phrase suivante à propos de Rodolphe :« Longtemps il a cuvé. II part maintenant comme un jet de vin de Champagne dont les ficelles sont rompues. »

On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche.
La Fille d’Emma Bovary vient d’être baptisée religieusement.
Le soir de la cérémonie, il y eut un grand dîner ; le curé s’y trouvait, on s’échauffa. [...] M.Bovary père exigea que l’on descendît l’enfant, et se mit à le baptiser avec un verre de champagne qu’il lui versait de haut sur la tête.

1857

L’ÉDUCATION SENTIMENTALE

Un dîner costumé auquel prennent part Frédéric et sa maîtresse Rosanette.
Elle prit sur le poële une bouteille de vin de Champagne, et elle versa de haut, dans les coupes qu’on lui tendait. Comme la table était trop large, les convives, les femmes surtout, se portèrent de son côté, en se dressant sur la pointe des pieds, sur les barreaux des chaises, ce qui forma pendant une minute un groupe pyramidal de coiffures, d’épaules nues, de bras tendus, de corps penchés ; - et de longs jets de vin rayonnaient dans tout cela, car le Pierrot et Arnoux, aux deux angles de la salle, lâchant chacun une bouteille, éclaboussaient les visages.
Frédéric et Rosanette, surnommée "La Maréchale" ; assistent aux courses sur l’Hippodrome du Champ-de-Mars, où se trouve également en milord (cabriolet à 4 roues) Mme Arnoux, dont le mari s’intéresse à Rosanette et pour laquelle Frédéric éprouve un amour tendre et profond.
Frédéric tâchait de se dégager pour rejoindre le milord. La Maréchale lui faisait signe de retourner près d’elle. Cisy l’aperçut, et voulut obstinément lui dire bonjour. [...] II commença par se plaindre du Champ-de-Mars, turf exécrable, [...], jura qu’il pouvait boire douze verres de vin de Champagne pendant les douze coups de minuit, proposa à la Maréchale de parier. [...]
Elle mangeait avec une gloutonnerie affectée une tranche de foie gras. Frédéric, par obéissance, l’imitait, en tenant une bouteille de vin sur ses genoux.
Le milord reparut, c’était Mme Arnoux. Elle pâlit extraordinairement.

-  Donne-moi du champagne ! dit Rosanette.
Et levant le plus haut possible son verre rempli, elle s’écria

-  Ohé là-bas ! les femmes honnêtes, l’épouse de mon protecteur, ohé !
Des rires éclatèrent autour d’elle, le milord disparut.

1869

LE DICTIONNAIRE DES IDÉES REÇUES

Champagne - Caractérise le dîner de cérémonie. - Faire semblant de le détester en disant que « ce n’est pas un vin ». Provoque l’enthousiasme chez les petites gens. - La Russie en consomme plus que la France. C’est par lui que les idées françaises se sont répandues en Europe. - Sous la Régence, on ne faisait pas autre chose que d’en boire. - (Mais on ne le boit pas, on le « sable ».)

1913
Œuvre posthume.

Correspondance

A Louis Bouilhet

Croisset, 25 décembre 1852

Je vais ce soir dîner chez Achille. Dîner de sheik ! champagne !

A Madame X...

Croisset, nuit dimanche, 1 heure (fin juin ou début juillet 1853 )

Me sentant ce matin en grande humeur de style, j’ai, après ma leçon de géographie à ma nièce, empoigné ma Bovary et j’ai esquissé trois pages dans mon après-midi, que je viens de récrire ce soir. [...1
Les mots des bourgeois de Chartres à Préault sont bons. T’ai-je dit celui d’un curé de Trouville, auprès de qui je dînais un jour ? comme je refusais du champagne (j’avais déjà bu et mangé à tomber sous la table, mais mon curé entonnait toujours), il se tourna vers moi et avec un oeil ! quel oeil ! un oeil où il y avait de l’envie, de l’admiration et du dédain tout ensemble, il me dit en levant les épaules : « Allons donc ! vous autres jeunes gens de Paris qui dans vos soupers fins sablez le champagne ! quand vous venez ensuite en province vous faites les petites bouches » et comme il y avait de sousentendu entre les mots « soupers fins » et celui de « sablez » ceux-ci « avec des actrices » ! Quels horizons ! et dire que je l’excitais, ce brave homme. A ce propos je vais me permettre une petite citation. « Allons donc ! fit le pharmacien en levant les épaules, les parties fines chez le traiteur ! les bals masqués ! le champagne ! tout cela va rouler, je vous assure.

-  Moi, je ne crois pas qu’il se dérange, objecta Bovary.

-  Ni moi non plus, répliqua vivement M. Homais, quoiqu’il lui faudra pourtant suivre les autres, au risque de passer pour un jésuite. »