UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Marquis de Foudras

Littérature générale (1860)

SOUDARDS ET LOVELACES

En 1792, les officiers du Ile de ligne chassent le cerf et le sanglier dans les forêts des environs de Chaumont-en-Bassigny, chef-lieu du nouveau département de la HauteMarre. Ils reçoivent 1 hospitalité de l’abbesse de Clefmont dans une des fermes dépendant du monastère, dont l’économe. M. Desmont, vient les rejoindre. Ils lui font part de leur désir de prendre quelque repos avant la chasse du lendemain.
M. Desmont, sans combattre précisément ce désir, exprima celui de boire à la santé des hôtes de madame l’abbesse de Clefmont, sa digne maîtresse, avec un liquide un peu plus généreux et d’une origine moins obscure que le petit vin rosé qui circulait autour de la table depuis le début du souper.
Et comme il vit sur les visages de huit convives que sa proposition était du goût de tout le monde, il fit un signe à la belle fermière pour l’appeler à lui et ils échangèrent quelques paroles à voix basse.
Madame Bouquet sortit, et trois minutes ne s’étaient pas écoulées, qu’elle revenait avec son mari, portant à eux deux un énorme panier rempli de bouteilles de vin de Champagne, mousseux sans doute, car il était soigneusement ficelé et goudronné.

-  C’est un présent que j’ai reçu pour mes noces de monsieur l’économe, dit la fermière, en baissant ses yeux égrillards qui n’en brillèrent que mieux quand elle releva ses paupières. Je le gardais pour une bonne occasion, continua-t-elle en enveloppant tous les officiers dans un regard coquet jus qu’à la provocation, mais comme je n’en trouverais jamais une meilleure que celle-ci, buvez-en tout votre content, messieurs ; ça nous fera plus de plaisir, à mon homme et à moi, que si nous le buvions nous-mêmes. [...]
Il n’était pas loin de minuit quand on quitta la table ; mais comme les nuits sont longues au mois de novembre, on avait au moins six ou sept heures de repos complet en perspective, et sous l’heureuse influence du vin de Champagne, chacun pensait qu’il ne lui en fallait pas davantage pour rentrer en possession de sa vigueur habituelle.

1860