UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Duchesse d' Abrantès

Littérature générale (1837)

HISTOIRE DES SALONS DE PARIS

En 1787, à un souper chez Madame Necker, Marmontel est prié par son hôtesse de faire une chanson sur un thème à choisir.

— Eh bien ! dit Madame Necker, je vais vous donner un “mot” et vous ferez un couplet.
Elle rêva un moment. Tout à coup, le bouchon d’une bouteille de vin de Champagne vint à partir.

— Ah ! s’écria-t-elle, le voilà tout trouvé ! “Champagne” !
Marmontel rêva quelques instants. Puis, sans écrire, il s’adressa à Madame Necker en lui chantant le couplet suivant :

Champagne, ami de la folie,
Fait qu’un moment Necker s’oublie,
Comme en buvant faisait Caton ;
Ce sera le jour de ta gloire :
Tu n’a jamais sur la raison
Gagné de plus belle victoire.

Sous l’Empire, l’époux de la duchesse, le général Junot, duc d’Abrentès, rend visite à son ami Regnault de Saint-Jean-d’Angély, procureur général près la Haute cour impériale :

— À ta santé, avec ton vin de Champagne ; il est bon du reste, où le prends-tu ? —Chez Ruinart. —C’est bien ça, et moi aussi. —Ah ! tu le trouves bon ! dit Regnault : donne-m’en un verre. —À condition, dit Junot, que tu diras : Vive l’empereur ! —Quelle condition ! s’écria Regnault, oui, sans doute ; et levant son verre, il cria de sa voix de tempête : À la santé de l’empereur ! [...] Il but encore trois ou quatre verres de vin de Champagne, mangea du pâté de foie gras, et bientôt il fut tout à fait en gaîté, mais sans être gris ni même attaqué.

1837 - 1838