LE DESTIN DE COSIMA
Marie d Agout vient d’annoncer à Franz Listz qu’elle va lui donner un troisième enfant. Ils espèrent que ce sera un Fils, qu’ils appelleraient Daniel.
Maintenant, il s’agitait, appelait leur valet italien pour qu’il apportât le champagne qu’il voulait boire pour fêter, disait-il, à la fois la bonne nouvelle et l’heureuse issue d’une discussion, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que dans cette discussion elle n’avait pas ouvert la bouche.[ ...1
« A Daniel, dit Franz en lui tendant une flûte. »
Elle prit le verre et regarda le vin pétiller. Les bulles sans cesse recommencées venaient mourir à la surface. Elle aimait les symboles et pensa que ces bulles étaient comme les aspirations qui naissent sans cesse au fond de nous, qui crèvent l’une après l’autre, sans aucune importance, dirait-on, mais qui donnent pourtant le ton à notre personnalité. Elle ne fit pas part de cette impression à son amant. Elle leva un peu la flûte et répondit
« A Daniel. »
1959