CINQUANTE ANS DE PANACHE
Chez Maxims, à la Belle Epoque.
Max Lebaudy faisait bombance avec les frères Ravaud et avec Maurice Bertrand - que Sem appelait : « Le monsieur-de-chez-Maxim’s », et qui se fit représentant d’une Maison de champagne pour pouvoir boire tout son saoul l’Heidseick Monopole. [...]
Bertrand [...] faillit faire trépasser Cornuché1 en introduisant chez Maxim’s... un enterrement. Le corbillard avait fait halte devant la maison, et quatre croque-morts avaient empoigné le cercueil, suivis par Bertrand qui [...] d’une voix grave, offrit aux consommateurs
- Voulez-vous revoir une dernière fois notre malheureux ami ? [...]
On ouvre alors le cercueil et on découvre des bouteilles, naturellement, qui furent sablées aussitôt à la santé de Cornuché.
A propos de la villa de Judith Gautier à Saint-Enogat.
Cette maison était souvent visitée par des vagabonds, qui en escaladaient le mur de clôture. Pour éviter ces incursions, Judith avait fait garnir le faîte du mur de tessons de bouteille. Mais des traces de pas dans le jardin prouvèrent que c’était peine perdue. Alors pour que ces gens, déjà si malheureux, n’éprouvent pas le malheur supplémentaire de déchirer leur pantalon, Judith fit garnir chaque arête de verre d’un bouchon de champagne. Que de bouteilles ainsi vidées... par amour du prochain.
POÈME de Judith Gautier
imprimé au verso d’une brochure MUMM
Que ferait un festin sans la salve joyeuse
Des bouchons détonnant hors des goulots dorés
Dont la mousse jaillit folle et capricieuse
Mouillant les doigts parmi les rires effarés ?
Soit pour nous souvenir de quelque heure envolée
Naissance ou mariage ou fêter un succès,
ou bien verser l’oubli dans l’âme désolée
N’est-ce pas aujourd’hui qu’il faut cher vin français ?
Gloire à toi vin léger, vin doré, vin limpide,
Qui réchauffe le coeur et met la flamme aux yeux
Exhale le courage et rend l’Homme intrépide
Qui fait le pauvre riche, et le triste joyeux !
1. Gustave Comuché, qui présidait alors aux destinées de l’établissement.
La promotion du champagne.
Du côté de 1935 les Hauts et Puissants Gentilshommes du vin de Champagne me confièrent une mission de propagande en faveur de leurs produits. Pendant deux ans je parcourus la France en tous sens - et en toute saison. Je promenais une conférence à la gloire du Bacchus de Reims et d’Épernay, mais je devais aussi m’efforcer de recueillir des déclarations d’amour (du champagne) émanant de diverses notabilités. Dans les villes pourvues d’une faculté de médecine, les propos des disciples d’Esculape étaient spécialement recherchés et s’ils étaient assez favorables, l’excellent M. Hodez, secrétaire délégué du syndicat, savait re l’éminent maître par l’envoi d’une caisse de bouteilles millésimées.
1951