JOURNAL
1953 - 22 juillet
Au cours d’un lunch de mariage
Long apparté cocasse de Mme Martin, couturière de la gentry locale, avec la baronne de Gunzburg, ce qu’on fait de plus chic dans notre parenté. Sans connaître leurs identités respectives, elles fraternisent par les intestins. « J’ai un anus artificiel », déclare Mme Martin, qui se sent à la pointe du progrès chirurgical. Mirai arrive en vitesse pour tenir le crachoir à la baronne, tandis qu’on éloigne les entrailles plébéiennes à l’aide d’une coupe de champagne brandie de loin ; la Faculté l’autorise.
1960 - 21 juin
Le mari de Josette est mort, après des mois d’agonie. [...] Ce soir a eu lieu la levée du corps. [...]
Devoirs rendus au défunt, on passe dans le petit salon voisin, où "la famille" boit du champagne (on ne connaît pas d’autre breuvage que le
Pommery dans la maison). [...j Débarque Georges Auric, la mine de circonstance ; [...] il étale ses rondeurs de pachyderme sur un canapé, siffle coupe sur coupe. [...] On se croirait au cinéma, dans un film burlesque, un peu surréaliste.
1964 - 16 octobre
Déjeuner Gould, coincé entre le colonel muet, ami de Florence, et Mme Eve Delacroix, une belle plante brune sur le retour qui patronne un prix littéraire à son nom. [...]
- Oui, monsieur, je défends les valeurs humaines. [...] Il faut être sain, sinon saint. Tenez, je mène, moi, une vie très réglée. Le matin du thé, le soir du champagne, mais Heidseick millésimé, uniquement.
1987
OEuvre posthume