UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Accueil > Encyclopédies > Anthologie du Champagne > Frédérique Hébrard

Frédérique Hébrard

Littérature générale (1978)

LA VIE REPRENDRA AU PRINTEMPS
Rentrant chez lui, Bertrand apprend que son épouse est partie brusquement pour surveiller des travaux urgents dans leur maison de campagne. Il demande à Marinette, la domestique, si les enfants ont dîné avec "Mademoiselle" ; qui se prénomme Geneviève.

-  Ils commencent, monsieur.

-  Alors je dîne avec eux ! [...J
Explosion de joie des gamins, sourire un peu contraint de Mademoiselle, qui aime l’ordre.

-  Marinette, il y a du champagne au frais ?

-  Bien sûr, monsieur.

-  Alors, champagne !

-  Hurrah ! crient les gamins.

-  No champagne for you, précise Mademoiselle très nette.

-  Oh ! Mademoiselle, insiste Bertrand, juste une petite goutte...

-  On ne donne pas de champagne aux enfants, monsieur.

-  Mais ce ne sont plus des enfants, mademoiselle ! [...]
Elle prend un air de martyre

-  Dans ce cas..., dit-elle.

-  Champagne, Marinette !

-  Une demie ? demande Marinette raisonnable.

-  Une demie ? s’écrie Bertrand scandalisé. Une demie, ça n’existe pas ! Une vraie bouteille, Marinette ! [...)

-  Voilà le champagne !
Les enfants tressaillent de plaisir comme tous les enfants bien élevés à qui l’on apprend que la joie est une chose exceptionnelle. Le bouchon fait plaff ! et ils tendent leurs verres.

-  Une goutte ! rien qu’une goutte ! dit Bernard en les servant à peine, mais ils sont si heureux.

-  Mademoiselle ?

-  Oh ! non, monsieur, merci, je ne bois jamais de champagne !

-  Vraiment ?

-  Vraiment, monsieur !

-  Je vous crois, dit-il. Mais si Mademoiselle ne boit jamais de champagne, vous me permettrez d’en offrir à Geneviève ?
...]

-  Mais alors rien qu’une goutte !
Il la sert et se tourne vers Marinette

-  Votre verre.
Marinette éclate de rire. Du champagne ? Mais alors une goutte, une vraie goutte, rien qu’une goutte.

-  Décidément ! dit Bernard qui annonce : mais pour moi... beaucoup - ce qui met les enfants en joie. Papa est un vrai homme !
Maintenant tout le monde est servi et personne n’a encore osé boire. Marinette tient son verre et le regarde, debout derrière la table.
nno
Mademoiselle attend que Monsieur donne l’exemple. Nicolas, qui veut que la fête soit complète, dit - A quoi on boit ? ’ - Mais oui, c’est vrai ça ! A quoi on boit ? répète Bertrand. - A maman ! dit Pascal. - C’est une très gentille idée, dit Bertrand. A maman. Et ils boivent tous très lentement.
1978

LE HAREM

(Grand Prix du Roman de l’Académie française 1987)

Igor a passé sa jeunesse en Russie. Il raconte
« Ces Moissonnier étaient une véritable dynastie, les Le Nôtre de la fin de l’époque des Tsars. [...] Marie parcourait la propriété avec ses couleurs et ses pinceaux. [...] Regarde, j’ai des cahiers entiers de croquis... les sources, les moissons, la neige... [...] et là ! on baptise les chevaux avec du champagne ! »
1987