UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Ernest Hemingway

Littérature générale (1926)

Prix Nobel 1954

LE SOLEIL SE LÈVE AUSSI

A Paris, chez Jake, le narrateur. Son amie Brett arrive avec le comte Mippipopolous. Jake, qui était sous la douche, vient les rejoindre au salon, mais le comte a disparu. Brett s’explique.

Je l’ai envoyé chercher du champagne. Il adore aller chercher du champagne. [...] Tu sais, il est formidable quand il s’agit de champagne. C’est tout pour lui. [...]

On sonna à la porte. J’allai ouvrir. C’était le comte. Derrière lui, le chauffeur portait un panier de champagne.

- Où dois-je lui dire de le déposer, monsieur ? demanda le comte.

- Dans la cuisine, dit Brett.

- Posez ça là, Henry, dit le comte en faisant un signe. Maintenant, descendez chercher de la glace. [...] Je crois que vous trouverez ce vin très bon, dit-il. [...] J’ai eu celui-ci par un de mes amis qui en fait commerce.

- Oh ! vous avez toujours quelqu’un dans le commerce, dit Brett.

- Ce garçon cultive la vigne. Il a des centaines d’hectares.

- Comment s’appelle-t-il, Veuve Clicquot ?

- Non, dit le comte, Mumm. Il est baron.

Plus tard, après que le comte eût à plusieurs reprises fait tourner les bouteilles dans le seau.

- Ah ! (le comte sortit une bouteille) je crois que c’est assez froid.

J’allai chercher une serviette, et il essuya la bouteille et la tint en l’air.

- J’aime boire le champagne des magnums. Le vin est meilleur, mais ç’aurait été trop difficile à rafraîchir.

Il tenait la bouteille et la regardait. Je sortis les verres.

- Alors, vous pourriez peut-être la déboucher, suggéra Brett.

- Oui, ma chère, je vais la déboucher.

C’était un champagne étonnant.

- Ça, par exemple, c’est du vin. (Brett leva son verre.) Si on buvait à quelque chose. « A la royauté ! »

- Ce vin est trop bon pour les toasts, ma chère. Il ne faut pas mêler les émotions avec un vin comme ça. On perd le goût. [...]

Nous bûmes trois bouteilles de champagne et le comte laissa le panier dans ma cuisine.

Traduit de l’américain.
moi

L’ADIEU AUX ARMES

En Italie, pendant la première guerre mondiale.

Le comte Greffi avait quatre-vingt-quatorze ans. Il avait été contemporain de Metternich. C’était un vieillard à moustaches et cheveux blancs, extrêmement bien élevé. [...] J’avais fait sa connaissance une année où je m’étais trouvé à Stresa en dehors de la saison, et, tout en jouant au billard, nous buvions du champagne. Je trouvais que c’était une coutume admirable, et il me donnait quinze points d’avance, et néanmoins il me battait. [...]

Je trouvai le comte Greffi dans la salle de billard. Il s’exerçait, frêle sous la lumière qui inondait le tapis. Sur une table à jeu, un peu dans l’ombre, il y avait un seau à glace en argent. Les goulots et les bouchons de deux bouteilles de champagne pointaient audessus de la glace. [...]

Il jouait merveilleusement et, malgré son handicap, je n’avais que quatre points d’avance quand j’arrivai à cinquante. Le comte Greffi pressa un bouton dans le mur pour appeler le barman.

- Veuillez déboucher une bouteille, dit-il. Puis se tournant vers

Nous allons prendre un petit stimulant.

Le vin était très sec et très bon. [...]

Nous continuâmes à jouer en sirotant notre vin entre les coups. Nous parlions italien, mais nous étions trop absorbés par le jeu pour parler beaucoup. Le comte Greffa fit ses cent points et, malgré mon handicap je n’arrivai qu’à quatre-vingtquatorze. Il sourit et me frappa sur l’épaule.

- Maintenant nous allons boire l’autre bouteille et vous me parlerez de la guerre. [...]

Nous étions assis dans les amples fauteuils de cuir, le champagne dans le seau à glace et nos verres sur la table, entre nous.

Traduit de J’américain.
1926
1929

PARIS EST UNE FÊTE

SCOTT FITZGERALD

C’est à Paris, dans les années vingt ; qu’Hemingway rencontre pour la première fois, dans un bar, Scott Fitzgerald. Ce dernier est accompagné de Dunc Chaplin, fameux joueur de baseball.
Nous avions fini la première bouteille de champagne et entamé la seconde, et le discours tirait à sa fin.
Dunc et moi commencions à nous sentir mieux qu’avant le champagne, et il était agréable de voir approcher la fin du discours.
Traduit de l’américain.
1964
ouvre posthume

ILES À LA DÉRIVE

CUBA

Sur un paquebot, en mer, Thomas Hudson fait la cour à `la princesse’ : qui n’y est pas insensible.

- Oh, Hudson ! dit-elle. Je vous aime beaucoup. [...] Irons-nous boire une bouteille de champagne au Ritz ?

- C’est une excellente idée. Et votre mari ?

- Il joue toujours au bidge. Je le vois par la fenêtre. Quand il aura terminé, il viendra à notre recherche et il se joindra à nous.

Ils s’étaient donc rendus au Ritz qui était à l’arrière du bateau et avaient bu une bouteille de Perrier-Jouët 1915 et puis une autre et quelque temps après le prince les avait rejoints.

Un autre jour.

- Je crois que nous ferions mieux d’aller au Ritz et de prendre un peu de champagne, avait dit Thomas Hudson.

Ses sentiments commençaient à devenir très confus.

Le Ritz était désert et un garçon avait apporté le vin à l’une des tables près de la cloison. On gardait maintenant le Perrier-Jouët brut (1915) au frais en permanence et on demandait seulement : u Le même vin, Monsieur Hudson ? »

Ils levèrent leurs verres l’un vers l’autre et la princesse dit

- J’adore ce vin. Pas vous ?

- Beaucoup ! [...]

Ce soir-là, il lui avait fait l’amour trois fois et quand il l’avait reconduite à sa cabine, elle lui avait dit qu’il ne fallait pas et il avait dit que cela paraîtrait plus naturel s’il le faisait. Le prince jouait encore au bridge. Thomas Hudson était retourné au Ritz où le bar était encore ouvert, et il avait commandé une autre bouteille et avait lu les journaux reçus à bord à Haïfa. [...] Quand la partie de bridge prit fin et que le prince vint jeter un coup d’oeil au Ritz, Thomas Hudson l’invita à boire du champagne avant d’aller se coucher et il éprouva plus que jamais de l’affection pour le prince et il sentit un puissant lien de parenté entre eux.

Traduit de l’américain.
1970
OEuvre posthume
Correspondance
A Charles Scribner
La Finca Vigia, 25-26 août 1948
Je pense qu’au lieu de pêcher nous allons emportes quatre bouteilles de champagne et aller à l’une de ces auberges où les riches du lieu emmènent leurs maîtresses, et boire le champagne et baiser et écouter la radio et lire les numéros accumulés du New York Times. C’est une belle vie Charles si l’on peut la mener et si l’on s’en contente.
A Marlène Dietrich
La Finca Vigia, 26 septembre 1949
Peut-être pourrais-je faire monter une ou deux bouteilles de quelque chose Brut le matin et vous pourriez m’aider à me raser
A Bernard Berenson
La Finca Vigia, 20-22 mars 1953

Le seul vin cher que je boive c’est un bon champagne brut. Le champagne et du vraiment bon caviar sont les seules choses que je connaisse qui coûtent cher et valent ce qu’elles coûtent. Je veux dire des choses périssables.

Traduit de 1 américain.