En 1907, en Indochine.
LES ASIATES - V
LA NUIT INDOCHINOISE
La nuit est chaude et grasse. Françoise va vers la fenêtre ouverte. Dans le jardin, l’arbre dont elle a oublié le nom laisse pendre, en ombres chinoises, ses feuilles molles et fripées.
Elle le regarde longuement. [...] L’arbre tout entier devient un monstre trapu. [...] Françoise ferme ses paupières en mordant sa lèvre inférieure. Quand elle relève la tête, l’arbre est redevenu un arbre. [...] Elle pense : « Je n’aurais pas dû boire tout ce champagne », bien qu’elle sache que ce n’est pas à cause du champagne que l’arbre devient un monstre. [...] Françoise porte ses doigts à ses lèvres, que l’ivresse légère a rendu insensibles et comme gonflées. Quatre, cinq coupes de champagne. Du champagne sucré, comme elle l’aimait.
1954