UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Violette Leduc

Littérature générale (1964)

LA BÂTARDE

Violette, la narratrice, et Hermine vivent une idylle saphique. Violette voulant s’embellir, Hermine la dote d’une garde-robe luxueuse. Il en résulte qu’elle se fait accoster dans la rue. Hermine l’interroge

- Où t’es-tu promenée ? - Sur les boulevards. [...] Tu ne connais pas les hommes. - J’imagine ce qu’ils disent, ce qu’ils exigent. [...] Elle a sorti une bouteille de Mumm, une boîte d’asperges, une boîte de saumon. [...] - Parle-moi des regards que tu as eus ? On se retournait ? dit-elle après une première gorgée de champagne. [...] Comment par les adolescents ? Quel genre ? [...] J’ai vidé un verre de champagne. Pour mieux les voir.

Ann
Au Ritz, où les deux amies ont été invitées au bar par un vieux beau.

Une jeune femme de chambre nous a introduites dans un petit salon. - Qu’est-ce que nous faisons ici ? a dit Hermine. Ce n’est pas un bar. - Vous n’êtes pas une enfant, mademoiselle. Asseyez-vous. On apporte le champagne frappé. [...]

- Partons, a dit Hermine. Je paierai la bouteille de champagne. [...]

- Espèce de trouble-fête, ai-je dit dans un sifflement. Qu’est-ce que tu peux reprocher à Monsieur ? Tu as peur de tout.

- Je vois que vous êtes compréhensive, m’a dit l’homme.

- Biniou, c’est toi qui parles ainsi ? Tu te plais ici ? Le champagne est

sucré.

- Le champagne est sec, Hermine !

- Il est chaud.

- Le champagne est glacé, Hermine.

- J’aime à vous voir vous dresser toutes les deux, a dit l’homme. Nous progressons, nous progressons...

Il a croisé les jambes ; pour lui, le spectacle commençait.

Hermine a ôté son chapeau

- Soit. Je ne m’en irai pas puisque tu ne veux pas partir.

Elle a rempli les coupes.

La scène continue dans la chambre attenante au salon.

II est revenu avec une autre bouteille de champagne.

L’alcool ce jour-là me transformait en fauve. [...] Couchée sur le ventre, Hermine m’attendait. J’ai jeté le drap, j’ai oublié l’inconnu, j’ai oublié Hermine pour mieux l’adorer après l’avoir sacrifiée. [...] La main décharnée me donnait une coupe de champagne lorsque je ruisselais.
1964